SYNOPSIS : Milo, un trafiquant de drogue d’origine serbe qui opère à Copenhague, tente de se désintoxiquer. Il s’est inscrit à une psychothérapie de groupe. Rien de professionnel pour autant. Il n’en continue pas moins ses trafics. Alors qu’il fête l’anniversaire de sa fille, et reçoit une quarantaine de convives, il prend livraison de pilules d’ecstasy, alors qu’il attendait son héroïne habituelle.

La différence entre cette trilogie et les nombreuses suites tirées de films américains à succès réside dans le fait que, malgré les neuf ans de réalisation, les trois films dégagent tous la même atmosphère. Il n’y a pas de violence exagérée ou encore une suite qui doit absolument être plus longue. Au contraire, le réalisateur possède la maîtrise et la patience nécessaires pour laisser ces personnages contrôler le scénario. Nicolas Winding Refn est déjà de retour aux manettes pour conclure avec brio sa trilogie, en effet on se retrouve donc seulement 1 an après la sortie de Pusher 2 (8 ans avaient séparé les deux premiers). Reprenant la même formule il nous entraîne à chaque fois avec un nouveau gangster issu du milieu criminel de Copenhague, tout en faisant monter la pression pour voir ce qu’ils peuvent supporter.

Dans le premier c’était le trafiquant de drogue Frank (Kim Bodnia) qui se battait pour payer une dette, tandis que dans le deuxième c’était son ami Tonny (Mads Mikkelsen) qui s’occupait de gâcher sa vie en ratant mission après mission. Ici nous suivons le baron de la drogue serbe Milo (Zlatko Buric), aperçu dans le premier volet. On le retrouve vieillissant qui lutte contre son addiction à la drogue et assiste à une réunion des Narcotiques Anonymes le matin du 25e anniversaire de sa fille Milena (Marinela Dekic) pour lequel il doit préparer un festin, ce qui le met sous pression. Pour couronner le tout, une cargaison d’ecstasy arrive à la place de l’héroïne. Entre l’anniversaire de sa fille et un trafic de drogue qui tourne mal, il se retrouve aux mains d’hommes dangereux et doit trouver une issue.

Le film montre comment le mauvais karma de Milo le laisse prisonnier de la vie maléfique qu’il s’est forgée, sans autre issue que de devenir un baron de la drogue plus efficace ou d’être repris par une jeune génération de voyous irrespectueux. On ne retrouve pas ici la représentation hollywoodienne habituelle du style de vie glamour des barons de la drogue, ici, pas de voitures de sport, de grandes maisons (même les armes brillent par leur absence). On y découvre plutôt un parrain, un peu peureux, craintif, inquiet de perdre son échelon dans la pègre, tout en menant une existence confortable de classe moyenne, constamment menacée par des forces qu’il ne peut contrôler. Comme dans chaque film Pusher, le personnage principal est un être humain imparfait, et cette faiblesse est sa ruine. A chaque fois le film se termine par une profonde incertitude : lorsque Milo rentre après avoir passé une nuit d’enfer, il sait que ses actes ne peuvent avoir que des conséquences terribles, mais pour l’instant, à l’aube, tout est étrangement calme…

La trilogie présente une progression naturelle dans ses thèmes, ici les femmes n’ont pas un rôle de simple épouse ou de prostituée. Le personnage le plus fort, c’est une femme qui ne se laisse pas faire, en la personne de Milena, elle obtient ce qu’elle veut et beaucoup semblent la craindre bien plus que son père.

Du côté de la réalisation et des effets visuels, c’est encore impeccable. Mais les choses ont quelque peu évoluées, on retrouve la noirceur du premier volet, avec des teintes sombres, un manque de couleurs et surtout une ambiance sonore oppressante. Toujours sa caméra à l’épaule Nicolas Winding Refn attend l’inévitable effondrement, la descente aux enfer de son protagoniste. C’est la clé de sa réussite, il pousse ses personnages à bout, il expose la peur et la tristesse au cœur de leur vie de gangster. Avec (encore) un portrait psychologique brutalement violent, le réalisateur clôt (définitivement ?) sa trilogie avec brio.

Titre Original: PUSHER III