SYNOPSIS : Suite à la disparition soudaine de sa voisine de chambre, un ancien agent secret, reclus dans un palace de la Côte d’Azur, s’imagine que ses ennemis jurés refont surface. Surtout la redoutable Serpentik, qu’il n’a jamais réussi à démasquer. Oscillant entre présent et passé, il remonte le film de sa vie, au risque de découvrir qu’il n’y tenait pas forcément le meilleur rôle. Et que les diamants sont loin d’être éternels… 

Nouvelle exploration du duo belge Hélène Cattet/Bruno Forzani, ce Reflet dans un Diamant Mort navigue cette fois sur les gimmicks caractéristiques du genre Eurospy (la tentative européenne de surfer sur les succès des sagas populaires d’espionnage américaines à la James Bond et consorts). Les réalisateurs d’Amer, L’Etrange Couleur des Larmes de ton Corps et Laissez Bronzer les Cadavres raccrochent avec leurs ambitions post-modernes, leur univers esthétique ultra-codifié et leur cinéphilie notoire, le long d’un récit tortueux filmé dans les interstices des reflets d’un diamant brillant de tout son éclat sur une plage de la Côte d’Azur.

Reflet dans un Diamant Mort commence par la fin. Un espion au costume sur-mesure vient d’arrêter un complot et sort victorieux de sa mission. Le générique de fin se lance – et déclenche avec lui le début du film, comme une plongée de l’autre côté du mythe et derrière l’écran. Façon revisite cinéphile des codes du récit d’espionnage, faisant tourner la figure charismatique de Yannick Rénier grimé en simili-James Bond, Cattet et Forzani retrouvent les marqueurs que l’on connaît désormais à leur cinéma, à mi-chemin entre le giallo ultracoloré et l’onirisme radical d’un cinéma bis qui cherche à prendre tout l’écran plutôt que de se mettre en marge d’un système. Mais Reflet dans un Diamant Mort se heurte à ses trop nombreuses ambitions, posant un univers visuel et sonore tellement pachydermique que l’on a bien du mal à déceler la portée thématique et émotionnelle du récit conté sous les paillettes et les super-méchants.

On comprend pourtant dès l’ouverture du film qu’il ne faudra pas chercher de sens classique dans ce Diamant Mort : entre rêve et réalité, entre fiction débordante et réel caniculaire, Cattet et Forzani découpent une proposition esthétique fascinante, une expérience sensorielle précieuse racontée par la photographie débordante de Manuel Dacosse et le montage ciselé redoutable de Bernard Beets. On y suit un certain John D., désormais retraité client d’un hôtel luxueux de la Côté d’Azur, mais surtout ancien agent secret à succès. Alors que l’une de ses voisines de chambre disparaît, ce sont des souvenirs de son passé qui viennent l’assaillir de façon trouble, le replongeant face à son ennemie jurée : la terrible Serpentik dont il n’a jamais vu le visage…

Le kaléidoscope qui en découle, à la fois déroutant et passionnant d’imagerie cinématographique, se délie petit à petit à cause d’un rythme narratif souvent trop haché et d’un manque de distance émotionnelle qui empêche parfois de complètement s’immerger dans ce Diamant Mort. Son univers BD-esque redoutable, ses méchants aux costumes et aux pouvoirs saillants, ses reflets vivaces qui bombardent non-stop à travers les missions de son protagoniste : Reflet dans un Diamant Mort jongle avec trop de balles dans ses mains pour entièrement convaincre de sa portée, comme si ses ambitions cinéphiles lui permettaient simplement de se renfermer sur lui-même et donc d’empêcher quoi que ce soit d’y rentrer ou d’en sortir trop viscéralement. Son trip onirique et symbolique, par essence fascinant, s’avère circonvolu dans une peinture maniérée des genres dont il s’inspire. L’expérience est précieuse et à vivre absolument, le film dans son ensemble dilue tellement son propos derrière ses ambitions qu’on finit noyé dans les reflets d’un formalisme tristement vain.

Titre Original: REFLETS DANS UN DIAMANT MORT

Réalisé par: Hélène Cattet, Bruno Forzani

Casting : Fabio Testi, Yannick Renier, Koen De Bouw …