Critiques Cinéma

L’AMOUR C’EST SURCOTE (Critique)

SYNOPSIS : Diagnostiqué “nul avec les meufs” depuis son plus jeune âge, Anis mène une existence charnelle placée sous le signe du calme plat. Trois ans jour pour jour après la perte d’Isma, son meilleur ami et mentor, il prend son courage à deux mains et se décide enfin à sortir faire de nouvelles rencontres. Sauf qu’en abordant Madeleine, Anis ignore que débute une grande aventure. Un truc inattendu. Un truc qui s’appelle “l’amour”.

Surprise ou pas surprise, il s’avère qu’on tient probablement avec L’Amour c’est surcoté un très intelligent renouvellement du genre éculé de la romcom moderne. Adapté du roman du même titre par son auteur – désormais réalisateur – Mourad Winter signe une petite merveille sortie de nulle part (et par nulle part on entend un excellent retour au dernier Festival de l’Alpe d’Huez, rien que ça). Le film raconte les pérégrinations amoureuses d’Anis (génial Hakim Jemili, prouvant à nouveau sa super capacité à tenir une tête d’affiche), célibataire récidiviste un brin branque avec les filles – ses maladresses, son humour grinçant et ses références de drague datées ne lui font pas vraiment de bien. Lorsqu’un jour il tombe sur Madeleine (la toujours brillante Laura Felpin) au détour d’un vestiaire de boîte de nuit, Anis tente sa chance. Son objectif : conclure. Mais la nature de la relation qui va se dessiner entre les deux protagonistes ne sera pas forcément celle à laquelle Anis pensait…


Ce pitch, on le connaît. On l’a déjà vécu, maintes fois sous maintes formes. La comédie romantique nous a déjà raconté pléthores de relations perdues d’avance, lesquelles se goupillaient systématiquement pour nourrir son spectateur d’une happy end qui le faisait sortir du cinéma avec le plaisir d’un « tout est bien qui finit bien ». Mourad Winter est un enfant de cette nouvelle génération de cinéastes – des gens de leur temps, aux esprits plus métas, plus autocritiques, plus conscients d’eux-mêmes, pour le meilleur comme pour le pire. L’Amour c’est surcoté est taillé pour son époque, une romcom next gen qui prend le temps d’installer les maladresses de ses personnages principaux pour mieux les amener à prendre conscience de leurs défauts. Anis est un célibataire endurci, un « loser magnifique » purement cinématographique, un blagueur sarcastique et aigri qui taille les autres (et surtout lui-même) pour éviter les moments gênants. Il traîne avec sa bande de potes de jeunesse, de sacrés personnages qui le confortent dans une certaine idée de la masculinité moderne. Lorsque Madeleine débarque (par un jeu de ping-pong verbal savoureux), le monde d’Anis se complexifie. Il cherchait à conclure avec une fille : le voilà à ressentir des sentiments qu’il avait jusque là tenté de fuir.

Ce chemin est alors teinté d’émotions diverses, et c’est là que le film trouve son vrai cœur. Balançant entre humour potache/blagues grivoises (le personnage de Benjamin Tranié est un franchouillard ouvertement raciste/homophobe/antisémite/bref tout le monde y passe dans une ironie tranchante qui flirte de manière hilarante avec le mauvais goût), instants de complicité lumineux (l’alchimie entre Laura Felpin et Hakim Jemili est tellement évidente qu’on assiste peut-être déjà à l’un des couples de cinéma les plus mémorables de l’année) et mélancolie douce (le personnage d’Anis est heurté par un drame dans son passé que Winter écrit de manière frontale avec une émotion diffuse redoutable), L’Amour c’est surcoté est une promesse de comédie foutraque qui s’assume de part en part, distillant ses émotions derrière ses incroyables lignes de dialogues fourmillant de répliques too much et de one-liners à pleurer de rire.

Dans une excellente surprise qui ne peut laisser insensible, Mourad Winter fait naître son livre à l’écran avec très grand talent, un premier film absolument délicieux et intelligemment moderne qui réfléchit à la masculinité tout en parlant d’amour, de deuil, d’inégalité sociale, d’amitié et d’ouverture d’esprit. Derrière la performance lumineuse de Laura Felpin et celle brillante et bien dosée d’Hakim Jemili, L’Amour c’est surcoté offre une approche rafraîchissante et audacieuse des codes de la comédie romantique pour venir imprimer la vision de l’amour par sa génération, pour sa génération. Une œuvre bienveillante et euphorisante, une touchante psychanalyse qui s’avère aussi généreuse que bouleversante, et qu’on ne se gardera pas de revisiter au besoin…

Titre Original: L’AMOUR C’EST SURCOTE

Réalisé par: Mourad Winter

Casting :  Hakim Jemili, Laura Felpin, Benjamin Tranié…

Genre: Comédie, Romance

Sortie le: 23 avril 2025

Distribué par: StudioCanal

EXCELLENT

Catégories :Critiques Cinéma

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