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SYNOPSIS : Adapté du best-seller éponyme de Ken Kesey, Vol au-dessus d’un nid de coucou décrit, avec une précision quasiment documentaire, les traitements infligés aux patients dans les années 1960 : médicaments surdosés, douches glacées, électrochocs ou encore lobotomie. Mais ce pamphlet contre le fonctionnement des hôpitaux psychiatriques questionne aussi le sens de la révolte : pourquoi doit-on résister ? Jusqu’où peut-on s’opposer ? Où se situe la frontière entre l’héroïsme et la folie ? D’un côté, convaincue de faire le bien, miss Ratched applique les règles aveuglément et infantilise ses patients. De l’autre, McMurphy se bat pour leur rendre leur dignité quitte à défier les lois d’un système répressif et inhumain. Louise Fletcher et Jack Nicholson, tous deux oscarisés pour leur performance exceptionnelle, personnifient la confrontation entre l’individu et l’institution, placée au cœur d’une œuvre intense dont on ne sort pas indemne. Magistralement mis en scène par Milos Forman, un grand film, qui a marqué toute une génération.
Si Vol au-dessus d’un nid de coucou est devenu culte, c’est aussi du fait de son glaçant réalisme. Celui-ci au-delà de la virtuosité de la mise en scène, s’explique aussi du fait que le tournage s’est déroulé de Janvier à Mars 1975 dans un authentique hôpital psychiatrique de la ville de Salem en Oregon. Il est par ailleurs à noter que quelques figurants du film sont de véritables patients de l’hôpital ! Et le casting si puissant y apporte cette touche finale. Ce n’est rien de moins que 5 Oscars que le film a ravi à la cérémonie de 1976 dont celui du meilleur film. Il est à noter que Milos Forman, lui-même ayant échappé à un système répressif va adapter au cinéma ce livre que les majors companies ont refusé

Ce qui est aussi très violent dans ce chef-d’œuvre est la vision d’époque d’une certaine science, une certaine médecine, une certaine approche de la psychiatrie, cautionnées par tout un corps de métier, par une intelligence d’une ère pas si lointaine à qui il était impossible d’égratigner l’égo. C’est au final tout un totalitarisme en action. Une confrontation qui se concrétise par le fracassant duel en mode quasi western entre Miss Ratched et McMurphy. Ce dernier, entre sortie en bateau et fête clandestine redonne un visage humain à des patients qui se retrouvaient comme enfermés dans l’assignation du statut de la folie. Le totalitarisme que l’on verra à l’œuvre dans ses yeux, quand Miss Ratched ne peut supporter la moindre fantaisie à un quotidien ritualisé, la camisole chimique, la musique douce, qui semblent davantage la rassurer elle que de servir les patients.

Ces derniers vont se montrer sous un jour attachants, mordants d’humour et drôlement humain. Quand dans le bateau, McMurphy les présente tour à tour comme des docteurs, c’est une magistrale inversion qui vient interroger sur qui est fou et qui est soignant. On retrouvera cette humanité déchirante qui a été emprisonnée dans l’Eveil (1990), ou au moins là c’est le médecin qui tente la bienveillance. C’est aussi cette mise en image, au plus près des patients, de leurs réalités, de leurs stigmates, de leurs discussions parfois insensées, et dans l’exacerbation de leurs pires angoisses, qui impressionne et fige le spectateur. McMurphy, qui vole au-dessus du nid de coucou, c’est la vie qui s’introduit dans le royaume de la mort, dans cet enfer pavé de drôles intentions. Son excentricité, sa folie de vie à lui va être une explosion en réalité très politique, dans son message de l’apprentissage de la lutte contre le conformisme aseptisant et les intangibles dogmes. Milos Forman récite finalement une œuvre très universelle, car s’il s’agit ici de dénoncer les méthodes de la psychiatrie, c’est en fait une échappée salutaire à toutes les oppressions. Et a cet endroit, le film bouleverse totalement.

Comme ne pas dire que le casting est dingue !!! Entre certains figurants qui sont en effet assez loin à l’écran et pour cause, eux-mêmes véritablement empêchés dans leur expression, et les autres, les acteurs pros, là pour jouer les fous pas si fous, qui nous mettent en permanence le doute tant l’interprétation collective comme individuelle fut impressionnante. A ce jeu-là, les mimiques, cris et sensibilités au sommet de Christopher Llyod, Danny De Vito, Sidney Lassick, Vincent Schiavelli (qu’on n’a jamais oublié dans Ghost en 1990) et Brad Dourif sont profondément marquantes et s’ancrent en nous. Et la suite, c’est une histoire de double oscar, aussi bien pour Louise Fletcher que Jack Nicholson. La première dans son calme et sa presque douceur apparente qui à peine en se raidissant nous fait sentir qu’habite en elle la pire des bourreaux. Elle fait passer cette folie sadique et criminelle en bougeant juste parfois quelques sourcils. Une interprétation pleine, parfaite, flippante à souhait, une véritable incarnation, le visage du mal. Et bien sûr Jack Nicholson, qui dans le film est la vie. Ses facéties, ses provocations, c’est tout son corps qui expose la liberté et qui explose l’enfermement. Cette façon de nous perdre en jouant au fou, cette humanité quand il en prend véritablement en charge et même en amour ses compagnons d’infortune, c’est tout simplement du grand art, et encore un modèle de jeu pour des siècles et des siècles !! Milos Forman, délivre ici un chef-d’œuvre qui passe en un souffle car ce cinéma là c’est plus que de l’art, c’est de la liberté, c’est de la résistance et c’est au final de la vie.
Titre Original: ONE FLEW OVER THE CUCKOO’S NEST
Réalisé par: Milos Forman
Casting : Jack Nicholson, Louise Fletcher, William Redfield…
Genre: Drame
Sortie le : 1er mars 1976
Distribué par: –
CHEF-D’ŒUVRE
Catégories :Critiques Cinéma, Festival de Cannes 2025, Les années 70









































































































































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