SYNOPSIS : Lilian Steiner est une psychiatre reconnue. Quand elle apprend la mort de l’une de ses patientes, elle se persuade qu’il s’agit d’un meurtre. Troublée, elle décide de mener son enquête.

Sur le papier, le projet est fou. Rien que pour 3 noms : Jodie Foster, Virginie Efira, Rebecca Zlotowski, dont on n’a bien sûr pas oublié Les enfants des autres (2022). Dans ce drame aux accents de thriller psychologique sûrement très intense, viennent s’ajouter rien de moins que Daniel Auteuil, Mathieu Amalric, Vincent Lacoste et Luana Bajrami. Sixième long métrage de la réalisatrice, cette collaboration avec Jodie Foster faite d’admirations réciproques est une promesse d’esthétisme sur la forme au regard de cette méticulosité de la cinéaste et bien entendu sur le fond avec cette juxtaposition de talents, devant et derrière la caméra. Et on passe en effet un très bon moment. Jodie Foster en psychiatre assez fantasque qui fait sa propre analyse, donc forcément déjà là, il y a du fun, pour ce qui ressemble finalement davantage à un film d’enquête très réjouissant plus qu’à un thriller suffoquant. Et bien sûr, en spécialiste du genre, la cinéaste se sert de la tension créée autour de l’intrigue principale pour disséquer les dysfonctionnements familiaux, et c’est alors très plaisant.

On pensera à ce moment où pourtant, grande psychiatre, elle va se laisser convaincre par les bienfaits de l’hypnose, à n’en jurer plus que par ça, et en profiter lors d’un diner familial assez apocalyptique, pour rabrouer violemment son fils verbalement en lui disant qu’elle sait que dans une vie antérieure, il était un Waffen SS !! C’est aussi la complicité un peu rêvée avec son ex-mari, comme un idéal de lien. Ils picolent ensemble, se marrent, il va puissamment l’aider pour son enquête, ils vont aussi un peu coucher ensemble. Sorte de mi-chemin assez indéfectible entre une femme et un homme qui se sont tant aimés et qui ne peuvent évidemment pas être amis. Et puis rien que pour entendre Jodie Foster dire à Daniel Auteuil « c’est pas moi qui pleure c’est me yeux », quand on se rappelle que c’est lui qui, au plus fort de son malheur disait ces mots dans Manon des sources (1986), rien que ce moment, c’est une pépite ! On le disait, Vie privée n’est pas réellement angoissant, la cinéaste ne s’est pas plongée dans cet univers. Pour autant le rythme est très soutenu pour ce film d’enquête typique, mais qui se singularise par cette précision dans le profil psychoaffectif des personnages et avec tout ce qui fait lien et liant entre eux. Ce qui rend l’ensemble finalement assez original, car un peu comme une juxtaposition de plusieurs genres.

Les dialogues font très souvent mouches dans une intrigue qui bien sûr va venir se confondre avec les questionnements très persos de la psychiatre, mais en ne tombant jamais dans la moindre lourdeur, tant le rythme est soutenu et tant la folie douce de la psy est assez jubilatoire avec des montées en pressions parfois assez délirantes, assez jouissives à regarder. Le casting est évidemment dominé par Jodie Foster qui emporte tout sur son passage. Elle semble s’amuser comme une folle et comme c’est une partageuse d’émotions, on la suivrait au bout du monde. Le plaisir est donc pleinement partagé.

Daniel Auteuil est assez génial lui aussi dans le rôle de l’ex-mari ! C’est bien lui l’ex-mari et pas elle son ex-femme, tant tout tourne autour de Jodie. Et dans cette composition de supplétif, presque d’adjoint, l’acteur fait un sacré numéro lui aussi. L’ex toujours amoureux lui va comme un gant ! Virginie Efira n’est pas tellement présente à l’image en réalité, mais le peu qu’on la voit évidemment, c’est toujours un régal. Vincent Lacoste en rejeton rejeté est touchant et choupinou, il fait très bien le Calimero mais sympa quand même ! Au final, Vie privée est vraiment très agréable à regarder, on n’a pas trop peur et on se marre vraiment pas mal, tout en se prenant d’empathie pour une galerie de personnage attachants. Du cinéma franchement réjouissant !

Titre Original: VIE PRIVÉE

Réalisé par : Rebecca Zlotowski