
SYNOPSIS : Face à la détresse d’une jeune mère et son fils, une infirmière décide de tout mettre en œuvre pour les aider, quitte à défier sa hiérarchie.
Laura Wandel, la réalisatrice de L’intérêt d’Adam revient cette année en 2025 sur la Croisette puisqu’elle a déjà eu le prix de la critique internationale (prix Fipresci) en 2021 pour Un monde. Dans ce dernier, on pouvait déjà voir sur un mode spectaculaire émotionnellement comment les enfants peuvent être livrés à eux-mêmes dans une cour d’école. La cinéaste vient encore nous parler de l’enfance et de ses souffrances. Un geste déjà précieux, voir même salutaire dans ces moments où l’enfance, la minorité, ne sont regardés que sous un prisme punitif lénifiant de stéréotypes qui rassurent des adultes inconséquents. Avec Laura Wandel, l’enfance est comme un sacre permanent. L’enfant et son intérêt. Celui d’Adam ici est questionné par tous ces adultes autour de lui. Et comme très souvent dans un moment où toute la salle va retenir son souffle, c’est un petit bonhomme de 4 ans qui va réussir à se faire entendre en une phrase qui dit tout, et d’une voix qui devrait faire taire l’odeur du sang et de la poudre de tous les dictateurs du moment. L’émotion est alors au plus fort et les sièges en pleurent encore. Même si fort de son envie de vivre, Adam s’inquiète autant pour sa mère que le contraire, et forcément c’est un problème. Sauf que c’est ici la grande force et la troublante justesse de L’intérêt d’Adam, avec une caméra toujours à bonne distance et un message qui vient nous dire que jamais dans une telle complexité une seule vérité va émerger. Un film jamais manichéen, toujours dans l’authenticité de son intrigue. Chacun va surtout faire ce qu’il peut dans sa mission, rôle et avec ce qu’il est. Jamais le spectateur n’est amené à juger, toujours le spectateur voit son intelligence respectée.

En parallèle de sa rare intelligence, L’intérêt d’Adam est renversant d’émotions. On a envie comme Lucy de prendre cette mère par la main, mais à force qu’elle en fasse n’importe quoi, on est tellement démunis. Mais cette mère, peut-on l’écouter, tant malgré tout l’amour qu’elle porte à son enfant elle le met quand même en danger. C’est toute l’épineuse question de la limite, de la zone grise de la prise de risque, qu’on ne retrouve pas dans les textes et la procédure. Il y a toujours à un moment une subjectivité. L’amour que sa mère porte à Adam est évident, c’est indispensable mais pas toujours suffisant.

Et ce petit bonhomme qui tend ses bras, car il ne demande qu’à être pris pour ce qu’il est, un ange à protéger. C’est bouleversant. Les sièges pleurent toujours. Ce petit bonhomme parmi tant d’autres à qui Lucy et ses équipes essayent d’apporter toute l’aide qu’elles peuvent. A nouveau un silence glaçant de tout le cinéma à la vue de cette autre jeune fille de 10 ou 11 ans, avec un hématome énorme à la joue, servant de souffre-douleur à son père. C’est aussi un des graal de L’intérêt d’Adam. Venir montrer que ce que nous avons de plus précieux, nos seuls dieux, quand ils sont blessés, ne bénéficient même pas du minimum institutionnel en termes de bienveillance. Dans un mode aseptisé qui pense que soit les enfants ne comprennent rien ou alors sont uniquement vus sous l’angle de leur violence, ce film fait du bien. Dans monde ou 85% du temps des juges des enfants est d’abord consacré à les protéger de la violence des adultes bien plus que toute autre lubie du moment, ce film est un cri de vérité.

Le casting est porté par deux femmes fabuleuses chacune dans ce qu’elles tentent. Pour les incarner, deux actrices fabuleuses. Léa Drucker sans jamais vouloir jouer les super héroïnes se fera fatalement rattraper par le syndrome de la sauveuse. Elle prendra des risques pas toujours calculés, essayera de prendre chacun-e- dans sa vérité et il apparaît que l’actrice y met toute son humanité, toute sa vérité, ça se voit, et on ne voit plus que l’infirmière. C’est un cadeau. Et c’est Noël car dans le rôle de la maman, Anamaria Vartolomei est au diapason. Elle incarne tous les impossibles de cette femme que l’on devine si meurtrie, de cette mère que l’on perçoit autant aimante qu’inconséquente. Il n’y a plus d’actrice mais une femme qui nous amène où elle veut. Sublime. Et au casting ce petit bonhomme de 4 ans, et ses bras, que l’on veut épouser, ce sont les bras de l’espoir face à la barbarie ordinaire d’un monde qui se meurt. L’intérêt d’Adam est d’utilité publique mais aussi d’une force émotionnelle tellement puissante. A voir d’urgence. Les sièges ne s’arrêteront jamais de pleurer.

Titre Original: L’INTÉRÊT D’ADAM
Réalisé par: Laura Wandel
Casting: Léa Drucker, Anamaria Vartolomei, Alex Descas…
Genre: Drame
Sortie le: 17 Septembre 2025
Distribué par: Memento

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Catégories :Critiques Cinéma









































































































































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