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SYNOPSIS : Dans le Mexico des années 50, Lee, un américain, mène une vie désabusée au sein d’une communauté d’expatriés. L’arrivée du jeune Allerton va bouleverser l’existence de Lee, et faire renaitre en lui des sentiments oubliés.
Le très prolifique Luca Guadagnino est (encore) de retour cette année avec un nouveau film – après avoir consécutivement signé depuis 2017 Call me by your Name, Suspiria, Bones and All et Challengers. Avant qu’il ne dévoile son futur After the Hunt (avec notamment Ayo Edebiri, Julia Roberts et Andrew Garfield), le réalisateur italien adapte le roman Queer de William S. Burroughs – livre majeur de la littérature avec un Daniel Craig en grande forme dans le rôle principal.

Queer raconte l’histoire de William Lee dans le Mexico des années 50, alors qu’il croise un jour la route du jeune américain expatrié Eugene Allerton et qu’il tombe sous son charme. Alors qu’Allerton semble quelque peu distant, Lee s’éprend de lui jusqu’à l’obsession, leur relation les menant tous les deux dans la quête du yagé, une plante dont la consommation confèrerait – selon les légendes – des pouvoirs télépathiques…

Bien que ses précédentes œuvres soient toutes marquées par des singularités radicales (le romantisme solaire de Call me by your Name, le cynisme électrique de Challengers ou l’horreur décharnée de son Suspiria), donnant à sa filmographie des airs de grand kaléidoscope déroutant mais fascinant à explorer, le cinéma de Guadagnino est constamment marqué par la façon unique dont le cinéaste filme les corps. Queer ne fait certainement pas exception à la règle, portant cette obsession à un certain paroxysme par cette quête hallucinatoire de Lee et d’Allerton jusqu’au milieu de la jungle équatoriale. Si le réalisateur retrouve dans un premier temps le sens du romantisme de son Call me by your Name, filmant les fulgurances sentimentales homosexuelles d’un homme au style vestimentaire immaculé, cette ressemblance se disperse petit à petit par une mise en scène diablement habile, très poétique, jouant avec une impression intangible que le temps se comprime au fur et à mesure du film. Guadagnino s’aventure dans un registre onirique troublant, piochant chez les maîtres du surréalisme pour habiller son récit et pour mener ses deux personnages principaux jusqu’aux limites de leurs propres corps. D’abord, c’est par l’érotisme que la peinture se fait, captant une certaine sensualité et une certaine urgence dans les nombreuses scènes de sexe du film, représentant sans distinction le désir et l’amour, sans jamais tomber dans une quelconque impudeur. En résulte pourtant un sens rythmique un brin déséquilibré, comptant alors quelques longueurs dans son parcours heurté de nombreux changements de voie.

Par les performances très spectaculaires de Daniel Craig et de Drew Starkey, portant ensemble une alchimie qui fonctionne particulièrement bien, sous la photographie sublime portée par Sayombhu Mukdeeprom (dont le travail avec Guadagnino est récurrent), Queer emballe une aventure magnifiquement déroutante, racontée avec distance dans les détails du corps humain, dirigée vers cette dernière partie hallucinante qui propulse ses personnages au-delà de leurs perceptions physiques. En résulte une belle œuvre marquée par un désir surréaliste profond, une proposition intrigante dans un cinéma qui l’est tout autant, tranchant avec l’euphorie sarcastique de son précédent Challengers pour s’aventurer dans les arcanes de l’esprit humain avec autant de tendresse et de poésie que de violence et de douleur. Cette réflexion osée et assurément bien dosée emballe autant qu’elle désarçonne, demandant probablement à son spectateur de s’abandonner entièrement à son contrôle pour pouvoir capter toutes les nuances de son expérimentation. Queer est aussi passionnant que volontairement déséquilibré, un objet cinématographique curieux qui fait fusionner son existentialisme et sa sensualité pour embarquer vers des horizons romantiques assurément radicaux.

Titre Original: QUEER
Réalisé par: Luca Guadagnino
Casting : Daniel Craig, Drew Starkey, Jason Schwartzman …
Genre: Comédie dramatique
Sortie le: 26 février 2025
Distribué par: Pan Distribution
TRÈS BIEN
Catégories :Critiques Cinéma, Les années 2020








































































































































