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SYNOPSIS : Décembre 1983, Pantages Theatre à Hollywood. David Byrne, leader des Talking Heads, s’avance sur une scène vide, lance une cassette audio et entame une version envoûtante du célèbre Psycho Killer. Les membres du groupe arrivent sur scène un par un, à chaque nouvelle chanson, pour créer l’un des concerts les plus mythiques de l’histoire du rock.
Évènement rock de l’année passée, célébration des 40 ans de l’un des concerts les plus mythiques jamais filmés, le Stop Making Sense des Talking Heads par Jonathan Demme s’est refait une petite beauté en 4k sous la tutelle du distributeur indé américain A24. Le show débarque enfin sur nos écrans français, l’occasion de (re)découvrir ce bijou hors du temps qui a incarné durant les dernières décennies le pinacle de la scène rock des 70/80s.

Tout commence par une scène vide. Pas d’artifice, des étagères présentent du matériel technique, la lumière est grande allumée, mais plus important : il n’y a ni instrument ni musicien. Puis entre David Byrne, un ample costume gris sur le dos, un lecteur de cassette et une guitare en main. Le show débute dans l’épure avec le morceau le plus populaire du groupe, le fameux Psycho Killer. Et, dans une étrange valse, guidée par la réalisation hypnotisante d’un Jonathan Demme en début de carrière (il n’est pas encore le metteur en scène du Silence des Agneaux et de Philadelphia), les membres du groupe vont rejoindre, un à un, Byrne sur scène. D’abord, la bassiste Tina Weymouth sur Heaven, puis le batteur Chris Frantz sur Thank you for sending me an Angel, et le quatuor est enfin au complet avec l’arrivée du guitariste et claviériste Jerry Harrison sur Found a Job. Le rythme est entraînant, parfaitement entêtant, raconté par l’énergie cathartique de sa tête de scène car dès son apparition, Byrne vole le centre de l’image. Ses yeux grands ouverts, son énergie foutraque, ses chorégraphies euphorisantes : le chanteur tape du pied frénétiquement et laisse parler l’essentiel de sa musique pendant cette heure et demie qui passe en un rien de temps.

Accompagnés par leurs musiciens qui, à leur tour, emplissent la scène pour investir encore plus d’énergie créative (nos nouveaux personnages sont Steve Scales aux percussions, Ednah Holt et Lynn Mabry aux chœurs, Bernie Worell aux claviers et Alex Weir à la guitare), les Talking Heads racontent, avec l’épure d’une proposition artistique désintéressée par le spectaculaire gratuit d’une scénographie tape-à-l’œil, le potentiel massif de l’échange culturel au sein même de l’art musicale. Sur scène, les musiciens interagissent ensemble : ils composent en harmonie, tapent les mêmes pas de danse, imitent leurs mimiques respectives, laissent chacun et chacune briller au moins un instant le temps d’un solo qui exposent leurs talents. La réalisation de Jonathan Demme, loin de vouloir faire une simple captation formelle à 20 caméras et évitant soigneusement d’en faire un objet prétentieux gavé de tics cinématographiques, permet à Stop Making Sense de libérer toute son énergie foutraque et son économie brillante au service d’une simple expérience fondatrice, une valse rock qui emprunte aux codes de la funk, de la pop et du punk pour raconter l’identité unique de ses artistes.

Stop Making Sense est un objet formel fascinant, un opéra bizarre et euphorique qui se déchaîne sur une scène dépouillée qui s’emplit de plus en plus, une progression évolutive brillante qui secoue les codes du film de concert pour réinventer ses propres contours. Le tout, guidé par l’aura spectaculaire d’un David Byrne enflammé, halluciné, embarquant un costume beaucoup trop grand pour lui afin d’ensorceler ce Pentages Theatre d’Hollywood où le show a été filmé. Et 40 ans plus tard, si cette expérience est toujours d’actualité, elle est surtout à découvrir ou à redécouvrir d’urgence en 4K sur nos écrans !

Titre Original: STOP MAKING SENSE
Réalisé par: Jonathan Demme
Casting : Bernie Worrell, Alex Weir, David Byrne…
Genre: Concert, Documentaire
Sortie le : 28 août 1985
Reprise le : 18 juin 2025
Distribué par: Program Store
CHEF-D’ŒUVRE
Catégories :Critiques Cinéma, Les années 80








































































































































