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SYNOPSIS : Une décennie dans l’intimité d’un couple au fil des réveillons de la Saint Sylvestre. Ana, qui se cherche, et Óscar, médecin à la vie plus rangée, se sont rencontrés lors du Nouvel An, le soir de leurs 30 ans….
Nous sommes le 1er janvier 2016 à l’augure du premier épisode de Los Años Nuevos. On y fait la rencontre, dans les toilettes d’une boîte de nuit, d’Óscar – lequel est en conflit avec son ex-compagne. De l’autre côté du bar, Ana sert des cocktails à des clients éméchés. A la fin de son service, Ana accompagne des amis à une soirée de Nouvel An, durant laquelle elle fait la connaissance d’Óscar. Une coïncidence les rapprochera : c’est l’anniversaire d’Ana, ses 30 ans, alors qu’Óscar vient de fêter les siens la veille. Il est le dernier bébé de 1985, elle est le premier bébé de 1986. Conçue par le trio Paula Fabra, Sara Cano et Rodrigo Sorogoyen (metteur en scène d’entre autres Que Dios nos Perdone, El Reino et As Bestas, qui réalise également sa deuxième série après Antidisturbios), Los Años Nuevos s’empare d’un concept narratif fort : chaque épisode prendra place à un Nouvel An différent. A hauteur d’un an d’écart entre chacune des 10 histoires que raconte la série, Fabra, Cano et Sorogoyen déploient une délicatesse rare, dans un geste romantique, réaliste et déchirant qui ne manque pas d’évoquer les coups d’éclat d’une certaine Normal People. Menant la danse pendant ces 10 ans que raconte la série, Los Años Nuevos s’entoure du duo Iria del Río/Francesco Carril, tous les deux renversants d’humanité dans leurs performances respectives, à la fois dans leurs aspects complémentaires mais aussi dans leurs confrontations. La série s’empare du complexe sujet des relations humaines pour plonger en profondeur dans les dynamiques qui entourent la naissance d’un amour, les doutes d’une amitié, les ruptures douloureuses, les échanges générationnels et les erreurs systémiques – qui viennent toujours dans les excès du Nouvel An.

Chaque épisode se dote d’un concept et d’une direction unique, tous permettant de scanner la relation entre Ana et Óscar à travers 10 années dans une Espagne et un Monde qui bougent en continu (on pense par exemple à l’épisode 6, au Nouvel An 2021 en pleine crise du Covid). Par une écriture diablement fine et cousue avec grand soin pour soulever avec une magnifique délicatesse le réalisme de ses multiples sujets, Los Años Nuevos s’avère être une plongée passionnante et pleine d’éclats à travers deux vies qui collisionnent au bon moment et qui sont montrées témoins d’un monde qui change alors que nos deux protagonistes errent dans cette confusante période de la trentaine.

Grâce aux performances fascinantes de Francesco Carril et d’Iria del Río, confondant de réalisme et d’alchimie, Los Años Nuevos est une valse aux rythmes changeants, chaque épisode racontant une différente échelle de dynamique sociale (un épisode dans une rave party en Allemagne, un autre lors d’un très classique dîner familial, et celui qui montre notre couple central faire face à tout un tas de coups du sort lors d’une mémorable journée d’anniversaire). En sortant de la digne lignée de la filmographie passionnante de Rodrigo Sorogoyen – l’un des cinéastes européens les plus intéressants du moment – Los Años Nuevos se pose comme une dissection impeccable et subtile des coups de hasard et des petits riens qui construisent de grandes histoires, à travers le récit de deux humains qui se connectent, se quittent, se retrouvent, s’aiment et s’ignorent à chaque Nouvel An, comme si à chaque épisode une page se refermait alors qu’une autre débute.

En utilisant les évènements hors champs comme catalyseur de leurs interactions (ce qu’il se passe pour nos personnages le reste de l’année n’est jamais montré, seulement suggéré ou raconté), le trio de showrunners assure un excellent travail de storytelling, habilement monté et génialement interprété, dans lequel on adore se plonger afin de percer tous les insolubles mystères des relations humaines.
Crédits : Arte
Catégories :Critiques, Evénements/Festivals, Festival Séries Mania 2025, Séries








































































































































