Critique Blu-Ray

LE TERRORISTE (Critique Blu-Ray)

SYNOPSIS :  Venise, Hiver 1943. La Résistance italienne prépare un attentat contre le siège de la Kommandantur allemande. Un homme surnommé l’Ingénieur y joue un rôle déterminant. L’explosion est meurtrière, mais n’atteint pas les cibles désirées. Les autorités menacent de fusiller des otages si l’Ingénieur ne leur est pas livré.

À la fin des années 1950, le processus de rééquilibrage des pouvoirs et des alliances s’amorce dans le paysage politique italien, ce qui donnera naissance à une forte reprise de la production industrielle dans le pays, notamment dans les studios de cinéma où le climat est encore celui de la Guerre froide : les partisans et les résistants évitent de mettre en scène le thème de la résistance pour prévenir d’éventuelles censures politiques. Il vaut mieux raconter autre chose. Cependant, lors du 20ème Festival de Venise en 1959, Le Général Della Rovere (Roberto Rossellini) remporte le Lion d’or, ex æquo avec La grande guerre (Mario Monicelli), où le courage antifasciste semble prévaloir. Le succès du film de Rossellini fut un signal pour les producteurs de films, une nouvelle vague plus profonde était née. Par la suite, l’un des films qui a changé le cinéma de résistance en 1963 c’est bien entendu Le Terroriste du réalisateur Gianfranco De Bosio. C’est un sujet qu’il maitrise très bien, puisqu’avant d’être réalisateur il a pris part à la seconde guerre mondiale, été capturé puis s’est évadé, pour devenir une figure de la résistance au sein du Comité de Libération Nationale (CLN). Il montre ici la nature de la confrontation entre les partis antifascistes et l’intolérance politique envers les groupes perturbateurs.

L’histoire prend donc place pendant la seconde Guerre mondiale durant l’hiver 1943, au début de la résistance armée, alors que le GAP et le CLN se structurent dans une ville de Venise républicaine occupée par les nazis-fascistes. L’ingénieur Renato Braschi (Gian Maria Volonté) est à la tête d’un petit groupe dédié aux actions démonstratives, qui génère des divergences et des discussions au sein des différentes âmes du CLN de la ville. Le CLN local regroupe tous les partis antifascistes : libéraux, démocrates, chrétiens, communistes et socialistes. Braschi s’inspire, de l’aveu même du réalisateur, de la vie de l’ingénieur d’Otello Pighin dont la philosophie était « une attaque par jour pour ne laisser aucun répit à l’ennemi » et pour rappeler constamment aux nazis-fascistes qu’ils n’étaient pas aimés mais détestés. Les initiatives du groupe ont cependant mis le Comité de libération en difficulté, en raison de son utilisation de l’action directe par le biais d’explosifs, ces représailles envers les nazis ont également frappé la population vénitienne. Le CLN est déchiré en interne sur la marche à suivre, car Braschi se situe en dehors de la logique politique, il est sceptique quant à l’avenir et la possibilité d’une liberté authentique. C’est un « terroriste », et pas un héros : il n’a aucune prudence, il ne s’inquiète pas d’éventuelles représailles.

Le ton qui imprègne le film est gris, hivernal et marqué par une profonde solitude. Venise est devenu marginale vide et bruineuse. Un profond sentiment de vide règne, comme si les partisans se déplaçaient dans une zone morte. Gianfranco De Bosio nous montre des moments de tension narrative, puis lorsque le film s’éloigne des dialogues verbeux, il s’appuie sur de longues séquences marquées par l’absence de voix et de musique d’accompagnement, tout en insistant sur les bruits et les environnements. Il tient un discours précis et défini, qui se divise en deux volets : le risque d’un retour du fascisme, rendu plus qu’explicite dans le dialogue entre l’Ingénieur et sa femme, et la conséquence tragique perpétrée par la politique contre la révolution. Sa mise en scène montre un conflit typique de tout moment révolutionnaire, sans y prendre réellement part. Au sein d’un récit apparemment blindé, le réalisateur insinue constamment le doute. Le protagoniste, Braschi incarne la froideur du révolutionnaire, insensible à la souffrance de la population il comprend néanmoins la situation tragique, à laquelle il faut faire face avec conséquence. Et malgré le réalisme, si solide au départ, le scénario est miné par les besoins de l’action en réponse aux fascistes et aux nazis.

Le Terroriste apparaît comme un drame de résistance déséquilibré mais qui conserve une sagesse expressive dont le succès commercial du film fut plutôt modeste : il rapporta un peu plus de quarante millions de lires, ce qui est très peu pour le box-office en 1963. 62 ans après sa sortie en salles, il est désormais de retour dans une version restaurée en 4K.

Détail des suppléments :

Titre Original: IL TERRORISTA

Réalisé par : Gianfranco De Bosio

Casting :  Gian Maria Volontè, Philippe Leroy, Anouk Aimée …

Genre: Drame, Guerre

Sortie le: 27 mai 1965

Disponible en Combo Blu-Ray / DVD chez Rimini Editions le 4 juin 2025

Distribué par: –

TRÈS BIEN

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