![]()

SYNOPSIS : Amel est un personnage haut en couleur. Elle a du tempérament, de l’ambition pour ses deux filles, une haute estime d’elle-même et forme avec Amor un couple passionné et explosif. Malgré les difficultés financières elle compte bien ne pas quitter les beaux quartiers. Mais la famille est bientôt menacée de perdre son appartement tandis que Mouna, l’aînée des deux filles, se met à avoir d’étranges visions de Charles Martel après avoir appris qu’il avait arrêté les Arabes à Poitiers en 732… Amel n’a plus le choix : elle va devoir se réinventer !
Deuxième long-métrage pour la réalisatrice et scénariste Manele Labidi (révélée en 2019 avec Un Divan à Tunis), Reine Mère taille sur mesure son rôle maternel central pour sa comédienne Camélia Jordana. Celle-ci y campe Amel, mère de famille d’origine tunisienne, apprenant un jour que leur propriétaire a décidé de récupérer son appartement pour le louer à quelqu’un d’autre. Alors que la petite famille doit se faire à l’idée qu’ils vont être délogés et que l’administration française ne va pas être d’une très grande aide, Mouna – la fille d’Amel – se retrouve hantée par une vision de Charles Martel après avoir appris en cours qu’il aurait « arrêté les Arabes à Poitiers en 732 » …

Il y a un air de comédie fantasque, brisant les frontières entre récit social et conte burlesque en faisant surgir son défunt Roi en cotte de maille de l’écran du vidéoprojecteur façon La Rose Pourpre du Caire, dans ce Reine Mère, racontant le quotidien réaliste d’une famille d’immigrés maghrébin en Île-de-France dans les années 90. Le couple formé par Amel et Amor raconte la difficulté de trouver sa place dans un pays qui cherche continuellement à vous chasser, à rire de vous ou à vous rabaisser. Derrière la silhouette absurdement comique du génial Damien Bonnard métamorphosé en « Charles Martel imaginaire », Reine Mère est le récit de cette famille où chacun trouve des mécanismes pour faire face à leurs problèmes. Amel s’invente un orgueil mal placé et un tempérament enflammé pour mépriser les autres en retour ; Amor tente d’apporter l’équilibre grâce à son ingéniosité et sa gentillesse ; Mouna fait ami-ami avec son croquemitaine qui s’avère bien moins obsédé par les Arabes que ce que les livres d’Histoire française essaient de nous faire croire.

En écrivant Reine Mère comme un récit à trois têtes, Manele Labidi a parfois tendance à surcharger son scénario de thématiques fortes, déséquilibrant l’ensemble là où le personnage de Mouna aurait très bien pu porter un excellent coming-of-age movie centré sur elle et sur son débat avec Charles Martel – comme une manière de faire discuter une enfant moderne avec les points clés de l’Histoire de France qui portent aujourd’hui une certaine ironie palpable dans les interprétations qui en sont faites. Mais Reine Mère (comme son nom l’indique) a plus tendance à placer le personnage d’Amel au centre de l’image, taillant pour Camélia Jordana une silhouette sur mesure, incarnant cette femme à la forte tête et à la verve inarrêtable, à la fois impressionnante et vaniteuse, donnant à ses frasques de fierté un léger sentiment d’excès qui nous empêche parfois de nous attacher pleinement au personnage malgré l’implication redoutable de sa comédienne. De l’autre côté de l’équation, Sofiane Zermani est impeccable dans la peau de cette « voix de la raison », offrant une belle alchimie entre les deux comédiens centraux qui justifie à elle-seule la tenue de ce couple qui passe son temps à se taquiner et à s’embrouiller. Mais c’est bien la jeune Rim Monfort qui tire son épingle du jeu avec sa Mouna, à la fois pétillante et généreuse dans son interprétation, forte d’une excellente séquence dans la dernière partie du film lorsqu’elle fait face au harcèlement de ses camarades de classe.

Au terme d’un récit quelque peu claudiquant, qui trouve son sens et la pleine propension de son propos social dans son dernier quart d’heure seulement, Reine Mère séduit autant qu’il frustre à cause de ce que son concept initial aurait pu devenir. Manele Labidi signe un film parfois charmant par sa promesse onirique et par la jolie photographie de Pierre-Hubert Martin, mais aussi épuisant par sa multiplicité de thématiques, par l’excentricité de cette mère qui a tendance à absorber le reste, et par sa balance entre réalisme et fantaisie souvent déséquilibrée par ses choix narratifs.

Titre Original: REINE MÈRE
Réalisé par: Manele Labidi
Casting : Camelia Jordana, Damien Bonnard, Sofiane Zermini…
Genre: Drame
Sortie le: 12 mars 2025
Distribué par: Diaphana distribution
MOYEN
Catégories :Critiques Cinéma








































































































































