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SYNOPSIS : Alpha, 13 ans, est une adolescente agitée qui vit seule avec sa mère. Leur monde s’écroule le jour où elle rentre de l’école avec un tatouage sur le bras.
Quatre ans après Titane, et l’onde de choc qui en avait suivi sur la croisette et qui avait valu une palme d’or à Julia Ducournau, et 9 ans avant Grave qui en 2016, avait fait forte impression à la semaine de la critique, la revoici en compétition officielle à Cannes en 2025 avec son Alpha. Un tournage réalisé dans le secret, de la thématique interpersonnelle, et une histoire familiale donc psychologique puissante, et c’est le cocktail parfait pour susciter une immense attente et imaginer déjà un autre sacre palmé.

Et même en tenant compte d’une ambition initiale trop relevée, malheureusement, y compris pour la capacité du cinéma français à se réinventer et dont cette cinéaste est une défricheuse en chef, Alpha contrairement aux œuvres susnommées, ne parvient jamais vraiment à toucher son but, qui était au moins de nous émouvoir, au regard de la dimension personnelle sûrement très sincère qu’y a apporté Julia Ducournau. Constamment, l’émotion reste à quai. Les personnages ne sont pas assez fouillés, ni la force du lien qui les unit, ni la pandémie qui s’amplifie dehors et qui fait appel aux souvenirs de la cinéaste sur les années Sida. Sauf que cette pandémie, vu qu’on est nous-même un peu confinés dans des scènes quasi exclusivement en intérieur, on ne nous l’explique jamais vraiment, même un petit peu ! C’est la même sécheresse pour l’intériorité des personnages principaux. L’émotion est à quai car le spectateur y est laissé aussi !

Alpha le film se concentre tellement sur sa plastique, par ailleurs impeccable, que l’on n’arrive jamais vraiment à entrer en empathie ni avec la petite, ni avec la mère, ni avec le frangin. Il n’y a pas de liant et parfois même de lien entre les scènes pour construire un fil narratif qui va nous étreindre. Mais une succession de scènes avec cette volonté esthétique marquée que l’on connaît à ce genre. Pas de liant, et donc pas de lien qui pourrait se créer entre l’histoire, ses personnages et le spectateur. Presque trop égo trip finalement, et sûrement pas assez généreux, c’est le grand drame d’Alpha. C’est comme s’il existait une volonté permanente de démonstration qui entrave l’accès à une quelconque émotion. Même la scène avec la formidable comptine A vava Inouva de Idir ne prend pas, c’est dire ! Et ce véritable problème en créée beaucoup d’autres ensuite, tant tout paraît de plus en plus invraisemblable dans l’histoire, et toujours avec une volonté démonstrative que l’on devine bien trop forte. Même les scènes un peu dégueu sont limites décevantes. S’il y bien longtemps que David Cronenberg ne parvient plus à nous impressionner avec des histoires de cavité, de liquides et autres crapuleries corporelles en tout genre, dans Alpha, cet aspect pourtant jusqu’alors puissant du cinéma de sa réalisatrice ne provoque même pas de hauts le cœur, à peine une micro gênance polie dans la salle. Personne n’a envie de partir, ou du moins pas à cause d’un petit mal aux tripes.

Le casting c’est aussi un peu compliqué, car à nouveau en lien avec le problème majeur des émotions qui ne passent pas, c’est comme si tous étaient en surjeu. Les acteurs talentueux en présence ont beau s’y employer, on est pas réellement avec eux. Néanmoins, ils font bien comme ils peuvent, et ce qui aurait pu être un immense rôle pour notamment Tahar Rahim est au final une performance honnête souvent et spectaculaire parfois. Mais c’est comme si l’étalage pour lui et donc la lassitude pour nous prenait le pas sur une connexion, qu’on aurait pourtant voulue. Le personnage de Golshifteh Farahani n’est pas suffisamment écrit pour que l’actrice, malgré tout son talent puisse lui donner le relief nécessaire. Reste sa chaleureuse présence et ses indéniables qualités d’interprète. Par contre, la jeune Mélissa Boros, qui joue donc Alpha a une sacrée présence. Elle arrive avec une solide constance à nous amener par moment avec elle. La force de ses tourments arrive malgré l’inconsistance chronique de la narration à effleurer même le pire des cœurs de pierre d’un critique désabusé. Elle capte sacrément l’image et donne une identité à Alpha, et c’est déjà beaucoup au regard de tout ce qui ne fonctionne pas en parallèle. Au final, Alpha est ce petit accident industriel sans grande conséquence, car même les plus grands passent à côté à un moment. Il reste plusieurs vies entières à la réalisatrice pour retrouver la force initiale, c’est la beauté de l’art en général et du cinéma en particulier !

Titre Original: ALPHA
Réalisé par: Julia Ducournau
Casting: Mélissa Boros, Tahar Rahim, Golshifteh Farahani …
Genre: Drame
Sortie le: 20 août 2025
Distribué par: Diaphana Distribution
PAS GÉNIAL
Catégories :Critiques Cinéma, Festival de Cannes 2025, Les années 2020









































































































































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