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SYNOPSIS : Deux frères, un avocat matérialiste et un chirurgien idéaliste, se retrouvent régulièrement avec leurs épouses pour dîner dans un restaurant chic de Séoul. Lorsqu’une affaire criminelle qui les implique explose sur la scène médiatique, leur sens de la morale va être mis à l’épreuve.
Le nouveau film de Hur Jin-ho démarre avec une immersion instantanée : une Maserati roule aléatoirement, slalomant dangereusement entre les voitures. Un père de famille intercepte le jeune conducteur à un feu rouge et descend pour le confronter. Perte de sang-froid et de patience, une batte de baseball plus tard, la Maserati recule et heurte l’homme à grande vitesse. Crash, point de non-retour, le film se détache alors de ces deux personnages pour arriver sur nos protagonistes. Deux frères, issus d’une famille aisée, ont chacun leur famille et leurs carrières respectives dans deux chemins différents. Jae-wan est un grand avocat fortuné, vivant avec sa nouvelle femme Ji-woo, sa jeune fille Hye-woon et un bébé qui vient d’arriver dans le foyer ; Jae-gyoo est Docteur dans un hôpital, marié avec Yeon-kyeong, père de Si-ho, un lycéen harcelé, et responsable de sa mère désormais dépendante. Jae-wan et Jae-gyoo ont tracé deux chemins différents, et s’opposent par leurs valeurs : le premier est matérialiste et ambitieux, le second est idéaliste et modeste. Les deux frères se retrouvent alors confrontés au sujet du « crash », car l’avocat est chargé de défendre l’accusé, et le docteur tente de sauver une victime collatérale de la collision. Mais, autour d’un dîner familial dans un restaurant chic, l’équilibre déjà précaire de la famille va voler en éclat quand un autre évènement remettra en question leurs valeurs respectives.

Thriller clinique, suspense calculateur, cellule familiale scindée, ombre de lutte des classes dans une Corée du Sud politiquement fragile : on remarque évidemment dans ce A Normal Family (titre ironiquement hilarant quand il peut aussi être lu « Anormal Family », une « famille anormale ») quelques ombres du cinéma grandiose de Bong Joon-ho, mais Hur Jin-ho signe surtout une expérience humaine savamment dosée sur le parcours de cette famille secouée de l’intérieur par une situation dévastatrice. En plaçant la complexité morale de cette affaire au centre de la toile (protéger sa famille ou suivre ses valeurs ?), composant une dualité excellente entre les deux pères de famille Jae-wan et Jae-gyoo (brillants Seol Kyeong-gu et Jang Dong-gun) et dessinant en orbite les présences formidables de leurs deux épouses (Kim Hee-ae et Claudia Kim s’octroient chacune des performances parfaites de maîtrise, et quelques pics d’émotions impressionnants), A Normal Family plonge dans les entrailles d’une série de dilemmes impossibles et dans les frictions qui se dressent au sein d’une famille tout sauf normale. Hur Jin-ho dessine une tragédie en bonne et due forme, qui prend son temps pour arriver aux retournements moraux de ses protagonistes dans la dernière partie – peut-être la plus intéressante – et dont on aurait probablement aimé voir plus tant l’arrivée du générique de fin semble couper trop brutalement les questions encore en suspens posées par le film.

A Normal Family saisit tout de même avec une redoutable efficacité la complexité de son récit – adapté du roman Le Dîner du néerlandais Herman Koch – grâce à la froideur d’une mise en scène à la fois clinique et millimétrée, laissant d’abord le luxe et le confort transparaître pour venir petit à petit faire craqueler le vernis et les apparences, traduisant les maux d’un poison discret qui se diffuse de génération en génération, désormais prêt à exploser. Tout est tragédie dans A Normal Family, drame sobre et cynique qui laisse apparaître la cruauté de la situation des façons les plus pernicieuses pour encore plus emballer l’essence glaçante de cette histoire.

Au final, c’est lorsque le spectateur se retrouve embarqué à son tour dans cette valse des questions morales qu’A Normal Family fonctionne le mieux. Pas si loin de Bong Joon-ho mais toujours dans sa propre identité, peut-être encore froid et trop déconnecté des victimes des crimes racontés pour être totalement pertinent, Hur Jin-ho signe une proposition solide et dérangeante 100% cinéma coréen dans ce qu’il a de plus saisissant, dont l’aspect tentaculaire en fait à la fois un objet fascinant mais aussi un scanner tortueux qu’on aurait aimé un peu plus profond.

Titre Original: BO-TONG-UI GA-JOG
Réalisé par : Jin-Ho Hur
Casting : Sul Kyung-gu, Jang Dong-gun, Hee-ae Kim …
Genre: Drame
Sortie le: 11 juin 2025
Distribué par: Diaphana distribution
TRÈS BIEN
Catégories :Critiques Cinéma









































































































































familles lâches, manipulations,pour » sauver » leurs enfants,des gamins de riches prêts à tout.. dans leurs logiques mortiferes, peu importe les crimes gratuits pourvu que la famille s’en sorte! Les enfants manipulateurs,comme les parents ,sans compassion pour les victimes,eux d’abord..
la fin un immense coup de poing dans l’estomac.
drama réussi, même si on a la nausée! Bravo à tous les excellents acteurs.et au réalisateur!