Critique Blu-Ray

IN BED WITH MADONNA (Critique Blu-Ray)



Madonna n’a pas été la première pop star à inviter les caméras en coulisses, ni la dernière, car depuis on a pu découvrir Beyoncé (Life is But a Dream), Lady Gaga (Five Foot Two), Katy Perry (Part of Me) ou encore plus récemment le documentaire Netflix sur Taylor Swift. Mais à sa sortie le film a reçu des critiques positives et a surtout rapporté 29 millions de dollars (ce qui en a fait le documentaire le plus rentable de tous les temps jusqu’à ce qu’il soit surpassé en 2002 par Bowling for Columbine). Plus de 30 ans se sont écoulés depuis la sortie limitée du film In bed with Madonna, le 10 mai 1991, où l’on suit Madonna dans sa légendaire tournée mondiale Blond Ambition Tour de quatre mois et 57 concerts réparti sur 3 continents. Accompagnée de sept danseurs, deux choristes, un groupe de huit musiciens et un décor monumental, coûtant environ 2 millions de dollars, chaque chanson possède son propre décor et ses costumes (créés par le créateur de mode Jean-Paul Gaultier), il s’agissait alors d’une tournée phénoménale. La chanteuse était au sommet avec le succès de son album multi-platine Like a Prayer (1989). Ce film réalisé par Alek Keshishian, devait initialement être conçu, plus simplement, comme un documentaire de concert, capturant ce qui était déjà assez chorégraphié avec soin, mais il n’a pas fallu longtemps au cinéaste pour comprendre que les coulisses étaient tout aussi divertissants que ce qui se passait sur scène. Le réalisateur a rassemblé plus de 200 heures d’images qui seraient finalement montées pour devenir In bed with Madonna (Madonna : Truth or Dare en version originale).

Aujourd’hui, rien de tout cela ne parait révolutionnaire à une génération nourrie par la télé-réalité ou encore les réseaux sociaux. A l’heure où il n’est plus question pour les célébrités de se forger une vie privée hors caméra, beaucoup font le choix de tout livrer, c’est désormais une clause standard du contrat de la célébrité. A contrario, en 1991, les stars de l’envergure de Madonna étaient prisées pour leur mystère distant, et non pour leur familiarité. C’est la vulnérabilité qui est mise en avant, et non une confiance en soi fougueuse, intouchable et égocentrique, ce qui en dit long sur l’évolution de la relation idéale entre célébrité et fan au cours de ces 30 dernières années.

Comme évoqué plus haut, le véritable cœur du film n’est pas le concert en lui-même mais bien les coulisses et le travail qui en découle, les passages musicaux sur scène, bien que superbement réalisés, semblent obligatoires mais ce n’est pas la raison pour laquelle elle a voulu faire ce film. La plupart des célébrités présentent au public une image soigneusement calculée et savamment orchestrée. Madonna en fait (peut-être) partie, néanmoins elle laisse les caméras nous montrer l’envers du décor. On en apprend beaucoup sur ses méthodes et son ardeur au travail avec les danseurs et son équipe en coulisses, ainsi que sur la difficulté extrême d’une tournée mondiale. La caméra offre un prétexte omniprésent à la performance, une occasion de transformer chaque interaction. Même dans ses moments ostensiblement privés, Madonna joue habilement avec la caméra, chaque incarnation étant amplifiée par la coiffure, le maquillage et les costumes. Les aperçus de la star au repos, se détendant avec son entourage et sa famille semble également révélateurs. Parmi les meilleurs moments, on retrouve ces interactions avec d’autres grands noms comme Kevin Costner, Al Pacino et bien sûr Warren Beatty (son petit ami de l’époque).


On apprend également que Madonna a eu des difficultés à faire accepter son show dans certains pays. Vêtue pendant la majeure partie du spectacle d’un corset emblématique signé Jean Paul Gaultier, elle exprimait une puissance sexuelle imposante depuis la scène, exécutant des chorégraphies incluant des attrapages d’entrejambe et des flexions érotiques sur ses danseurs légèrement vêtus. L’idée qu’une artiste interprète un contenu aussi ostensiblement sexuel s’est avérée si menaçante pour les autorités locales de Toronto et de Rome, qu’ils ont menacé d’arrêter la chanteuse pour obscénité. Madonna, toujours provocatrice, s’en ai réjoui rien qu’à l’idée de finir menottée. Elle refusa de reculer ou de modifier son spectacle, et le concert se déroula sans accroc. L’ambition et l’esthétique de cette tournée restent inédites. Et c’est dans ce contexte qu’Alek Keshishian nous offre un film documentaire impressionnant, aux couleurs riches qui nous permet de dialoguer avec les coulisses du spectacle et bien entendu de Madonna.

Détail des suppléments : 

Titre Original: MADONNA : TRUTH OR DARE

Réalisé par : Alek Keshishian

Casting :  Madonna, Antonio Banderas, Warren Beatty …

Genre: Documentaire, musical

Sortie le: 15 mai 1991

Disponible en Combo Blu-Ray / DVD et édition Collector Fnac chez Bubbelpop le 14 mai 2025

EXCELLENT

 

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