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SYNOPSIS : Après cinquante ans de vie commune, Joy et Stan Delaney, parents de quatre enfants désormais adultes, vendent leur école de tennis très réputée, prêts à goûter à un repos mérité et vivre leurs plus belles années. Lorsque leur mère disparaît subitement, ses enfants sont forcés de réexaminer le mariage de leurs parents et leur histoire familiale avec un regard neuf.
C’est la troisième adaptation en série d’une oeuvre de Liane Moriarty, l’autrice de Big Little Lies, vue sur les écrans en 2017 et Nine perfect strangers, série de 2021. Apples Never Fall c’est d’abord la mise en lumière d’une famille totalement dysfonctionnelle. Le thriller n’est là en somme que pour nous divertir, tant on sait en littérature comme sur grand ou petit écran que le polar, le sombre, est toujours un parfait révélateur de l’âme humaine. Il n’empêche que même en simple support, le déploiement de l’intrigue fonctionne à plein, tant on veut absolument savoir ce qui est arrivé à Joy. A cet égard, de nombreux tiroirs sont ouverts et sans miracle aucun, on est plutôt globalement bien tenus en haleine.

Mais le vrai plaisir de Apples Never Fall est dans la satisfaction du téléspectateur qui se délecte des quelques steaks que s’envoient les membres de cette famille toute proprette à l’extérieur et forcément toute ébréchée dedans. Un peu à l’image de la conduite de l’intrigue, il en manque presque un peu en termes de radicalité ou d’esprit disruptif car parents, enfants et les liens qui les unissent, sont tellement violents ou au mauvais endroit. On a beau le savoir, c’est toujours aussi savoureux de constater à quel point on se sent parfois obligés de composer avec notre famille, aussi cintrée puisse-t-elle être !! On se connaît trop pour pouvoir continuer à s’aimer sainement !! La mise en épisodes vient conforter cet état des lieux. A chaque épisode son membre de la famille et avec son petit lot de dissection œdipienne franchement pas déplaisante. Troy, ignoble pourri gâté. Logan, la lâcheté du fils à papa. Brooke, incapable de s’assumer. Amy, l’insupportable illuminée. Stan ou l’irascibilité implacable du patriarche. Et Joy la mère qui doit composer avec cette juxtaposition d’insolubles névroses de mari et enfants. Tout le plaisir est pour nous. C’est aussi l’air de rien un petit traité bien senti sur la place de la mère au centre de la famille, qui rassemble, unit, mais celle vers qui tout le monde se retourne quand tout se fissure. Si le courage porte toujours le nom de la mère, toutes les emmerdes qui vont avec aussi !

Ils ne sont pas très empathiques quand on les individualise. Pas vraiment des héros, mais si on ne les aime pas trop, disons qu’on les comprend, ce qui permet de ne pas perdre le fil quand même ! L’entrée en scène du facteur X Savannah va les souder entre inquiétudes légitimes et jalousies refoulées, et ce personnage qui vient tout requestionner mais sur qui forcément des soupçons vont venir se poser, pourrait finalement être la seule que l’on trouve presque sympathique. La mise en scène est assez conventionnelle, presque sage, mais l’ensemble se regarde avec une certaine addiction car est convoquée chez le spectateur une jubilation pas encore assez mortifère pour trop culpabiliser !! D’autant que quand les très riches sont fous, ils le sont plus que les autres… Ajoutez-y une vie consacrée au monde hyper privilégié et friqué du tennis avec la compétition et l’envie d’écrasement de son adversaire, et tout est réuni pour un certain nombre d’intimes dégeulasseries familiales.

Au casting, sans révolution, chacun joue pleinement sa partition et défend son personnage dans des traits parfois autant caricaturaux que complexes. A ce petit jeu, c’est toujours un vrai kiff de retrouver Annette Bening, même si son personnage n’est justement pas le plus abimé. Sam Neill dans le rôle de Stan porte sur lui cette rigidité inamovible qui sied pleinement à son personnage. Georgie Flood joue une Savannah toute en nuances et arrive souvent à nous saisir dans cette oscillation entre empathie et inquiétude. Au final, Apples Never Fall ne révolutionne pas le genre mais on se laisse gentiment prendre au piège, on se questionne, on jubile, et même on y repense un peu de temps en temps, en se disant que finalement au niveau familial il y a toujours pire ailleurs !!! Bref, on passe un vrai bon moment et c’est bien l’essentiel !!
Crédits : Max
Catégories :Critiques Cinéma








































































































































