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SYNOPSIS : Londres, 1984: Maria, âgée de 7 ans, et sa mère vivent dans un monde bien à elles, tendre et singulier, tissé d’amour et de trésors amassés. Mais une nuit, tout bascule. Dix ans plus tard, Maria vit une vie paisible dans sa famille d’accueil quand un jeune homme plus âgé, Michael, fait irruption dans leur foyer, ravivant des blessures enfouies et brouillant la frontière entre magie et folie…
Il est rare de voir poindre sur nos écrans de nouvelles propositions aussi uniques, originales et décalées que ce premier film de la réalisatrice Luna Carmoon. Crasse (Hoard en VO) est un objet dérangeant à la forme volontairement floue, qui évoque à son démarrage la proximité de la caméra de Sean Baker dans son Florida Project (une mère et une fille qui tentent de vivre au milieu d’un chaos qui trouve sa beauté dans l’inattendu). Carmoon filme Maria, une jeune fille de 7 ans pas vraiment à l’aise dans le monde extérieur, et sa relation avec sa mère Cynthia. Dans leur maison, une quantité irréelle d’objets en tout genre sont entassés dans toutes les pièces. Maria enjambe des tas de bibelots, de saletés, de souvenirs, de photos de famille, pour passer d’un endroit à l’autre : Cynthia souffre d’une forme de Syndrome de Diogène et se montre instable psychologiquement, mais l’attachement qu’elle porte à sa fille transforme ce chaos intérieur en ce que les deux filles appellent « un catalogue éternel d’amour « . Quelques années plus tard, Maria est devenue adolescente dans une famille d’accueil du quartier. Sa rencontre avec Michael, un ancien enfant placé au même endroit avant elle, va devenir le catalyseur d’une découverte d’elle-même et d’un lien qui se tisse entre les souvenirs de sa mère et ses propres choix de vie.

Crasse assume dès son démarrage son étonnant et radical parti pris : rien ne va tenir par la main le spectateur. Luna Carmoon signe un film profondément dérangeant, tombant parfois dans une certaine forme un peu malsaine de sensationnalisme, mais qui brille par son identité propre et sa richesse thématique assez folle. La metteuse en scène reste accrochée à la psyché de sa protagoniste, une jeune presque-adulte perdue entre deux mondes, hantée par les troubles de sa mère et par ses différences fondamentales avec les gens qui l’entoure. Sa découverte progressive et chaotique de sa propre vie va être le déclencheur d’une série d’évènements la confrontant à son rapport aux autres, aux hommes, à ses proches et à elle-même, évidemment.

La photographie de Jim Williams accompagne parfaitement les déséquilibres fondateurs racontés par le récit, trouvant un équilibre étonnant entre la surcharge colossale de ces décors plein à ras-bord de divers détritus et l’onirisme fascinant qui se dégage de cette histoire. Le dégoût se mue souvent en poésie, le rejet devient parfois une enveloppe envoûtante, Crasse est un objet tortueux et pas simple d’accès qui saisit son univers filmique singulier pour plonger dans la psyché de sa douce et complexe Maria – incarnée avec grand talent par Lily-Beau Leach d’abord puis Saura Lightfoot Leon ensuite. On notera également la présence intrigante de Joseph Quinn dans la peau de l’étrange et fascinant Michael, première source d’émois de Maria à ses 18 ans, la seule personne qui semble la comprendre et se connecter à elle au sein d’une relation filmée et écrite avec grand soin.

Avec ce premier long-métrage hors-piste, empilant les contradictions dans un ovni artistique qui ne laisse jamais insensible mais qui manque probablement d’un certain recul pour pouvoir véritablement embarquer le spectateur dans les remous de ce portrait intimiste, Luna Carmoon présente un style assumé et évident, une présence cinématographique rare qui empile les émotions contradictoires dans la tête de son public. Ce premier exercice diablement prometteur même si encore trop tiraillé entre toutes ses ambitions – et donc parfois austère dans son propos global – pave la voix à une œuvre nécessairement curieuse encore coincée entre onirisme fantasmatique et froideur décharnée. Qui mérite donc un coup d’œil, malgré ses excès notables, signe d’un premier pas remarquable manquant encore un peu de maîtrise.

Titre Original: HOARD
Réalisé par: Luna Carmoon
Casting : Saura Lightfoot Leon, Hayley Squires, Joseph Quinn .…
Genre: Drame
Sortie le : 11 juin 2025
Distribué par: Piece of Magic Entertainment France

BIEN
Catégories :Critiques Cinéma, Les années 2020








































































































































