RAPIDE (Critique)

Par William François le avril 18, 2025 • ( Poster un commentaire )

SYNOPSIS : Max a toujours aimé aller vite. Elle ne sait pas faire autrement. Alors quand elle découvre le karting, c’est une évidence : elle sera championne de F1. Les compétitions juniors s’enchainent, les victoires aussi. Pourtant, à 17 ans, aucune écurie ne la retient. Sa faute principale : être une jeune femme dans un sport d’hommes. Face à ce monde qui lui tourne le dos, seul un ancien pilote de deuxième zone totalement fantasque croit encore en son potentiel. Un seul but : faire de Max la plus rapide.

Pour leur dernière collaboration ensemble, le réalisateur Morgan S. Dalibert et le comédien Alban Lenoir avaient investi Netflix pour l’actioner bien bourrin Aka, où Lenoir sortait les muscles dans une montagne de castagnes et de gunfights en tout genre. Grand écart, Dalibert se retrouve à nouveau derrière la caméra, cette fois-ci pour la salle de cinéma, et emporte le comédien dans un film de course automobile aux ambitions populaires. Rapide suit Max (Paola Locatelli), une jeune pilote fascinée par la vitesse. Championne dans son enfance, un accident lui fait rapidement raccrocher le casque. Quelques années plus tard, Max est rattrapée par sa passion lorsqu’elle rencontre Stan, un ancien pilote star de F1 qui va devenir son mentor et son coach. Pour Max : direction les championnats de F3, un milieu dominé par les hommes dans lequel elle devra trouver sa place vers les hauts des podiums.

Dans sa forme de divertissement sportif comme on les connaît, Rapide raccroche avec les codes classiques du genre, racontant un récit d’outsider par le prisme d’une jeune femme casse-cou qui brise les règles pour pouvoir imposer son talent. Dalibert signe un film qui circule gentiment en ligne droite, sans vrai virage, ni parti pris radical, préférant les évidences d’un spectacle qui emportera le spectateur dans les mécanismes narratifs qui lui sont déjà familiers. Rapide manque de ce petit je-ne-sais-quoi qui le rendrait mémorable, notamment à cause d’une écriture trop didactique qui reste à la surface de ses personnages, les laissant au stade d’archétype. La rookie ambitieuse mais tête brûlée, le coach exubérant ancienne star du milieu, le père froid qui veut arrêter la machine, le rival qui devient l’intérêt romantique… Chaque case est cochée, on oubliera les éventuelles surprises et on se pose pour le spectacle.

Car niveau spectacle, Rapide assure le show. Dalibert a bien démontré par le passé son œil pour les scènes d’action (son travail en qualité de directeur de la photographie sur les 2 Balle Perdue et sa mise en scène sur Aka prouvent déjà ses forces), et s’en sert pour composer des séquences de courses très bien dosées, à la fois trépidantes et haletantes, racontant le parcours de son héroïne qui tente de se hisser au sommet de son sport envers et contre tous. Derrière Max, il y a Paola Locatelli (son deuxième rôle au cinéma à peine), démontrant un charisme suffisant pour le rôle mais une justesse parfois pas assez élevée pour raconter sa protagoniste comme elle le mériterait – peut-être également la faute à des dialogues parfois trop descriptifs et pas assez réalistes. Rapide est surtout l’occasion pour Alban Lenoir de renfiler sa tenue de personnage secondaire excentrique (il en a pléthore dans sa filmographie, chacun aussi savoureux que le précédent), et son Stan sert de parfait déclencheur à une intrigue qui démarrait un peu trop sérieusement. Les principaux ressorts comiques viennent alors de lui, cet ex-pilote en perdition, cloué à son simulateur, sautant sur la première occasion de retourner au bord des pistes.

Si on savourera la fluidité des scènes d’action et un final bien dosé que l’on appréciera à sa juste valeur, Rapide reste encore un peu trop sage dans la fabrication de son script, qui aurait gagné à sortir des sentiers battus, notamment pour rendre vraiment honneur à l’histoire de cette jeune femme qui tente de percer dans le monde très masculin de la course automobile. En gardant les codes habituels du récit d’outsider, Dalibert compose un spectacle populaire qui devrait plaire sans forcer, mais dont on regrettera la timidité narrative qui empêche les réussites de mise en scène de vraiment décoller pour de bon.