Critiques Cinéma

LE ROI SOLEIL (Critique)


SYNOPSIS : Un homme est mort au Roi Soleil, un bar-pmu à Versailles. Il laisse un ticket de loto gagnant de plusieurs millions d’euros. En s’arrangeant un peu avec la réalité et leur conscience, les témoins du drame pourraient repartir avec l’argent… Et si la vérité n’était qu’un scénario bien ficelé ?

La loterie excite notre penchant le plus vicieux. Un adage qui va servir de leitmotiv à la construction du film de Vincent Maël Cardonna, dont on avait déjà pu apprécier tout le talent et le potentiel avec Les magnétiques récompensé légitimement du César du meilleur premier film en 2022. Pour son premier long métrage, le cinéaste avait l’inspiration d’un « petit poème filmé ». Pour son deuxième ici, le réalisateur breton va déplier une autre forme de poésie, mais on comprend dès les premières minutes du Roi Soleil qu’il déploie de réelles et authentiques qualités de conteur. Autant le dire d’emblée, Le roi soleil, c’est aussi du très bon et donc un réalisateur qui vient confirmer tout ce qu’on aime de lui et de son univers inventif et même foisonnant. Avec une grosse énergie, ce thriller presque du quotidien fonctionne vraiment, dans sa dramaturgie, ses rebondissements, avec de surcroit de la mastoc rigolade par moment. C’est constamment inventif et même si on perçoit où le cinéaste veut nous amener, il nous surprend toujours sur la façon d’y arriver. On ne se lasse jamais, ça rebondit avec une grande élégance dans l’art de raconter cette histoire et on en redemande.

L’art de la narration, c’est aussi nous faire comprendre très vite à quel type de personnage on a à faire, en un temps très court. Jamais trop verbeux, mais toujours suffisamment didactique pour ni nous perdre, ni nous noyer, le fil est ténu et parfaitement maîtrisé. D’autant plus que c’est ici un film choral, avec une galerie de personnages très étendue, et dont les principales névroses nous sont livrées sans fioritures, mais avec beaucoup de tendresse. C’est ça le cinéma de Vincent Maël Cardonna, ça déborde d’énergie, de sincérité et de générosité ! Et alors cette histoire !! Gagner au loto est le rêve moyen du français pour ne pas le dire autrement, et ici tous les coups au propre comme au figuré vont être permis pour y parvenir. « C’est la croyance qu’il est possible de renverser la table, d’échapper au déterminisme en cochant des numéros au hasard » comme nous le dit le cinéaste. Il va donc aller convoquer un huis clos dans un PMU, ou un peu comme si vous filiez des flingues aux personnages du génial Un air de famille (1996) ! Là, ça va tirer à balles réelles, et toujours en trouvant des connes excuses !

Huis clos mais entrecoupé dès le début et tout à la fin de scènes au château de Versailles que nous ne déflorerons pas d’avantage, mais qui viennent convoquer presque une approche politique du fonctionnement de nos sociétés. On comprend là en tous les cas qu’il s’agit d’une variation autour des enjeux de pouvoir et d’ambition qui traversent les époques. Dans Le roi Soleil, il s’agira de déplier tout une galerie de cynismes pour que chaque protagoniste puisse justifier auprès des autres et surtout de soi-même pourquoi lui serait le ou la mieux placé pour partir avec le ticket gagnant. Dans des petits arrangements bien pratiques avec sa conscience, tout le monde devient très vite très pragmatique quand il s’agit d’empocher plus de 300 millions. C’est alors les codes moraux qui perdent la boule et dans le bistrot, par extrapolation, l’organisation de la société elle-même, car on ne sait plus trop qui est flic ou voyou. C’est alors une série d’événements complètement incontrôlés, et un enfermement dans des mensonges improbables qui risque de transformer ce petit PMU versaillais en abominable scène de crime mais… chut !!

Au casting, beaucoup de puissance aussi. Avec Pio Marmaï qui fait le job, et sans en faire trop justement, ce qui est à souligner. Mais on sort deux prestations XXL, celle de Lucie Zhang, qui comme son personnage est plutôt discrète au départ, s’affirme ensuite avec une petite folie ordinaire que l’actrice communique avec beaucoup de jubilation. Un régal de créativité dans son jeu. Et aussi Sofiane Zermani, qui envoie du lourd, car son personnage est toute en tension, mais tout en gardant comme une sobriété, dans une justesse qui impressionne. Une présence solide, une vraie gueule de cinéma. Et puis, un grand numéro de Maria De Medeiros, pour jouer un personnage décalé et lunaire, à qui elle donne une dimension un peu dingue particulièrement jubilatoire. Au final, Le roi soleil est un vrai kif de cinéma, tant c’est créatif, drôle et aussi très symbolique avec des messages qui tapent juste et fort. Un vrai bon moment de divertissement et bien plus encore !

Titre Original: LE ROI SOLEIL

Réalisé par : Vincent Maël Cardona

Casting : Pio Marmaï, Lucie Zhang, Sofiane Zermani  …

Genre: Drame, Thriller

Sortie le: 27 août 2025

Distribué par: StudioCanal

EXCELLENT

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