Critiques Cinéma

PROMIS LE CIEL (Critique)

SYNOPSIS : Marie, pasteure ivoirienne et ancienne journaliste, vit à Tunis. Elle héberge Naney, une jeune mère en quête d’un avenir meilleur, et Jolie, une étudiante déterminée qui porte les espoirs de sa famille restée au pays. Quand les trois femmes recueillent Kenza, 4 ans, rescapée d’un naufrage, leur refuge se transforme en famille recomposée tendre mais intranquille dans un climat social de plus en plus préoccupant.

« Rendre visibles les invisibles« , comme un mantra pour la réalisatrice Erige Sehiri. Un film qui va aussi sonner comme une ode à l’enfance, car c’est particulièrement la présence de la petite Kenza qui va encore plus faire lien entre les femmes. Une enfant qui n’était pas prévu au départ de l’écriture, mais le décès d’une fillette de 5 ans lors d’un naufrage de migrants en mer méditerranée aura bouleversé la cinéaste qui tente quelque part ici, de la faire vivre.  Comme dans l’excellent Sous les figues (2022) de la même autrice, c’est ici un film choral, avec des femmes fortes, qui transmettent avec une folle énergie cette force. Sauf que cette force-là, pourtant de nature à tout emporter ne suffira pas face à l’inexorabilité de la fragilité du statut de réfugié. Si les personnages de son film ne s’abritent plus sous les figues, Promis le ciel se veut forcément plus sombre, plus désespérant.


Avec presque un air de déjà vu mais qui ne peut pas être un reproche au film tant ce sujet semble malheureusement sans fin, inépuisable. Ici c’est l’inhospitalité de la Tunisie qui est sous l’œil de la caméra, mais c’est partout pareil, et plus près de nous, on connaît ça par cœur. Il suffit de se remémorer l’histoire de Souleymane et tous les autres bien sûr, ou d’allumer une des chaînes d’infos à n’importe quelle heure pour y voir tel ou tel autre excité nous expliquer que le migrant est le coupable. Mais ici, on est avec elles, avec ces femmes, ces portraits, autant d’espoir que de failles, juste l’humanité en fait, ni pire ni mieux. Si le récit perd parfois en vivacité dans sa narration, alternant des scènes puissantes qui retombent parfois, peu d’importance car c’est à l’image de la vie, jamais pleinement linéaire et heureusement. Mais c’est aussi pour faire la part belle aux personnages dans toute leur humanité, leur foi en dieu, à l’avenir, en l’autre et souvent pas dans le même ordre. Même si on aimerait parfois plus d’intensité, freinée par une peur d’en faire trop et de se répandre, presque un excès de pudeur. C’est aussi pour contourner le stéréotype du pathos. C’est un fil permanent sur lequel tient pour autant avec cohérence Promis le ciel.

Les femmes de Promis le ciel sont toujours comme en veille du fait de la précarité de leur statut. On y voit à quel point la légèreté est éphémère, une sidérante privation de liberté au quotidien. C’est le cœur du film, l’entrave permanente, l’impossibilité d’accrocher un avenir. L’intranquillité devient une permanence, la tragédie une option bien trop crédible. Entre Naney qui risque tout un peu tout le temps, Jolie qui incarne une forme d’avenir, mais forcément sous pression, Marie qui place ses espoirs dans ses croyances, va venir se glisser une autre rescapée, d’autant plus désespérée et qui le nomme avec les codes de son âge, la petite Kenza. Touchante à souhait, sans tomber le larmoyant, son personnage incarne à elle seule la terrifiante brisure de l’insouciance. Celles qui lui tendent la main et la prennent dans leurs bras étant elles-mêmes soumises à des chroniques incertitudes, cette reconstitution de l’amour filial qui devrait pourtant être un minimum, n’est lui-même jamais sécure, et c’est terrible.

Au casting, le trio de femmes est très puissant, complémentaire et engagé. On connaît déjà bien toutes les qualités de Aïssa Maïga, qui incarne ici une forme d’autorité intellectuelle, morale et religieuse. L’actrice en a largement la stature. Laetitia Ky, dans le rôle de Jolie est une vraie présence !! Elle magnétise la caméra et fait passer beaucoup même en peu de temps. Deborat Christelle alterne quelques excentricités et beaucoup de désespoir, toujours avec la même authenticité. Au final, Promis le ciel vient comme tant d’autres avant lui et certainement après, témoigner de l’humanité qui se meurt dans une réciprocité pour ces trois femmes qui elles en débordent. Ces films utiles ne seront jamais malheureusement jamais de trop !

Titre Original: PROMIS LE CIEL

Réalisé par: Erige Sehiri

Casting : Aïssa Maïga, Laetitia Ky, Deborat Christelle Naney …

Genre: Comédie dramatique

Sortie le: Prochainement

Distribué par: Jour2fête

 TRÈS BIEN

Laisser un commentaire