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FATAL CROSSING – LES FILLES DU FERRY (Critique Mini-Série Episode 1×01 – 1×06) D’une banalité aussi abyssale que déconcertante …

SYNOPSIS :  Correspondante pour un grand journal danois à Londres, la journaliste Nora Sand se retrouve au cœur d’un scandale. Accusée d’avoir eu une liaison avec l’une de ses sources dans une affaire politiquement explosive, elle retourne au Danemark et se met au vert chez son père le temps que les choses se calment. Mais lorsqu’elle entend parler d’une affaire de disparition non résolue remontant aux années 1980, son instinct journalistique reprend le dessus. À cette époque, deux jeunes filles, Lisbeth et Lulu, se sont « évaporées » d’un ferry qui faisait la liaison entre le Danemark et l’Angleterre. Ont-elles été assassinées ou enlevées ? Nora commence à enquêter.

Il y a des séries comme ça où l’on sait dès le premier épisode qu’on a mis les pieds au mauvais endroit. Vous l’aurez compris à la note, Fatal Crossing fait partie de ces séries. Celles qui semblent produites pour aspirer votre temps et le recracher à 100% de telle façon qu’elle n’aura servi à rien et pas même à vous divertir. Vous n’aurez rien appris, vous n’aurez rien ressenti. Si vous souhaitez perdre votre temps, vous pourrez commencer ce jeudi car Arte y débute la diffusion de cette Fatal Crossing, une énième série nordique censée captiver son public via un thriller supposément mystérieux et palpitant. Constituée de huit épisodes répartis sur deux soirées (la seconde partie sera diffusée le 20 mars), Fatal Crossing nous amène presque instantanément à nous demander dans quelles conditions la commande d’un tel produit a été passée. Produit oui, car on peut légitimement s’interroger sur l’existence d’une idée derrière cette production, autre que celle de combler le trou d’une plage de diffusion. 

Le programme s’avère ainsi être une accumulation d’éléments déjà vus dans d’autres thrillers, sans aucune innovation (de par son intrigue, son angle d’attaque ou via une sensibilité qui aurait pu exister si elle n’en était pas dénuée), sans personnages attachants et, surtout, sans la moindre étincelle qui lui apporterait ce petit élément en plus qui la différencierait au sein de la masse. L’ambition de Fatal Crossing semble alors se résumer à un triste copier-coller de ce qui a déjà été fait mainte et mainte fois ailleurs, mais en version dégradée, tant elle transpire la grisaille en termes de rythme, d’idées mais aussi quelque part de bonne foi. Ce qui est le plus terrible dans tout cela c’est que la série n’essaie même pas de faire illusion. Certes elle tente, sans conviction, quelques effets de manche pour relancer une machine jamais allumée, essayant peut-être de cueillir au vol quelques octogénaires qui sur un malentendu verront une flamme se raviver, quand bien même leurs rêves seraient certainement plus créatifs. Fatal Crossing se contente de sa première minute, jusqu’à la dernière du sixième épisode, de répéter les mêmes mécaniques narratives en enchaînant clichés et personnages froids et antipathiques. La série donne ainsi l’impression d’être une tentative désespérée d’attirer l’attention sans avoir la moindre substance à offrir.

La première grosse déception de la série réside dans son concept même, qui semble déjà épuisé dès les premiers épisodes. L’intrigue se déroule dans la petite ville natale d’une journaliste qui après la réception d’un courrier anonyme et la disparition d’une jeune fille va rouvrir une vieille enquête. Si le postulat pouvait susciter un certain intérêt (nous sommes friands de ce genre de récits), il est rapidement noyé dans des rebondissements ultra-prévisibles et une accumulation de scènes déjà vues dans une multitude d’autres thrillers nordiques à tel point que nous voyons la boîte à idées génériques et l’ossature du show à des kilomètres. Chaque épisode suit un schéma qui manque cruellement d’originalité, enchaînant les astuces du genre (la journaliste au bout du rouleau, l’enquête chaotique, les mystères familiaux, etc.) sans apporter la moindre fraîcheur ou variation. En réalité, la série semble avoir un meilleur rendement de recyclage qu’une poubelle jaune. Le manque d’inventivité est frappant. La construction des épisodes est maladroite et enchaîne des scènes inutiles qui n’ajoutent rien à l’intrigue, si ce n’est une longueur pénible qui fatigue le spectateur plutôt que de le tenir en haleine : pour preuve l’interrogatoire d’un énigmatique personnage emprisonné qui souhaite absolument interagir avec la journaliste et qui pourtant ne dit rien durant leurs interactions alors que cela mène malgré tout à quelque chose ; où comment gagner du temps en se foutant royalement de la gueule du spectateur.

Fatal Crossing est donc une série d’une banalité aussi abyssale que déconcertante, à tel point que nous ne regarderons probablement même pas le dénouement tant nous n’en avons que faire. Au sein d’un récit sans idées on n’aura même pas pu compter sur les personnages qui sont censés y incarner les enjeux émotionnels et permettre de nous investir dans l’intrigue. Les relations ternes, glaciales, presque inexistantes empêchent tout investissement émotionnel dans l’histoire. Chaque figure de l’entourage de la journaliste semble avoir été construite uniquement pour remplir des cases dans le cadre de l’intrigue : le suspect évident vers lequel on va perdre énormément de temps, le témoin mystère qui pourrait tout dévoiler, quelques péquins du passé qui étaient eux aussi louches et dont la bizarrerie continue de vivre à travers divers commérages… Pourtant, aucune de ces figures ne parvient à susciter la moindre empathie. L’univers scandinave est pourtant riche en ambiance et en atmosphère, mais la série ne parvient pas à en exploiter le potentiel. Les saisons 1 de Le Tueur de l’ombre (la saison 2 était catastrophique et on n’a jamais vu la suite…la série compte maintenant au total quatre saisons, il va falloir qu’on se penche sur cela) et de la série Kidnapping que nous avions chroniquées ici n’étaient pas exempts de défauts mais réussissaient contrairement à Fatal Crossing à tirer leur épingle du jeu. Si vous cherchez une série qui vous captivera, vous tiendra en haleine et vous offrira des personnages intéressants à suivre, vous feriez mieux de passer votre chemin.

Crédits : Arte

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3 réponses »

  1. Je viens de voir l’intégralité de la série et heureusement je n’avais pas lu la critique. Celle-ci est non seulement injuste et totalement en décalage avec l’intérêt de cette série mais aussi outrancière dans sa forme comme sur le fond. C’est pénible !

  2. j’ai regardé cette série.

    Contrairement à votre (très) (très très) (très très très) long, ennuyeux et répétitif discours (va falloir apprendre à faire concis), j’ai trouvé que cette série tenait la route. Un bémol pour le dernier épisode ; là je vous rejoins, c’était franchement trop niais 😉

  3. Très bonne analyse de la série. J’ai regretté de ne pas avoir lu votre critique plus tôt car j’ai perdu de précieuses heures ! Je suis pourtant fan de séries scandinaves mais là, je me suis tellement ennuyée ! A la fin, ça fait même sourire tellement cette série confine à la bétise.

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