Critiques Cinéma

LA LÉGENDE D’OCHI (Critique)

SYNOPSIS : Dans un village isolé des Carpates, Yuri, une jeune fille élevée dans la crainte des mystérieuses créatures de la forêt appelées Ochis, se voit interdire de sortir après la tombée de la nuit. Un jour, elle découvre un bébé Ochi abandonné par sa meute. Déterminée à le ramener auprès des siens, Yuri va défier les interdits et s’engage dans une aventure extraordinaire au cœur des secrets de la forêt.

Nouvelle petite proposition de genre estampillée A24, première réalisation du metteur en scène américain Isaiah Saxon, La Légende d’Ochi raccroche avec ses inspirations. A la fois conte de fée naturaliste, histoire de monstre sympa et récit initiatique à tendance bizarroïde, on pense fort à E.T., à Miyazaki, à Zelda, le tout gonflé aux visuels caractéristiques des films de fantasy montés dans les années 80-90 avec des marionnettes et des maquettes pleines d’imagination façon Willow et Dark Crystal. Et si son approche visuelle rafraîchissante et son envie tenace de faire vivre le cinéma artisanal d’antan parviennent parfaitement à conter cette histoire, La Légende d’Ochi n’est pas de taille lorsqu’il s’agit de son scénario trop linéaire et de son rythme pas assez arrêté qui empêche souvent l’émotion de décoller.

A son démarrage, le film raconte l’histoire de Yuri, une jeune fille élevée dans un village entouré de forêt. Dans cette forêt, les Ochis rôdent, et Yuri a été entraînée toute son enfance à haïr ces petites créatures et à les chasser. Lorsqu’un jour elle tombe sur un bébé Ochi blessé, elle se met en tête de le ramener sain et sauf à sa maman. Mais son paternel (Willem Dafoe en armure, il faut le voir pour le croire) se lance à ses trousses pour la ramener chez eux.

Alerte mignonnerie : le bébé Ochi que Yuri « adopte » dans le film, avec ses grandes oreilles et ses yeux globuleux, pourrait bien faire de l’ombre à un certain Bébé Yoda (Grogu pour les intimes). Fruit d’un travail de marionnettes, de maquettes et d’animatroniques assez saisissant, La Légende d’Ochi forme son principal argument dans ses trouvailles esthétiques. Habité par ses décors faits mains, ses matte-paintings qui élargissent les plans d’exposition, la composition des VFXs et des effets spéciaux plateau, Isaiah Saxon propose avec son premier long-métrage une plongée savoureuse dans l’amour du cinéma fabriqué en détail, une création artisanale touchante d’ampleur et de créativité qui force l’admiration. Devant ces beaux décors, on trouve un casting épique (et c’est le cas de le dire), de la naïveté aventureuse de notre protagoniste campée par la jeune Helena Zengel au zèle troublant d’un Willem Dafoe qui visiblement n’a reçu aucune direction particulière tant son personnage part dans tous les sens (pour le meilleur et pour le moins meilleur, mais c’est de Willem Dafoe dont il est question après tout).

Mais le plus gros bémol qui trouble l’équilibre du film, c’est le manque d’engagement d’un scénario qui se repose cruellement sur ses artifices au lieu de creuser comme le mériterait une telle histoire. La Légende d’Ochi manque malheureusement d’une bonne dose d’audace et d’inventivité à ce niveau-là, et lorsqu’on voit les gesticulations redoutablement délicieuses de Willem Dafoe dans son armure chatoyante, on se dit que c’est terriblement dommage. Il y a dans le film tous les ingrédients nécessaires à un décollage émotionnel digne de ses inspirations (entre Disney, Miyazaki, Dragons et autre production Amblin), mais on sera forcé d’avouer que malgré tout : la magie ne prend pas. L’émotion reste en surface de ses personnages, sans véritable substance, et l’on comprend vite que le film offre surtout une expérience esthétique unique – à défaut d’une vraie plongée en plein rêve, comme on l’aurait aimé. On ne se refusera cependant pas une aventure pétillante en plein dans le registre du merveilleux – un registre récemment très oublié par le cinéma, et l’on chérit les quelques propositions qui s’y jettent (foncez voir, si ce n’est pas déjà fait, le délicieux Riddle of Fire de Weston Razooli sorti l’an passé). Si ce coup d’essai n’est pas encore suffisant pour marquer durablement les esprits par sa vision, La Légende d’Ochi donne cependant terriblement envie de voir quelle direction prendra la carrière d’Isaiah Saxon, car ce sympathique mais frustrant exercice de style pourrait bien cacher une future pépite en attente.

Titre Original: THE LEGEND OF OCHI

Réalisé par: Isaiah Saxon

Casting : Helena Zengel, Willem Dafoe, Emily Watson .…

Genre: Aventure, Famille, Fantastique

Sortie le : 23 avril 2025

Distribué par: KMBO

BIEN

 

 

 

 

 

 

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