![]()

SYNOPSIS : Cinq années se sont écoulées depuis que Guilhem a décidé de vivre avec son père. Après une phase difficile, Louison file à présent le parfait amour avec Marica, sa nouvelle compagne. Elles s’apprêtent à concrétiser leur projet de vie commune : construire une maison autonome. Mais, soudain, Guilhem sonne à leur porte… avec ses valises. Il revient habiter chez sa mère, et Louison est aux anges. Lorsqu’elle apprend le projet de Guilhem d’intégrer un programme pour s’installer sur Mars, elle déraille : maintenant qu’elle a retrouvé son fils, il est hors de question qu’elle le laisse partir, surtout sur Mars.
Il y a un peu plus de deux ans, Aspergirl débarquait sur OCS avec une première saison modeste, portée par une idée rafraîchissante : explorer les enjeux du quotidien d’une mère autiste, Louison, interprétée par Nicole Ferroni, dans un format assez court, accessible et bienveillant. Si la série n’avait pas révolutionné le paysage audiovisuel français, elle avait toutefois trouvé, nous l’imaginons, un certain public, séduit par son ton léger, ses personnages attachants et son capital sympathie indéniable. Avec cette saison 2 non seulement la série revient, mais elle opère une ellipse de cinq ans dans le récit, un choix narratif audacieux qui n’était pas attendu, mais qui nous a rendu optimistes.

Le changement est notable dès les premières minutes : le personnage de Guilhem, autrefois campé par Carel Brown, est désormais interprété par Arthur de Crépy, marquant un recast significatif. D’autres figures disparaissent tout simplement, à commencer par Reza (Mustapha Abourachid), dont la présence n’aurait il est vrai pas été utile à cette suite. Ce grand ménage semble vouloir ouvrir une nouvelle page, comme pour offrir un second souffle à une œuvre qui, jusque-là, tenait plus de la jolie esquisse que du véritable projet narratif solide. Malheureusement, cette ambition de renouveau peine à convaincre et confirme que Aspergirl reste une série qui cherche encore sa vraie raison d’être.

Ce qui frappe d’abord dans cette saison 2, c’est la multiplication des pistes narratives. Guilhem revient donc chez sa mère après cinq années d’absence, avec un projet aussi extravagant que symbolique : partir vivre sur Mars à la fin de ses études. Un rêve qui semble surtout servir de prétexte à une série de situations absurdes, sans que cela ne fasse véritablement avancer le propos. Arthur de Crépy fait ce qu’il peut, mais son Guilhem reste une figure fonctionnelle, construite sur des stéréotypes plus que sur une vraie consistance émotionnelle. Autour de lui gravitent d’autres intrigues secondaires : des personnes handicapées qui souhaitent dénoncer le directeur de promo pour validisme, des animaux à trouver pour permettre de sauver un terrain sous prétexte d’en faire un lieu protégé, et même des disputes de couple entre Louison et sa compagne (Louise Massin, la fameuse Loulou de l’œuvre éponyme que nous avions également chroniquée). Des idées qui, prises isolément, pourraient être intéressantes (en fait, non), mais qui mises bout à bout forment un catalogue de préoccupations sociales maladroitement juxtaposées, plutôt qu’une véritable trame cohérente. Entre la compagne de Louison qui est particulièrement préoccupée par la consommation énergétique et le végétarisme ou encore ces personnages secondaires handicapés qui veulent faire les justiciers, tout est là sans ne vraiment trouver sa place et sans qu’on ne comprenne vraiment quel est le but de la démarche ou de la morale. Même Marc Fraize, dont la présence en directeur de la promo Mars semblait prometteuse, se retrouve bridé par un rôle sans relief. L’effet est celui d’un patchwork où chaque fil est tiré à moitié, sans jamais retomber sur ses pattes. Un peu comme si, à vouloir plaire à tout le monde, Aspergirl avait oublié de s’adresser vraiment à quelqu’un.

Malgré ces errements, difficile de détester franchement Aspergirl. Elle conserve cette douceur dans le ton, ce regard bienveillant sur ses personnages, cette envie de faire sourire sans être cynique. Nicole Ferroni reste touchante dans le rôle de Louison, même si elle semble enfermée dans une mécanique désormais trop rodée. Sa relation avec sa compagne apporte quelques moments de complicité, mais reste cantonnée à un arrière-plan décoratif et fonctionnel. Le format court de la série (environ 20 minutes par épisode mais souvent moins) permet au moins de ne pas s’ennuyer franchement, mais ce n’est pas non plus un gage de qualité. Ce qui manque cruellement, c’est une direction claire. L’humour est là, mais jamais assez incisif. Les situations sont mignonnes, mais rarement marquantes. La série donne l’impression d’avoir perdu le fil qui n’était déjà pas bien élucidé. Là où d’autres fictions, comme Jeune et Golri, qui avait elle aussi recasté un enfant phare entre deux saisons tout en revoyant complètement son écosystème, ont su transformer ces changements en une opportunité narrative forte, Aspergirl semble s’être contentée de les subir pour relancer une machine déjà arrivée en bout de course. Jeune et Golri avait su s’élever jusqu’à une apogée mémorable, malgré quelques ratés. Aspergirl, elle, reste clouée au sol, gentiment.

En définitive, cette saison 2 d’Aspergirl ressemble à une parenthèse de trop. L’ellipse de cinq ans, les changements de casting et les nouvelles intrigues laissaient espérer une relance audacieuse, voire salvatrice. Mais le résultat final, s’il conserve une certaine tendresse et une accessibilité tous publics, manque cruellement de consistance. Les enjeux sont flous, les récits anecdotiques, les personnages secondaires décoratifs. Ce n’est pas une catastrophe, mais ce n’est pas non plus une série dont on se souviendra. Le capital sympathie de la saison 1 avait permis de fermer les yeux sur certaines faiblesses. Cette fois, cela ne suffit plus. Aspergirl reste regardable, mais on ne peut s’empêcher de penser qu’elle aurait pu, et dû, viser plus haut, ou au moins plus juste.
Crédits : Ciné+ OCS Signature








































































































































