Critiques Cinéma

WOMEN AND CHILD (Critique)

SYNOPSIS : Mahnaz, une infirmière de 45 ans, élève seule ses enfants. Alors qu’elle s’apprête à épouser son petit ami Hamid, son fils Aliyar est renvoyé de l’école. Lorsqu’un un accident tragique vient tout bouleverser, Mahnaz se lance dans une quête de justice pour obtenir réparation…

Le réalisateur iranien Saeed Roustaee, est toujours très attendu. Rappelons que l’auteur de Leïla et ses frères (2022) s’était déjà vu, suite au film, interdit dans son propre pays, et condamné à 6 mois de prison et 5 ans d’interdiction de tournage. Attendu aussi pour sa virtuosité de cinéaste vu particulièrement dans La Loi de Téhéran, thriller datant de 2019, et donc Leïla et ses frères. Un territoire si fermé pour un cinéma si puissant ! Woman and Child, c’est du véritable cinéma vivant !!  Ce qui est ici d’une beauté furieuse est la force des femmes. Une sororité à tomber, et à cet égard sans en dire évidemment un mot, la scène de fin est saisissante de puissance et d’émotions. La force des femmes car le film s’en prend frontalement au système patriarcal à travers les combats de Mahnaz, parfois très isolée face aux institutions, assez invisibles ici. Mais c’est précisément cette invisibilité qui dans le film rend le pouvoir en place encore plus sournois. C’est vrai que le mal (dans tous les sens du terme) étatique n’est pas matérialisé par un ou des personnages, mais il est latent, comme ancré est c’est presque pire. Ce sont les hommes médiocres, lâches et faibles à l’image de Hamid ou de l’ex beau-père de Mahnaz, qui vont s’appuyer sur ce qui semble de toute façon être des victoires assez acquises d’avance car les combats sont portés par les hommes.

Mais Mahnaz semble assez isolée, du moins au départ, au sein même de sa propre famille, y compris avec les autres femmes qui la composent, qu’il s’agisse de sa sœur ou de sa mère. Qui au-delà de l’ordre religieux, semblent se soumettre à cette domination patriarcale. La suite du film à cet égard est assez fascinante, notamment dans le caractère d’émancipation de l’ensemble des femmes du film, face à la tragédie que va connaître Mahnaz et que nous tairons ici. Une émancipation sous forme d’exemple qu’a déjà connu Manhaz, mais en ellipse. Elle n’est plus femme de son époux, et toute la question de savoir si elle va pouvoir rester mère va se poser. Elle n’est finalement « plus qu’une femme » et dans cet Iran-là, c’est déjà un acte révolutionnaire. Elle est d’ailleurs d’emblée très positionnée dans une forme de constante rébellion quant face à toutes les bêtises au bas mot et facéties de son fils Aliyar, elle répond et le défend bec et ongles.

C’est tout ça Woman and Child, une femme face à des hommes, qui se bat, une femme souvent en colère, et forcément une femme souvent seule dans ses luttes. Saeed Roustaee ne dit d’ailleurs pas autre chose : « Le film raconte l’histoire d’une femme qui résiste à tous les hommes qui lui font face et à une société patriarcale qui la prive de tous ses droits, y compris celui d’être mère. » Car cette femme agace, on la trouve trop libre, il s’agira donc de tenter, malgré un drame déjà infini, de finir de lui ôter tout statut, toute dignité. C’est alors la solidité de la cellule familiale qui est mise à rude épreuve, et jusqu’à la toute dernière scène, on va se demander jusqu’où Manhaz est capable d’aller pour se venger, et venir réparer un certain nombre d’injustices. Et puis Woman end Child, c’est aussi la puissance et l’efficacité d’une mise en scène. Car dans son fil narratif, chaque scène fait l’objet de dialogues ciselés et d’une façon de filmer qui transforme les apparentes longueurs en précision et méticulosité.

Au casting, bien sûr Parinaz Izadyar. Elle est le symbole de toutes les luttes, et c’est un poids parfaitement porté par l’actrice. Elle est en colère donc, et dans ce sentiment, elle y met des nuances fortes, entre colère sourde en effet, et du plus froid, du plus mécanique et tout l’art de la vengeance. Elle est omniprésente à l’écran car elle est indispensable au propos du film et aux légitimes aspirations de liberté qu’il porte. Payman Maadi, c’est un peu à lui seul le visage du mal, du fait précisément de l’absence à l’écran d’incarnations institutionnelles. Il est parfait dans ce rôle tour à tour de charmeur, de fourbe, de lâche et de salopard !! Pas simple à porter, mais l’acteur là aussi tout en nuance fait tout passer avec beaucoup de subtilité. Au final, Woman and child, plus qu’un mélo c’est une fresque, et un même un hymne de tous les combats actuels pour délivrer tout un système de mains souvent bien trop viriles mais souvent aussi très faibles et lâches. Une vraie histoire de cinéma mais aussi du cinéma qui fabrique l’histoire !

Titre Original: WOMAN AND CHILD

Réalisé par: Saeed Roustaee

Casting : Parinaz Izadyar, Sinan Mohebi, Payman Maadi…

Genre: Drame

Sortie le : Prochainement

Distribué par: Diaphana distribution

5 STARS CHEF D'OEUVRECHEF-D’ŒUVRE

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