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SYNOPSIS : Se déroulant pendant John Wick : Parabellum, Ballerina suit la vengeance implacable d’Eve Macarro la nouvelle tueuse de l’organisation Ruska Roma.
Après quatre opus tonitruants menés d’une main de maître, une « conclusion » (il semblerait que ce soit relatif à présent…) en apothéose et une série télévisée, The Continental, passée relativement inaperçue, l’univers de John Wick n’a de toute évidence pas dit son dernier mot. Si un cinquième film John Wick est apparemment déjà en développement, c’est Ballerina qui prend aujourd’hui le relais en tant que tout premier spin-off cinématographique de la franchise (Nobody n’étant pas officiellement dans l’univers malgré un ton semblable). Et c’est Ana de Armas qui se voit confier la lourde tâche de porter ce prolongement tant attendu. Une mission qui, sur le papier, pouvait inquiéter pour bien des raisons, notamment en raison d’une production longue et mouvementée. Mais contre toute attente, Ballerina réussit son pari : c’est un film bien ficelé, nerveux, inspiré, et totalement cohérent avec l’univers qu’il explore.

On ne compte plus les rumeurs qui ont entouré la gestation de Ballerina. Initialement confié à Len Wiseman, connu principalement pour deux Underworld et Die Hard 4 (qui demeure pour nous, même s’il divise, une bonne suite) mais dont le CV paraissait quelque peu déconnecté de l’univers brutal, précis et chorégraphié de John Wick, le film a longtemps fait craindre le pire. Des reshoots massifs, des bruits de couloirs évoquant l’intervention salvatrice de Chad Stahelski, le maître d’œuvre de la saga originelle, et même une campagne de promotion un brin maladroite, parfois centrée davantage sur la figure de John Wick que sur la véritable héroïne… tout laissait présager un possible accident industriel. Et pourtant, le résultat à l’écran est une réussite. Ballerina se montre aussi généreux qu’efficace, regorgeant de scènes d’action nerveuses et inventives, portées plus des 3/4 du temps par du corps-à-corps filmé avec précision et intensité. À l’image des opus principaux, on y retrouve un sens aigu du style, un amour du détail dans la mise en scène des combats, et une esthétique toujours aussi léchée. Qu’il s’agisse de séquences dans des lieux balisés et attendus (par exemple une boîte de nuit) ou de confrontations dans des endroits plus originaux, Ballerina se paie le luxe de surprendre (pas assez peut-être) sans jamais trahir son ADN.

Depuis sa scène d’action marquante dans Mourir peut attendre, Ana de Armas semblait toute désignée pour incarner cette tueuse impitoyable. Avec Ballerina, elle confirme tout le bien que l’on pensait d’elle : charismatique, classe, crédible dans l’action comme dans les moments plus introspectifs, elle incarne Eve avec une détermination remarquable. Le personnage, que l’on découvre au sein de la Ruska Roma, le même clan qui a formé John Wick, suit un parcours initiatique classique mais efficace, dédié à sa future vengeance personnelle contre une secte qui a jadis tué son père. Face à elle, les personnages secondaires s’effacent presque naturellement, bien aidés par un script qui leur réserve tout sauf la part du lion. Norman Reedus se voit ainsi cantonné à un rôle très secondaire, presque anecdotique, à la limite du caméo. Même chose (ce qui est plus logique) pour le retour de Keanu Reeves en John Wick, lui qui était fortement mis en avant dans les bandes-annonces et le matériel promotionnel. Sa présence, bien que brève (moins néanmoins que celle de Norman Reedus), surtout en toile de fond, s’avère toutefois justifiée dans le récit et n’empiète jamais sur le parcours de l’héroïne. Contrairement aux univers partagés à la sauce Marvel, où l’on s’interroge souvent sur l’absence injustifiée d’un héros majeur, ici, l’apparition de John Wick dans un moment de crise semble logique, presque nécessaire. Situé entre les épisodes 3 et 4, le film s’insère dans la chronologie sans bousculer la cohérence générale même si on a du mal à comprendre en termes de temporalité comment John a pu venir et prendre le temps de cette escapade. Passons.

Ballerina n’est pas une révolution, mais c’est aussi précisément ce qui fait sa force. Le film coche toutes les cases attendues par les amateurs de l’univers John Wick : un personnage principal ultra compétent, un style visuel soigné, des chorégraphies de combats inventives, et un univers cohérent, enrichi sans être dénaturé. Le film offre également son lot de surprises bien dosées (la scène des assiettes notamment est savoureuse mais il y a d’autres idées aguichantes), sans jamais chercher à réinventer ce qui fonctionne déjà très bien. Certes, certains y verront un respect trop scrupuleux du cahier des charges, et on pourrait souhaiter qu’un spin-off prenne davantage de risques pour s’affranchir de son modèle. Mais dans un paysage saturé de franchises qui peinent à maintenir la qualité et la cohérence de leurs univers, Ballerina fait étonnamment figure de bonne élève, surtout après les rumeurs qui dépeignaient un tournage à la limite du sabotage. Que le film ait été sauvé in extremis ou non des mains de Len Wiseman, le résultat montre que la production a tout fait pour sortir un film qui fasse honneur à l’univers John Wick. En prime, revoir brièvement le regretté Lance Reddick ajoute une touche d’émotion discrète mais bienvenue, un rappel que Ballerina ne se contente pas d’être un exercice de style mais bien une pierre de plus à l’édifice d’un monde qui continue, contre toute attente, à passionner. Difficile de dire si les gens se déplaceront malgré tout, un bouche à oreille positif lui sera sûrement (nous l’espérons) favorable ; le film ne mérite vraiment pas d’être boudé.

Titre Original: BALLERINA
Réalisé par : Len Wiseman
Casting : Ana de Armas, Ian McShane, Anjelica Huston …
Genre: Action, Thriller
Sortie le: 4 juin 2025
Distribué par: Metropolitan FilmExport
TRÈS BIEN
Catégories :Critiques Cinéma, Les années 2020








































































































































