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SYNOPSIS : Alors que son compagnon vient de mourir, Kika réalise avec stupéfaction qu’elle est enceinte. Complètement fauchée et le cœur en bouillie, elle hiérarchise ses priorités : 1- sortir de la mouise. 2- réfléchir à garder ou non cet enfant.
Premier long métrage de fiction d’Alexe Poukine, Kika est présenté au Festival de Cannes 2025 dans le cadre de la Semaine de la Critique. Une jolie entrée fracassante pour une première ! La réalisatrice s’est déjà joliment illustrée dans le documentaire. Notamment Dormir, dormir dans les pierres, Sans frapper et Sauve qui peut ont gagné de nombreux prix, dans des festivals par ailleurs prestigieux. Elle réalise Palma en 2020, moyen métrage qui lui aussi récoltera des prix ! Ici, Kika, sous ses airs farouches, c’est surtout un drame, mais avec une grande douceur qui surprend. Les péripéties folles, farfelues et parfois bien glauques de Kika vont nous amener avec elle dans des situations au bas mot singulièrement cocasses tout le temps, salaces souvent ! En particulier quand elle se retrouve en prostituée domina à changer des couches à des hommes qui veulent soit être humiliés, soit revivre les autorités maternelles égarées. Du burlesque qui nous fait marrer, mais jamais en se moquant, quand notamment ces hommes se confessent auprès d’elle sur des préférences considérées comme douteuses. Mais comme dit la copine prostituée de Kika qui fouette avec elle tout ce qui bouge de soumis : « T’en connais toi des gens normaux ?« .

Il y e beaucoup de tendresse chez Kika, qui quand elle va vivre ce profond drame de la perte tragique de l’autre va voir son monde s’écrouler et devoir faire, mais surtout subir, des choix radicaux. De maman solo, elle passe à travailleuse du sexe BDSM. Avec donc les extras susnommés, mais aussi des options comme vendre du poisson et surtout devoir retourner chez sa mère et surtout son beau-père… Ce Jean-Pierre complètement névrosé qui sait tout, qui a tout vu, juste car lui aussi il est veuf et qu’avant tout le monde, il a posé des tomates sur des spaghettis faisant de lui un chef !! Tout est un peu ça dans Kika, une folle farandole continue, avec des galeries de personnages aussi loufoques les un-e-s que les autres mais que l’on va à chaque fois comprendre, et auprès de qui on va pourvoir s’arrimer, s’ancrer, trouver des attaches. C’est aussi la puissance du collectif, toujours les autres, qui permettront à un moment à Kika de redresser la tête face aux injustes adversités. On est un peu chez un certain cinéma de Guiraudie, avec la vie comme quelque chose d’assez haletant et pleine de surprises, et son lot d’inattendus qui sont parfois autant de bizarreries. Avec parfois presque du trop plein, car on ne se pose pas beaucoup quand même. Mais c’est aussi car la vie laisse peu de répit à Kika. Clairement, au-delà de la farce, c’est bien sûr un profond drame qui se joue comme l’explique Alexe Poukine : « À une époque, ayant quatre mois de loyer de retard, j’ai commencé à passer en revue les possibilités de gagner de l’argent rapidement. Une option alors parfaitement inenvisageable m’a traversé l’esprit : la seule chose monnayable qui m’appartenait encore était mon corps. Grâce au financement de mon second documentaire, je n’ai pas eu à répondre de façon concrète à ces questions. D’une certaine façon, Kika est la femme que j’imagine que j’aurais été, si je n’étais pas devenue réalisatrice. «

Et c’est parfois là que les femmes s’effondrent, ou s’enfoncent dans une chute sans fin, un abime dangereux avec à nouveau le risque de la perte. Mais quand même, le collectif de prostituées, de ses amis, et sa mère et même l’affreux Jean-Pierre vont être là pour soutenir, chacun dans ses propres failles la tendre Kika. C’est aussi un message d’espoir, quand les juxtapositions de névroses permettent parfois le beau, le sauvetage, l’avenir.

Au casting, il ne va pas falloir oublier le nom de Manon Clavel, tantôt bouleversante, hilarante et qui donne pleinement vie à l’incessante activité de son personnage. C’est aussi une vraie voix de cinéma, une voix forte et claire, comme sa présence. Le reste du casting est très engagé, mais on saluera notamment Bernard Blancan, tant en effet il incarne avec justesse ce Jean-Pierre qui nous rend dingues !! Au final, Kika est assez jubilatoire et foisonne de douces dingueries. Un vrai moment de haute réjouissance devant le grand écran !

Titre Original: KIKA
Réalisé par: Alexe Poukine
Casting : Manon Clavel, Ethelle Gonzalez Lardued, Makita Samba …
Genre: Drame
Sortie le: 12 Novembre 2025
Distribué par: Condor Distribution
TRÈS BIEN
Catégories :Critiques Cinéma, Festival de Cannes 2025, Les années 2020








































































































































