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Marie, 80 ans, en a ras le bol de sa maladie. Elle a un plan : partir en Suisse pour mettre fin à ses jours. Mais au moment de l’annoncer à Bruno, son fils irresponsable, et Anna sa petite-fille en crise d’ado, elle panique et invente un énorme mensonge. Prétextant un mystérieux héritage à aller chercher dans une banque suisse, elle leur propose de faire un voyage tous ensemble. Complice involontaire de cette mascarade, Rudy, un auxiliaire de vie tout juste rencontré la veille, va prendre le volant du vieux camping-car familial, et conduire cette famille dans un voyage inattendu.
Pour son premier long métrage, Enya Baroux réussit disons le tout de suite un coup de maître. Il faut courir en salle. La fille d’Olivier, filleule de Kad Merad, a commencé l’écriture de ce film après la perte de sa grand-mère, mamie Simone ce qui est tout sauf étonnant tant le film est une pépite d’authenticité. Elle a voulu en faire « une comédie familiale sur une famille bringuebalante, sur la fin de vie, qui fait rire et qui fait pleurer. On morve dans son rire !! « Véritable Little Mis Sunshine à la française sauce pizza à l’ananas, ce On ira est une bombe d’humanité. Si on retrouve un certain nombre de codes indispensables à tout bon road movie, la cinéaste contourne ici tous les stéréotypes du genre par une fraîcheur de tous les instants, une empathie totale et la constance d’une intelligence dans l’écriture et la narration. Tout sauf un énième feel good movie, On ira cultive son atypisme. Car il nous parle de la mort peut-être, mais c’est d’abord un film de vie, qui pétille, qui danse cette folle farandole de l’humanité triomphante et qui très souvent nous éblouit d’une infinie tendresse, toujours intelligente. On y rit comme on y pleure et toujours dans une émotion sincère et brute.

On ira, c’est aussi une mise en scène rythmée et subtile, pour une cinéaste qui aime son histoire et ses acteurs. La caméra déborde de vie, c’est du cinéma comme on en voudrait inlassablement. A l’image de cette fabuleuse scène de la danse sur Desirless entre Anna et Rudy. Une ode à la vie, une explosion de couleurs qui vient nous serrer le cœur et nous prendre aux tripes. Ce voyage là qui jamais ne revient va rendre cette mélodie obsédante. Exactement comme dans la pépite finlandaise Compartiment N°6 (2021), cette chanson au demeurant assez kitch prend alors une toute autre dimension, c’est tout le film qui s’envole et nous avec. Les dialogues jamais verbeux et toujours justes, comme quand Rudy face à l’incompréhension de où est la tombe du grand-père émet l’hypothèse d’un réagencement du cimetière… On se marre de la mort car on est encore en vie, et le voyage voyage qui va être celui de ce tendre quator doit être le plus éternel possible tant ces quatre-là, du haut de leurs névroses respectives se font du bien chacun à tous, et chacun dans son style.

Car comme il est dit dans On ira, plus on aime, plus c’est dur de dire la vérité. Cette aventure humaine, c’est surtout le lien dans tous ses états. La profonde empathie et la folle énergie nous submergent alors, tant on va tous y voir beaucoup de nous dans le lien avec un grand-parent, avec un enfant, un parent, un aidant, un ami. Avec sans doute, allez, une petite prime dans ce qui se joue entre Marie et Anna. Car la force de leur connexion transcende les générations et touche ici à une forme d’universalité. Ce qui est tellement pertinent aussi dans On ira est son absence de message politique asséné au regard pourtant de l’objet initial où il nous est parlé du droit à mourir dans la dignité. Il sera simplement très pudiquement question de liberté de choix et parfois savoir juste tricher un peu. La transgression n’est jamais meilleure que quand elle est rare. On va juste épouser la cause de Marie sans drapeau ni bannière, mais tant elle saura nous toucher en visant le cœur.

Le casting vient aussi contribuer au charme assez vertigineux de On ira. Les quatre sont fantastiques ! Hélène Vincent tout d’abord, qui nous chavire véritablement. Cette viscérale soif de liberté est bouleversante et semble comme hurler à la vie. Hélène Vincent est là, et on est si biens avec elle. David Ayala est impeccable dans cet ours qui ne sait pas se lécher, ces maladroits de la vie, jamais méchants, et toujours sidérant quand soudainement ils ouvrent les yeux. L’acteur est pile à cet endroit. Juliette Gasquet, c’est déjà un talent fou. Elle brille à chaque scène et dans tous les registres. Sa rencontre avec Hélène Vincent est bouleversante et sent le doux parfum d’une vérité devant et derrière la caméra. Elles n’ont pas reçu pour rien toutes les deux en 2025 le prix de l’interprétation féminine à l’Alpe d’Huez ! Et Pierre Lottin.. Mais lui… A l’image du copain Raphaël Quenard, il est de ceux déjà indispensables au cinéma français. Aussi car il est des rares qui ne jouent pas. Simplement il est. Il peut donc tout faire, un talent brut, comme une écorchure même parfois que l’on a déjà tellement hâte de retrouver. Au final, On ira est un cinéma qui rassemble, qui fédère. Il nous élève et nous bouleverse dans le même souffle. On ne demande pas autre chose et nous aussi avec eux on ira loin, très loin.

Titre Original: ON IRA
Réalisé par: Enya Baroux
Casting: Hélène Vincent, Pierre Lottin, David Ayala …
Genre: Comédie dramatique
Sortie le: 19 février 2025
Distribué par: Zinc film
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Catégories :Critiques Cinéma, Les années 2020








































































































































