Critiques Cinéma

METEORS (Critique)


SYNOPSIS : Diagonale du vide. Trois amis de longue date. Tony est devenu le roi du BTP, Mika et Dan les rois de rien du tout. Ils ont beaucoup de rêves et pas beaucoup de chance. Après un nouveau plan raté, ils doivent bosser pour Tony dans une poubelle nucléaire. Jusqu’ici tout va mal…

Huit ans après Petit paysan, César du meilleur premier film et qui laissait présager un univers du réel très puissant dans le genre cinéma vérité, Hubert Charuel sort Météors, présenté au 78ème festival de Cannes dans la section Un certain regard.  On passe ici de la France des bourgs à non pas celle des tours, mais à minima du péri-urbain, qui de plus en plus sert de décor naturel à nombre de productions. Tout sauf une surprise, tant sociologiquement, le terrain de jeu est source d’inspiration. Sans doute aussi pour aller filmer cette réalité comme à mi-chemin et qui parfois cumule les handicaps que l’on retrouve communément dans les cités et les campagnes. Ici, c’est la fameuse diagonale du vide.


La première partie du film est particulièrement enlevée et démarre sur un rythme bien plaisant. Soirée alcoolisée qui amène au vol d’un chat, plus précisément un Maine Coon, une sorte de race de chats méga mastoc, qui se vendent à prix d’or sur le marché noir. Une sorte de super chat !! La séquence d’interrogatoire qui s’ensuit, notamment dans les réponses de Dan, sidérantes de léger foutage de gueule à l’enquêteur qui le questionne, se révèle assez hilarante. Le décalage est amusant, on y pressent même une forme de burlesque dans pourtant le drame social qui se met en place. Sauf que ce vent frais s’essouffle un peu, provoquant une rupture de la narration et une cassure de rythme assez dommageable. Non pas que la suite soit inintéressante, mais elle retombe un peu. Elle suit du moins la narration, car c’est un peu en mode finit les conneries, vu que la prochaine fois, c’est passage par la case prison.

On va alors assister à ce combat si âpre notamment pour Dan et Mika afin de ne pas plonger. C’est le combat ordinaire de ceux qui n’ont pas les codes pour tenter d’accéder un minimum aux attendus normatifs. La folie de Dan sera dure à contenir, tandis que Mika va prendre sur lui à tel point qu’on a véritablement peur qu’il ne bascule justement en premier. Le filmage de ces trajectoires est bien sûr très intéressant. Mais difficile ne pas penser à Chiens de la Casse (2023), avec clairement moins de profondeur, et même quelque part moins de violence sociale. Toute la deuxième partie du film, sciemment plus plombante donc, va se tourner vers le seul job qu’ils ont trouvé et qui sera peu reluisant autour de l’industrie nucléaire. Comme s’ils étaient envoyé à l’abattoir, étouffant leurs rêves, leur humour, leur vivacité et questionnant sur les risques d’exposition. Ce sont toujours les mêmes qui partent au front semble ainsi nous dire le cinéaste, venant travailler la question de l’assignation sociale. Soit tu zones et tu sombres, soit tu bosses, et tu sombres quand même. Cette réalité glaçante est en filigrane et si les séquences sont parfois inégales, elles ne sont clairement pas dénuées d’intérêt.

Il va donc leur rester simplement l’amitié. Elle est puissante et même par moment questionnante dans une forme de sensualité affective. La fin que bien sûr ne spoilerons pas est peut-être le moment le moins abouti du film, car globalement assez convenue. Au casting, il existe surtout une double très belle perf, avec deux jeunes acteurs que l’on voit de plus en plus et qui permet au film de tenir, y compris dans ses moments plus étirés. Idir Azougli, qui dans le rôle de Daniel ne peut pas s’empêcher de retomber toujours, inlassablement, presque sur un mode pathologique, dans le n’importe quoi et les conneries. L’acteur est touchant dans ce combat contre lui-même, le plus difficile. Sa voix, son corps, tout s’engage dans son interprétation. Et donc Paul Kircher, un peu partout en ce moment et qu’on a tant aimé dans Le règne animal (2023). Un rôle moins flamboyant que son comparse, mais qu’il tient avec une impressionnante solidité. Quand il est sur ce fameux fil et face à ses contradictions, il est assez troublant. A suivre de très près !! Au final, s’il est parfois un peu inégal dans sa construction, Météors se regarde sans déplaisir et nous fait passer de belles émotions de cinéma vérité !

Titre Original: METEORS

Réalisé par: Hubert Charuel

Casting : Paul Kircher, Idir Azougli, Salif Cissé .…

Genre: Drame

Sortie le : 8 octobre 2025

Distribué par: Pyramide Distribution

BIEN

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