Critiques Cinéma

ELEANOR THE GREAT (Critique)

SYNOPSIS : Eleanor Morgenstein, 94 ans, tente de reconstruire sa vie après la mort de sa meilleure amie. Elle retourne à New York après avoir vécu en Floride pendant des décennies.

L’iconique et divine Scarlett Johansson qui passe à la réalisation, ce n’est pas rien, qui plus est pour un film dont on ne sait à la base que très peu de choses, et avec en plus une première présentation au 78ème festival de Cannes. Celle qui joue autant dans des grosses productions très hollywoodiennes que dans des films bien plus intimistes en a vu des façons de tourner depuis ses débuts vers 11 ans. Toute la question est de savoir ce qu’elle a décidé d’en retenir. Une curiosité totale. Et bien c’est assez simple, avec Eleanor the great, une cinéaste est née. C’est subtil, tendre, délicat. On rit et on pleure dans le même souffle. Scarlett nous parle de liens, de perte, des regrets, du droit à l’erreur. Scarlett nous parle d’amour tout en sublimant l’amitié et c’est juste sublime. Les influences sont là, on les identifie, mais Scarlett Johansson comme réalisatrice a bien son style à elle, et on en redemande.


Du point de vue formel, c’est tout aussi impeccable. Il existe comme une douce torpeur, car la réalisatrice prend le temps de filmer New York et aussi ses actrices. Elle aime profondément cette ville, elle aime tout autant ce métier et celles qui jouent pour elle. Elle sait nous le partager avec beaucoup de pudeur et de générosité. C’est aussi disséquer le chagrin, dans ce qui nous transforme, nous abime violemment. Eleanor voulait faire revivre Bessie en racontant son histoire bouleversante de survivante de la Shoah. Elle a entendu toute une vie son amie lui raconter l’histoire du mal. Elle a été sa confidente, sa psy, sa sœur, sa meilleure amie. Alors oui Eleanor privée de cette amitié pour tisser d’autres liens, s’est laissée embarquer dans le mensonge faisant croire que c’était son histoire. C’est aussi le désespoir qui vient parfois expliquer nos actions pas toujours glorieuses. Ici, celui de la solitude. C’est aussi cette leçon d’humanité Eleanor The great, qui prend le soin d’expliquer sans juger. Une vertu qui se raréfie. Comme une caresse bienveillante. Oui car Eleanor se retrouve brutalement seule, et comme dans la chanson de Brel, le plus malheureux c’est parfois celui qui reste. Dans leur appartement, ce lit vide, cette chaise dans leur décor préféré depuis des décennies face à la mer ou elles partageaient tant, là aussi désespérément vide. La lancinante et douloureuse question qui se pose à elle à présent est comment se réinventer à 94 ans.


Et puis, Eleanor the great, ce n’est jamais cynique, c’est entier et avec un humour sobre mais toujours très bien senti. Qui part souvent des vannes caustiques et parfois gentiment vachardes d’Eleanor. Ou alors des gros plans sur les chaussures à scratch que mettent parfois les vieilles personnes, car c’est tellement plus pratique. C’est toute une génération de mamies en tennis ! C’est tout ça Eleanor the great, beaucoup de tendresse et une émotion que la caméra de la cinéaste rend drôlement palpable et vivante. Cette ode à l’humanité avec une appréhension fine et délicate des interactions ne tombe jamais pour autant dans des naïvetés ou autres pudeurs excessives. Le ton est juste, le propos est déjà presque mature pour une première réalisation. Au casting, un immense numéro de June Squibb, bouleversante à l’écran, dans une variation d’authentiques émotions, où l’actrice ne donne jamais l’impression de jouer, mais plutôt d’être à nos côtés. Une présence forte. Eleanor va longtemps rester en nous.


Les scènes avec Rita Zohar qui joue Bessie sont particulièrement poignantes. En particulier quand elle raconte l’enfer des camps, elle met en place une tension émotionnelle qui vient nous tirer les larmes. On saluera aussi Erin Kellyman, qui va accompagner Eleanor dans sa mutation et qui dégage une forme de candeur et d’envie d’apprendre nous faisant penser à une certaine… Scarlett Johansson !! Avec Eleanor the great, Scarlett Johansson fait une entrée remarquée singulière et sacrément réussie dans le monde de la réalisation. Un film déjà très abouti et qui offre un véritable espace de bienveillance tellement salutaire. De vraies belles émotions de cinéma !

Titre Original: ELEANOR THE GREAT

Réalisé par : Scarlett Johansson

Casting : June Squibb, Chiwetel Ejiofor, Jessica Hecht…

Genre: Drame

Sortie le: Prochainement

Distribué par: –

EXCELLENT

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