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SYNOPSIS : Dans un royaume où la beauté règne en maître, la jeune Elvira doit faire face à une redoutable concurrence pour espérer conquérir le cœur du prince. Parmi les nombreuses prétendantes, se trouve notamment sa demi-sœur, à l’insolente beauté. Pour parvenir à ses fins dans cette impitoyable course au physique parfait, Elvira devra recourir aux méthodes les plus extrêmes…
Avec The Ugly Stepsister, la réalisatrice norvégienne Émilie Blichfeldt signe un premier long-métrage radical et dérangeant, qui ne laissera personne indifférent. Inspiré librement du conte de Cendrillon, Blichfeldt ne s’attarde pas sur la douce héroïne à la pantoufle de verre, au contraire, elle déplace brillamment le regard pour le fixer sur l’un des personnages traditionnellement relégués au second plan : la demi-sœur jalouse. C’est Elvira, interprétée avec intensité par Lea Myren, qui devient le cœur palpitant, et lentement décharné, d’un body horror à la fois sublime, grotesque et profondément politique. Dans la lignée de films comme The Substance ou d’œuvres viscérales de David Cronenberg, The Ugly Stepsister s’impose dès sa sortie comme une proposition cinématographique forte, esthétiquement audacieuse et émotionnellement éprouvante. Le film détourne le mythe du conte de fées pour en faire une critique glaçante des normes esthétiques, des injonctions faites au corps féminin, et des sacrifices qu’elles exigent. En laissant Cendrillon en arrière-plan, littéralement un personnage secondaire dans cette réécriture, Blichfeldt redonne une voix à celle que le conte a toujours caricaturée. Elvira, loin d’être simplement « la méchante », est ici une jeune femme naïve, constamment rabaissée y compris par sa prof de danse, et donc obsédée par l’idée d’être belle, aimée, choisie.

Sur les conseils troubles d’une connaissance opportunément bienveillante, mais dont les intentions restent ambiguës, Elvira décide d’avaler un œuf de ver solitaire pour maigrir rapidement, amorçant ainsi une descente lente et inévitable dans l’horreur corporelle et mentale. Ce choix, absurde en apparence, devient la métaphore centrale du film : celle de l’autodestruction féminine dans un monde qui valorise l’apparence au détriment de l’intégrité. Le film ne se contente pas de dénoncer, il incarne physiquement cette transformation, avec une rigueur clinique et une esthétique dérangeante. Chaque étape de la dégradation d’Elvira, perte de poids, douleurs physiques, aliénation progressive, est filmée avec une précision et un sens du malaise qui évoque les grandes heures du cinéma de l’horreur corporelle. Blichfeldt parvient à faire de la métamorphose d’Elvira une tragédie contemporaine, où le sacrifice du corps devient le prix à payer pour un rêve socialement construit, celui d’être « assez belle » pour mériter « l’amour » du Prince.

L’une des grandes réussites de The Ugly Stepsister réside dans sa mise en scène virtuose et audacieuse. Pour un premier film, Émilie Blichfeldt fait preuve d’une maîtrise visuelle impressionnante. Les effets spéciaux, maquillages et trucages corporels sont tout simplement exemplaires, ils accompagnent de manière organique l’évolution d’Elvira, dont le corps devient terrain d’expérimentation morbide. À l’instar de The Substance de Coralie Fargeat, le film n’hésite pas à aller loin dans le gore et la cruauté graphique, sans jamais tomber dans la gratuité. Chaque transformation est significative, chaque effondrement du corps reflète un effondrement intérieur. Grâce à une interprétation forte de Lea Myren, Elvira reste toujours profondément humaine, même dans ses excès les plus monstrueux. Myren incarne avec nuance cette jeune femme prête à tout pour exister dans le regard des autres, quitte à se dissoudre, littéralement, pour atteindre un idéal imposé. Le film parvient ainsi à marier une esthétique gore affirmée avec une sensibilité psychologique très fine, créant un contraste pertinent entre horreur viscérale et drame intime. Ce double registre rend le film d’autant plus passionnant.

Avec The Ugly Stepsister, Émilie Blichfeldt réinvente donc le conte de fées. Au-delà de ses qualités esthétiques, The Ugly Stepsister offre à un personnage souvent caricaturé une profondeur tragique, et à ses spectateurs une expérience sensorielle et émotionnelle intense. Il ne fait aucun doute que ce film comptera dans l’année 2025, non seulement pour sa radicalité, mais aussi pour ce qu’il annonce : l’émergence d’une réalisatrice à suivre de très près.

Titre Original: DEN STYGGE STESOSTEREN
Réalisé par : Emilie Blichfeldt
Casting : Lea Myren, Thea Sofie Loch Næss, Ane Dahl Torp…
Genre: Comédie, Epouvante-Horreur
Sortie le: 2 juillet 2025
Distribué par: ESC Films
EXCELLENT
Catégories :Critiques Cinéma, Les années 2020








































































































































