Critiques Cinéma

LES ESPRITS LIBRES (Critique)


LES ESPRITS LIBRES, c’est l’histoire d’une folle aventure où patients atteints de la maladie d’Alzheimer et soignants se rejoignent pour vivre une expérience thérapeutique unique faite de théâtre, de musique et de poésie. Dans cette grande maison ouverte, l’accompagnement prend une tout autre forme : plus de blouses blanches ni de couloirs aseptisés mais des esprits libres et bien vivants.

Les Esprits Libres est le troisième volet d’une trilogie réalisé par Bertrand Hagenmüller sur l’accompagnement de la maladie d’Alzheimer, après Prendre Soin (2019) et Première Ligne (2022) sur la période de la pandémie. Les esprits libres, c’est un documentaire, c’est un film, c’est une aventure qui a fait l’objet d’une étude scientifique révélant une nette amélioration de la santé globale des patients et de la qualité de vie au travail des soignants. A ce sujet, le réalisateur nous dit : « On peut le regarder comme une histoire, un conte, fait de personnages, surprenants, drôles, émouvants qui se lancent dans une folle aventure. Mais on peut aussi le lire comme une proposition de transformation en profondeur du système actuel d’accompagnement des personnes atteintes par la maladie d’Alzheimer. » Documentaire mais proche de la fiction notamment par sa mise en scène, l’image tout en douceur et poésie du chef opérateur Julien Gidoin, permettent de vraies images de cinéma au service du réel.


Mais Les esprits libres, c’est surtout ce sens de l’autre, cette grâce dans l’humanité. Ça se gagne par l’affection avec un lien entre patients et soignants qui passe par le touché, le frôlement, la sensation. C’est tout l’art du faire ensemble. Car avant d’ouvrir au théâtre, à la musique et la poésie, oui les aidants, les professionnels sont déjà de véritables artistes de l’humanité. Ce sont aussi ces moments jamais pathos, faciles ou voyeuristes mais toujours touchants de patients qui se perdent chez soi, qui se savent et se voient dépérir, dans cette terrible conscience d’assister à son propre déclin. Comme des vies hors du temps, ou mieux encore, c’est « être à coté de soi » comme dit l’une d’entre elles, avec ce terrible sentiment d’inutilité après des vies tellement remplies. Les réponses vont être la joie, les rires, les fous-rires. C’est pour le soignant parfois entrer dans le délire, mais ne pas l’entretenir. Juste, on entre dans l’histoire du patient, qui devient juste l’autre. Car les ramener à la réalité est violent. Aussi car notre réalité est infiniment violente. C’est le fil permanent terriblement ténu pour les soignants, avec patience et empathie en bandoulière.

Et puis Les esprits libres, c’est aussi des moments inoubliables. Avec entre autres cette séquence sur La Javanaise, cette douceur, une véritable poésie du lien, c’est suspendu et juste sublime. C’est une constante communion où les résidents ont aussi besoin de savoir que les soignants vont bien. C’est un lieu où tout le monde veille sur les autres. C’est un lieu où se débrouiller, c’est enlever le brouillard.  C’est aussi toute cette musique, cette danse, ce théâtre, ces outils universels qui toujours créent de la liberté, de l’égalité et de la fraternité. La maladie s’efface et alors il demeure la grâce de moments tour à tour drôles, émouvants, de la vie comme s’il en pleuvait. Et ce constat évident, mais tellement salutaire que quand on prend le temps et que les soignants sont assez nombreux pour le faire, tout le monde va mieux. C’est autant de l’humanité que de la science finalement. C’est surtout l’exception là où ça devrait être la règle.


La bande son contribue aussi au lyrisme de l’ensemble avec Tom Georgel qui a composé la bande-originale du film, et musique de fin signée Nach (Anna Chedid) et le titre Ce qu’ils deviennent, interprétée par toute la famille, Louis Chedid, M, Nach et Joseph Chedid.
Le casting évidemment, car on est dans le vrai, et qu’ils sont beaux, et encore plus sur grand écran les soignants et patients, dans cette communion qui se confond. Avec encore d’autres moments éclatants de poésie et ce que les résidents écrivent comme étant leurs souhaits. Morceaux choisis :
« Je nous souhaite de nous envelopper dans la beauté ».
« Je nous souhaite du théâtre, de la musique, de la joie ».
« Je nous souhaite des fêtes où tout le monde est invité ».
« Je nous souhaite d’être heureux dans l’absence ».
« Je nous souhaite d’aimer vraiment et de savoir ce que ça veut dire ».
« Je vous souhaite de vous emparer de la tendresse dès que possible ».
Je vous souhaite l’enfant que j’ai bercé ».
« Je vous souhaite l’horizon et puis l’éternité ».
Les esprits libres fait partie des films qui devraient être diffusés à nos chers décideurs. D’utilité publique, c’est un grand moment de cinéma et d’émotion. Et s’il faut courir en salle, c’est aussi car Les esprits libres, c’est infiniment de l’espoir !

Titre Original: LES ESPRITS LIBRES

Réalisé par: Bertrand Hagenmüller

Casting: – l…

Genre: Documentaire

Sortie le: 30 avril 2025

Distribué par: Aloest distribution

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