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SYNOPSIS : À Yaoundé, le commissaire Billong enquête sur le meurtre d’un officier de police. Dans la rue comme au sein de sa famille, il peine à maintenir l’ordre. Homme de principe et de tradition, il approche du point de rupture.
Thomas Ngijol sur la Croisette : c’est l’un des objets ciné de cette Sélection Cannoise 2025 que l’on n’avait pas prévu mais qui fait tout de même redoutablement sens. S’il s’est au départ révélé réalisateur de comédies (on lui doit Case Départ, FastLife et Black Snake), c’est avec son premier virage dramatique – le polar camerounais Indomptables – que Ngijol ajoute son nom à la prestigieuse sélection parallèle de la Quinzaine des Cinéastes. Indomptables adapte librement le film documentaire Un Crime à Abidjan de Mosco Boucault, et raconte une enquête particulièrement singulière en transvasant l’intrigue à Yaoundé, au Cameroun. Le Commissaire Billong (Ngijol en personne) est appelé suite à un meurtre violent en pleine ville pendant une coupure de courant. La victime est l’un de ses collègues, un officier de police abattu à bout portant. Alors qu’il doit gérer à la fois une vie de famille mouvementée et le sursaut politique impliqué par un tel meurtre, Billong se lance à la recherche des coupables – quitte à tracer son propre chemin à travers la vérité. Pour ce rendez-vous cannois en grandes pompes, Thomas Ngijol compose un polar âpre qui distille quelques pastilles d’humour passager dans un drame filmé à échelle de son protagoniste, un commissaire de police/père de famille camerounais, homme d’autorité qui voit sa vie partir en spirale avec les conséquences de ce meurtre. Aidé par la photographie impeccable de Patrick Blossier, filmant les rues de Yaoundé avec ce qu’elles impliquent d’artifices, de beauté et de désordre (les coupures de courant qui ponctuent le film racontent des décisions politiques déconnectées et un manque de moyens).

Sans basculer dans la vision spectaculaire d’un flic sur la piste de ses meurtriers, Ngijol (qui réalise, signe le script et porte le visage de son protagoniste avec force et un charisme très justement dosé) reste à hauteur de ses enjeux, vissé sur ses personnages (Billong à la recherche de sa justice, sa famille qui s’effrite sous ses yeux, les suspects qu’il interroge en usant de la force…) pour raconter l’impunité de la police et une forme de cycle de la violence. En minimisant les effets stylistiques et les retournements tapageurs, restant concentré sur la simplicité de son propos et l’immersion dans le quotidien de son « héros », Indomptables propose un récit sobre mais efficace, qui a tendance à rester un peu trop en surface de ce qu’il raconte pour véritablement sortir du lot mais suffisamment précis pour offrir 1h20 tendue en plein Cameroun fracturé.

Indomptables raconte surtout le choix audacieux d’un réalisateur qui ne s’abandonne pas à la facilité en prenant le premier virage dramatique de sa filmographie avec un équilibre très bien trouvé. S’il ne perd pas son sens du dialogue pinçant et quelques trouvailles comiques assez redoutables, Ngijol assure un vrai polar brut de décoffrage et anti-sensationnaliste, une plongée réaliste dans la politique camerounaise et dans l’impunité des violences policières en filmant le cycle d’un homme qui se comporte de la même façon face à ses suspects potentiels en séquence d’interrogatoire qu’avec ses enfants.

Si le sujet du film aurait mérité d’être encore plus creusé, quitte à enfoncer le clou en soulignant sa portée politique davantage, Indomptables s’avère aussi âpre qu’intéressant dans sa proposition, un drame humain pointu et singulier qui marque – on l’espère – un renouveau très séduisant dans la carrière de son réalisateur/scénariste/interprète.

Titre Original: INDOMPTABLES
Réalisé par: Thomas Ngijol
Casting : Thomas Ngijol, Danilo Melande, Bienvenue Mvoe …
Genre: Policier
Sortie le: 11 juin 2025
Distribué par: Pan Distribution
TRÈS BIEN









































































































































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