SYNOPSIS : Sandra, quinquagénaire farouchement indépendante, partage soudainement et malgré elle l’intimité de son voisin de palier et de ses deux enfants. Contre toute attente, elle s’attache peu à peu à cette famille d’adoption.

Pour son nouveau film, adapté du roman L’Intimité écrit par Alice Ferney, la réalisatrice Carine Tardieu s’entoure d’un joli casting XL pour dresser le portrait d’une humanité confrontée aux drames de la vie. Valeria Bruni Tedeschi interprète Sandra, une quinquagénaire solitaire dont la vie va être soudainement piratée par celle de la petite famille d’en face. Un jour, Cécile (Mélissa Barbaud), venant de perdre les eaux, vient déposer avec son compagnon Alex (Pio Marmaï) leur fils Elliott (épatant César Botti) chez Sandra avant de partir en vitesse à l’hôpital. Sandra s’occupe tant bien que mal de l’enfant – elle qui n’en a jamais eu – le temps que le couple passe le récupérer. Mais l’équilibre du palier bascule lorsqu’Alex rentre seul avec le bébé de la maternité… Démarrant le film par cette brillante introduction, mêlant avec une puissance rare son énergie comique (Sandra n’a pas la moindre idée de comment s’occuper d’un enfant et tente de le refourguer à quelqu’un d’autre pour la journée) avec le sens dramatique de son récit frappant fort avec le retour du personnage de Pio Marmaï au petit matin. Dans une séquence redoutablement intelligente, préférant utiliser le mutisme et les larmes du personnage pour faire comprendre au spectateur la dure réalité, L’Attachement montre en cette seule première partie l’intégralité de son spectre émotionnel, jonglant avec une grande humanité entre les drames de la vie et le rire cathartique. Carine Tardieu – sur un scénario qu’elle co-écrit avec Agnès Feuvre et Raphaële Moussafir – réussit à emballer un long-métrage profondément bouleversant, d’une justesse admirable et d’une beauté indéniable, habité par une troupe de comédiens dirigés à la perfection dans un magnifique effort scénique. En tête de proue, Valeria Bruni Tedeschi est épatante dans le rôle de cette femme solitaire et fière de l’être, cachant sa tristesse derrière ses idéaux et ses opinions sociétales, se retrouvant malgré elle liée à ce petit garçon en besoin désespéré de chaleur humaine lorsqu’il est privé de sa mère. Le jeune César Botti est lui aussi impeccable dans la peau d’Elliott et de ses non-dits, accompagné par un excellent Pio Marmaï qui – comme à son habitude – excelle dans un mélange de registre saisissant où les rires se substituent aux larmes, puis dans cette passionnante intrigue romantique que son personnage noue avec celui de Vimala Pons (également géniale dans sa partition hors des clichés du genre).

Pour raconter cette histoire viscéralement humaine, jouant avec les codes narratifs du mélodrame pour en faire un petit bijou profondément lumineux et chargé en émotions jusque dans ses choix scéniques, Carine Tardieu emballe un long-métrage habile et élégant, jamais prétentieux ni racoleur, foudroyant par son sens de la tragédie et passionnant par son énergie joyeuse.

L’Attachement est une magnifique peinture de la reconstruction et des différents mécanismes qui meuvent l’humanité après un drame impensable, trouvant dans les petites choses quotidiennes le moyen de raconter le deuil, le dépassement, le changement, le déni, la colère et la dépression.

En échappant un à un aux clichés spectaculaires du mélodrame pompeux juste bon à tirer les larmes, le film se projette dans une volonté assumée de rester au plus près de ses humains et de leurs failles, dessinant toute la chaleur et la complexité de l’humanité par les mouvements de ses personnages – parvenant avec un équilibre assez saisissant à traiter de chacun d’entre eux sans en laisser un seul sur le côté lors de son déroulé. Carine Tardieu réussit un magnifique tour de force émotionnel, une ode bouleversante au besoin de lumière qui fait, au final, un vrai bien fou.

Titre Original: L’ATTACHEMENT

Disponible en DVD & Blu-Ray le 1er juillet chez Diaphana Édition Vidéo