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SYNOPSIS : Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, Josef Mengele, le médecin nazi du camp d’Auschwitz, parvient à s’enfuir en Amérique du Sud pour refaire sa vie dans la clandestinité. De Buenos Aires au Paraguay, en passant par le Brésil, celui qu’on a baptisé « L’Ange de la Mort » va organiser sa méthodique disparition pour échapper à toute forme de procès.
C’est la septième venue de Kirill Serebrennikov à Cannes, après Limonov., la ballade en 2024, le somptueux La femme de Tchaïkovski en 2022, La Fièvre de Petrov en 2021 ou encore Leto en 2018. Le cinéaste russe exilé à Berlin depuis l’invasion de l’Ukraine, revient en 2025 avec un nouveau film que l’on peut qualifier au bas mot d’âpre et exigeant : La Disparition de Josef Mengele. C’est en fait une adaptation du roman d’Olivier Guez, au titre éponyme, qui a obtenu le prix Renaudot en 2017. On est ici face à du grand Serebrennikov, autant dans le filmage que le narratif, avec toujours un quelque chose de l’ordre de la virtuosité dans sa volonté de tenir une démonstration. On est surtout ici face à l’anatomie du mal. Au bord de la nausée, notamment sur une scène à Auschwitz à vous retourner le bide, les tripes et le cœur. C’est profondément dérangeant, mais jamais gratuit ou inutile. Clairement, ce film est un choc visuel. Le pari est bien dangereux ou du moins procède d’une forme d’inconscience de regarder la traque de Mengele par le prisme de … Mengele lui-même.

On le voit ne jamais remettre en cause quoi que ce soit de son œuvre abominable, minimiser en s’appuyant sur la présence de « collègues » à lui. Cette intériorité du monstre est d’une inouïe violence. Le récit est volontairement confus, inquiétant et saccadé, qui nous perd dans le spatio-temporel entre les époques et le Brésil, la Suisse ou le Paraguay. Si on comprend l’intention et la radicalité du geste, il peut paraître un peu superflu, car ce sont de vraies ruptures de narration qui perdent en fluidité et avec le risque que le spectateur soit moins sous le choc.

Pour filmer au plus près celui que l’on a surnommé l’ange de la mort, le noir et blanc utilisé est magnétique et vient comme accentuer l’urgence à déloger la bête. Certaines scènes sont clairement insoutenables et vous figent n’importe quelle salle obscure. Elles ne sont malheureusement que le reflet de l’immonde, le miroir du mal. La violence est autant physique avec du découpage en règle d’être humains pour des sordides accumulations de folles expériences que morale quand on assiste notamment à l’anniversaire du bourreau, où nous subissons les tentatives de résurgence du dogme nazi, les blagues douteuses de ses compagnons, et globalement une morbide dégueulasserie ambiante. L’horreur est dans la pellicule pour un film qui pourrait donner le sentiment de prendre le spectateur en otage, dans ce parti pris du point de vue de Mengele, mais argument écrasé par le poids de l’utilité de ce type de long-métrage et de la trace qu’il laisse dans l’histoire. Au casting évidemment un homme : August Diehl. Il incarne la folie destructrice avec un impressionnant talent, notamment dans les scènes de rage où l’acteur paraît complètement habité par sa proposition. Spectaculaire.

Au final, La disparition de Josef Mengele est un objet complexe, qu’on ne peut pas tellement caractériser de cinéma populaire. Mais sa force, c’est la vérité qu’il déploie et qui mieux que Kirill Serebrennikov pour montrer cette vérité de l’horreur afin de tenter chacun à sa place, de l’éradiquer. C’est aussi le rôle de l’art et donc du cinéma !

Titre Original: DAS VERSCHWINDEN DES JOSEF MENGELE
Réalisé par : Kirill Serebrennikov
Casting : August Diehl, Dana Herfurth, Burghart Klaußner …
Genre: Biopic, Drame, Historique
Sortie le: Prochainement
Distribué par: Bac Films
TRÈS BIEN
Catégories :Critiques Cinéma, Festival de Cannes 2025, Les années 2020









































































































































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