Critiques Cinéma

QUI BRILLE AU COMBAT (Critique)

SYNOPSIS : Qui Brille au Combat est le sens étymologique du prénom Bertille, la plus jeune des deux sœurs de la famille Roussier, atteinte d’un handicap lourd au diagnostic incertain. La famille vit dans un équilibre fragile autour de cet enfant qui accapare les efforts et pensées de chacun, et qui pourrait perdre la vie à tout moment. Chacun se construit, vit comme il peut avec les exigences de ce rythme et les incertitudes qui l’accompagnent. Les parents, Madeleine et Gilles, la sœur aînée, Marion. Quel quotidien et quels avenirs pour une mère, un père, un couple, une adolescente que la responsabilité de sa cadette a rendu trop vite adulte ? Lorsqu’un nouveau diagnostic est posé, les cartes sont rebattues et un nouvel horizon se dessine…

On connaissait et appréciait Joséphine Japy actrice, vue notamment dans le très réussi Mon inconnue (2019) d’ Hugo Gélin. Elle passe ici à la réalisation, projet qui l’animait depuis longtemps, son père lui ayant par ailleurs transmis cette passion pour le cinéma. Et pour une première, elle débarque à Cannes en cette année 2025 avec Qui brille au combat où elle nous conte une histoire très personnelle. Coécrit avec Olivier Torres, le film s’inspire de son histoire familiale, et notamment de sa relation avec sa sœur, atteinte du syndrome de Phelan-McDermid. La cinéaste a beaucoup insisté sur sa volonté d’être à bonne distance de sa propre histoire, en ne tombant jamais dans le pathos tout en ne voulant pas afficher une trop grande pudeur. Un fil particulièrement ténu, et disons-le d’emblée, le pari est réussi. On est tout sauf dans ce qui ressemblerait un téléfilm larmoyant comme le septième art sait parfois en délivrer sur ce genre de sujet. Simplement, Joséphine Japy raconte, se raconte avec un sens de la vérité qui tient largement l’épreuve du passage sur grand écran. La puissance empathique est totale et quiconque est confronté de près ou de loin au handicap s’y retrouvera largement, dans notamment la valse des émotions paradoxales, l’amour et la lassitude qui s’entremêlent, avec la force de se l’admettre. Et c’est dur.


Marion (donc Joséphine Japy) dit à un moment au sujet de Bertille « même la mort elle ne la sentirait pas« . Violent mais évidemment on comprend. Marion est parfois entravée dans sa propre construction avec cette sœur qui prend tellement de place. Bertille qui crie, qui pleure, qui danse et qui rit, parfois tout ça en même temps et jamais vraiment quand on s’y attend. Pour autant Marion au-delà de se sentir étouffée, profite parfois de la liberté qui lui est laissée tant Bertille est au centre, pour allez faire ses expériences d’une jeune fille de 17 ans, parfois dans la douleur. Mais au-dessus de tout, elle aime sa sœur, profondément, et d’un véritable amour instinctif et bestial, celui d’une sœur. Juste la nuit, elle rêve que Bertille lui parle. Le carcan familial est parfois lourd, mais elle arrive à s’en extirper quand il le faut, tout en étant le cœur battant de la cellule. Le courage portant toujours le nom de la mère, Madeleine se consacre pleinement à Bertille, elle la regarde, lui parle, écoute ce que sa fille ne sait et ne peut dire, elle l’apaise, la papouille et intervient physiquement quand il n’y a plus le choix et que l’intégrité physique de Bertille est en jeu. Elle aime sa fille, évidemment au point du sacrificiel oubli. Bertille, c’est comme s’il il fallait l’aimer encore plus que les autres. Et puis Bertille, elle est belle, on la devine facétieuse, et si les mots ne sont pas présents, évidemment il y a tout le reste. Et puis on ne sait pas si Bertille va vivre longtemps, donc chaque jour est une fête. Quand Gilles, le père est là, ce qui est bien rare, fuyant comme il le peut mais sans que nous ayons la moindre envie de le juger, alors la famille au complet est infiniment touchante et drôle. Comme cette scène hilarante du restaurant où ils n’empêchent pas trop Bertille d’aller se servir dans les plats des autres clients pour qu’elle en ramène un peu, surtout quand le tiramisu du voisin est appétissant. On peut rire de tout mais pas avec tout le monde, on sait.

La mise en scène comporte nombre de joliesses, parfois un peu naïves, mais c’est ici le charme qui l’emporte. C’est quelquefois un peu sage presque, avec des émotions qui auraient pu encore s’exacerber davantage. C’est aussi une action qui se déroule au cœur d’une famille où les moyens sont là pour la bonne prise en charge De Bertille. Mais tant mieux pour eux, c’est le contraire qui est amoral.

Au casting, bien sûr Mélanie Laurent en mère combattante, car clairement avec Bertille, c’est parfois un combat au sens propre du terme, est juste parfaite. On savait l’étendu du registre et ici elle est habitée par son rôle avec une évidente envie de le défendre. Mais c’est aussi et surtout deux talents impressionnants qui émergent : Sarah Pachoud dans le rôle de Bertille, avec un rôle qui n’est jamais anodin. S’enfermer dans la bulle d’une maladie qui la prive de l’expression directe de toute émotion est un défi spectaculaire. La jeune actrice le relève sur un mode véritablement impressionnant. Bertille est omniprésente sans être vraiment là pour autant. Puissant, fort. La mention aussi pour Angélina Woreth, qui est une Marion tellement en phase avec les codes de la génération qui est la sienne. Elle épouse son personnage avec une générosité et une classe qui sont les marqueurs de grands succès à venir, c’est une certitude. Sa présence est déjà totale et forcément, on a hâte de la retrouver. Au final, Qui brille au combat est un vrai film de cinéma, c’est tendre et âpre comme il faut. Un film qui passe aussi des messages et nous transmet comme une pureté dans les émotions, et c’est déjà beaucoup !

Titre Original: QUI BRILLE AU COMBAT

Réalisé par: Joséphine Japy

Casting :  Mélanie Laurent, Pierre-Yves Cardinal, Sarah Pachoud …

Genre: Drame

Sortie le: Prochainement

Distribué par: Apollo FIlms

 TRÈS BIEN

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