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SYNOPSIS : Jessica, Perla, Julie, Ariane et Naïma sont hébergées dans une maison maternelle qui les aide dans leur vie de jeune mère. Cinq adolescentes qui ont l’espoir de parvenir à une vie meilleure pour elles-mêmes et pour leur enfant.
Normalement, les frères Dardenne nous racontent toujours dans leurs œuvres une trajectoire individuelle sauf dans le dernier Tori et Lokita en 2022. Rien que les titres mettent sur la voie : Rosetta (1999), L’Enfant (2005), tous deux lauréats de la Palme d’or, Le Fils (2002), Le Gamin au vélo (2011), Le Jeune Ahmed (2019), La Fille inconnue (2016). Ici, à travers les destins des 5 jeunes filles, jeunes mères, filmées dans l’ancrage de leurs turpitudes respectives, il s’agira de s’attacher à une galerie de personnage. Exercice de style qui va d’ailleurs permettre aux deux frangins de continuer à meubler la cheminée, car Jeunes mères repart de Cannes 2025 avec le prix du meilleur scénario. Un scénario qui s’appuie sur le réel, ce qui sans doute est aussi une façon pour le jury de venir souligner l’importance d’accompagner celles et ceux aux destins contrariés. A la lecture du pitch, impossible de ne pas penser à l’excellent Petites (2022) de Julie Lerat-Gersant, pour lequel l’action se déroule aussi en centre maternel. Comme dans Jeunes mères, on y retrouve la même authenticité dans la narration.

« Maman, c’est toi qui voulait un bébé pas moi« , entend-on de la part d’une ce 5 jeunes mères. Témoignage brut et fou de ce qui est parfois, l’inconséquence et la toxicité de leurs propres mères avec des pères évidemment eux absents. Jessica, Perle, Julie, Ariane et Naïma ont en commun d’avoir été élevées dans la carence. Et c’est aussi tout le constat du film, qui démontre avec beaucoup de finesse, d’élégance et jamais en tombant dans le pathos ou quelque chose de trop plombant à quel point on rejoue ce qu’on a toujours connu. Pour les filles de notre histoire, mal aimées, voire pas aimées du tout, elles se construisent avec ce manque originel et pourtant indispensable. Alors elles ne vont connaître à un moment que beaucoup d’échecs, ne partant avec les mêmes bases qu’une majorité écrasante. Et quand on a connu que ces échecs, quand tout à coup, le bonheur se pointerait, on va forcément le mettre à défaut, le refuser, c’est rassurant car on connaît. C’est l’auto-sabordage. Un vrai symptôme de vulnérabilité, disséqué dans le film, en toute pudeur, mais malheureusement dans son implacabilité.

Et puis Jeunes mères, ce sont des combats terribles, des quêtes d’amour toujours inassouvies et au final des juxtapositions d’impossibles. Vont alors pour les aider à faire tiers, médiatiser avec le reste de la société et apprendre à toutes les tous les pas de côtés, les bonnes fées tout le temps, les substituts même parfois, les professionnels de l’empathie. Les travailleurs sociaux qui tentent de réparer les bleus aux cœurs et aux âmes, dans ce centre maternel ou ailleurs, sous-payés, pas reconnus, juste quand les institutions veulent se pâmer de bonne conscience. A l’aune de la présence des professionnels auprès de ces jeunes filles, certaines scènes vont être déchirantes. Certaine des jeunes, quand elles sont en crise, en détresse, notamment d’abandon vont, en littéralement s’abandonnant dans les bras des éducatrices et soignantes, appeler leur mère. Elles se servent du corps de l’autre pour la chaleur, tout en hurlant leur désespoir. Bouleversant car tellement réel. Et puis si dur pour ces jeunes femmes de devenir mères, quand elles-mêmes ne sont pas considérés enfants et n’ont jamais été protégées par la leur. Pour déplier ce récit, les Dardenne utilisent leurs traditionnels plans séquences, ce qui permet de retrouver l’intensité que l’on aime tant dans leur façon de mettre en scène.

Au casting, ce sont bien sûr les 5 actrices Babette Verbeek, Elsa Houben, JanaïnaHalloy Fokan,Lucie Laruelle et Samia Hilmi qui sont impressionnantes et pour lesquelles il était tout à fait possible d’imaginer qu’elles puissent collectivement repartir avec le prix de l’interprétation féminine du Festival de Cannes 2025, c’est dire leurs respectives prestations. Il est difficile d’ailleurs de les démarquer, tant chacune porte en commun une véritable violence, une rage, et dans le même temps un fol espoir d’avancer. Au final, Jeunes mères, au-delà d’être une rupture dans la narration même des frères Dardenne, vient dans un vrai film de cinéma montrer toute cette difficulté pour ces jeunes femmes de pouvoir avancer, avec un tel poids du passé. Du cinéma qui permet très certainement moins de jugements faciles et plus de tolérance, et c’est déjà beaucoup !

Titre Original: JEUNES MÈRES
Réalisé par : Jean-Pierre et Luc Dardenne
Casting : Babette Verbeek, Elsa Houben, Janaïna Halloy Fokan …
Genre: Drame
Sortie le: 23 mai 2025
Distribué par: Diaphana Distribution
EXCELLENT
Catégories :Critiques Cinéma









































































































































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