SYNOPSIS : Le Premier ministre britannique Sam Clarke et le président américain Will Derringer entretiennent une rivalité très publique et peu amicale qui met en péril la « relation spéciale » de leurs pays. Mais lorsqu’ils deviennent la cible d’un ennemi étranger puissant et impitoyable, qui s’avère plus redoutable que les forces de sécurité des deux dirigeants, ils sont contraints de s’en remettre aux deux seules personnes en qui ils peuvent avoir confiance : l’un et l’autre. Finalement alliés à la brillante agente du MI6 Noel Bisset, ils doivent s’enfuir et trouver un moyen de travailler ensemble suffisamment longtemps pour déjouer une conspiration mondiale qui menace le monde libre tout entier.

C’est le nouveau gros bras de la plateforme Prime Vidéo, s’armant du savoir-faire du réalisateur Ilya Naishuller (Hardcore Henry et Nobody) pour coller un duo John Cena/Idris Elba dans une aventure riche en pétarades et en pyrotechnie : Heads of State se pose comme la proposition ambitieuse de cet été pour la plateforme de Jeff Bezos. Le film suit Will Derringer (John Cena en Président des Etats-Unis d’Amérique, une star des films d’action un peu béta mais à la popularité exponentielle) et Sam Clarke (Idris Elba en Premier Ministre Britannique taciturne et réfléchi) amenés de façon inattendue à collaborer pour leur survie lorsqu’un complot mondial cherche à les éliminer. Heads of State raccroche avec les classiques intemporels du buddy movie aux protagonistes opposés, citant pêlemêle L’Arme Fatale ou Bad Boys, mais décuplant son échelle en donnant les rôles centraux à deux chefs d’États entêtés qui se découvrent étrangement des dons de survie extraordinaires. On passera sur le réalisme de cette approche : le scénario de Josh Appelbaum, André Nemec et Harrison Query est un concentré de n’importe quoi qui assume sa bêtise pour faire profiter du sens de l’action de son réalisateur. Mais malgré les quelques fulgurances habituelles de Naishuller qui maîtrise décidément parfaitement les fusillades, bastons et autres hausses de charisme, Heads of State passe à côté d’un actioner mémorable en s’invitant dans la liste longue comme le bras des propositions poussives du genre qui peinent à se trouver une identité.

Et pourtant, le casting s’en donne à cœur joie, chacun et chacune s’offrant des personnages qu’ils connaissent bien : John Cena en machine virile qui découvre sa profondeur (ça nous fait surtout penser que l’imminente saison 2 de Peacemaker arrive très bientôt), Idris Elba en vétéran ingénieux aux punchlines rabaissantes enflammées, Priyanka Chopra en agente surentraînée et love interest passager et une super séquence offerte à Jack Quaid en loser pas si nul derrière les apparences.

Comme si tout le monde restait dans sa zone de confort, tous nos protagonistes semblent sortis d’autres films et servent un scénario parfaitement plat purement prétexte à l’éclate. Son sombre complot visant à détruire l’OTAN manque vraiment de crédibilité, le film se concentrant sur le parcours de ses deux personnages principaux essayant de survivre envers et contre tous aux quatre coins du monde plutôt que de faire une étude politique internationale – ce qu’on peut évidemment comprendre, mais qui semble se retourner contre lui tant toutes les idées narratives du film restent au stade de l’ébauche colossalement simpliste.

Malgré l’alchimie évidente de son casting et la volonté affichée du film de fournir un divertissement efficace sans prise de tête, Heads of State s’avère malheureusement somme toute moyen, parfois plaisant parfois médiocre, et c’est d’autant plus dommage tant tout est appréciable au sein de cette recette qui vise de façon nostalgique les buddy movies policiers potaches qui balancent de la comédie désopilante au milieu d’une action décoiffante. Avec cette proposition en demi-teinte, jamais navrante mais un peu inintéressante, Naishuller signe un film qui manque d’une vraie patte artistique, se laissant tomber dans certains clichés évitables (un personnage que tout le monde pense mort vient sauver la mise au dernier moment, et on en passe de nombreux autres) au lieu de tenter de sortir du lot une bonne fois pour toute. En résulte un actioner excellemment moyen, une pétarade un peu bête qui se montre parfois euphorisante et souvent prévisible, un bac à sable pour comédiens cools qui aurait vraiment gagné à être bien plus que ça.

Titre Original: HEADS OF STATE

Réalisé par: Ilya Naishuller