Critiques

MARIE-ANTOINETTE : L’AFFAIRE DU COLLIER (Critique Saison 2) Une série au final bien addictive…


SYNOPSIS : Alors que Marie-Antoinette et Louis semblent au sommet du pouvoir, ils doivent faire face à une crise financière sans précédent. Les attaques incessantes de Provence et de Chartres contre le couple royal attisent la haine des nobles tandis que des conséquences désastreuses se profilent avec l’affaire du Collier. De Versailles au Palais-Royal, la révolte gronde…

L’ingéniosité créatrice de la saison une ne pouvait qu’appeler une suite, vœu exaucé avec cette saison 2 qui va se consacrer à une de ces affaires, celle du collier, qui s’érige en pivot d’un basculement historique menant à la révolution que l’on sait. Une saison une qui avait plutôt divisé la critique, très certainement du fait de l’audace de nombreux partis pris. Autant éluder d’emblée celui de la réécriture historique car l’exercice est avant tout le décryptage de l’intérêt de la série. Comme le dit la créatrice Déborah Davis  « En Histoire, il y a des faits certains, mais ce qui change c’est la manière dont on les interprète« . Pas plus que le premier opus, la saison 2 de Marie-Antoinette n’a vocation à faire archive nationale. Dans cette saison, Marie-Antoinette assimile qu’elle n’est plus femme, mais reine. Une constance cependant, la féroce voracité de ses détracteurs, avec des couteaux qui s’aiguisent à chaque recoin du palais royal, de Versailles, des rues de Paris et demain d’un pays tout entier. Le Duc De Chartres à propos de la grossesse hautement présumée de la reine, à l’évocation du géniteur Fersen parle dans les salons de boulette suédoise plus que le coq au vin, assassinant ainsi le couple royal. Même si le très faible monarque semble de son côté préférer un fils en bonne santé qui n’est pas le sien qu’un enfant malade dont il serait le père biologique. 

C’est d’ailleurs le dérangeant postulat de la série, quoique pleinement assumé d’un paradigme uniquement monarchique, positionnant le spectateur en empathie avec une reine qui au creux de son innocence a d’avantage symbolisé plus que contribué à l’affamement et le dénuement de son peuple. Mais c’est plus fort que nous, la fascination pour l’iconique reine est une permanence depuis le chef-d’œuvre éponyme de Sofia Coppola en 2006 qui dit beaucoup de la complexité de Marie-Antoinette, cassant avec une explosion de couleurs le benêt manichéisme. 

Revenant-en aux complots constants, qui ne sont pas sans poser problème dans la première partie de cette deuxième saison. Les sous-intrigues à tiroirs se multiplient, et si l’on comprend que tous ont l’unique vocation à détrôner l’autrichienne, les accumulations de trahisons nous perdent un peu. Invariablement, trop de complot tue le complot, et comme le laisse deviner le générique (assez sublime par ailleurs), c’est un tantinet trop labyrinthique pour capter l’intention, et un vrai décrochage s’installe. Comme si la réelle complexité de l’affaire du collier était dans la fiction trop démonstrative. D’autant qu’il s’agit au-delà de l’affaire en elle-même de rien d’autre chose qu’un referendum sur le règne de Louis et de sa reine. En revanche, à partir du procès et pour les trois derniers épisodes, on retrouve alors davantage de la flamboyance de la première saison et face à la chute annoncée, le filmage de l’intériorité de Marie-Antoinette est assez captivant, y compris avec un roi de mari tellement affaibli, et perpétuellement empêtré dans ses constantes hésitations, que même détestée comme jamais, elle tentera précisément de prendre les reines. 

Un autre écho loin d’être inintéressant est l’analogie avec une époque qui ne peut nous être totalement étrangère. Oui, dans les salons privés du pouvoir de droit divin, on est déjà terrifiés par la réaction des aveugles marchés financiers face à notre dette nationale. Ce fameux invisible ennemi qu’est la finance qu’aucun monarque républicain qui a suivi n’aura su combattre… Popularité, artifice, trahisons, paraître, la série nous dit ce qu’on savait certes déjà, c’est qu’au-delà d’un changement de décor institutionnel, « si nous voulons que tout reste pareil, il faut que nous changions tout « . Le propre des révolutions en référence au Guépard (1963) de Visconti

Au casting, Emilia Schüle opère cette mutation attendue de femme à reine, avec toujours cette même grâce mais aussi une douce subtilité, car son durcissement s’efface souvent, nous ramenant à la candeur juvénile tout en douceur de ce premier épisode de la première saison où il est question de déraciner une innocence. Louis Cunningham est ce roi tout le temps hésitant qui tente parfois la majestuosité, et à ce jeu-là, son interprétation est parfaite. Freya Mavor est une Jeanne De Valois, délicieusement et adorablement détestable. Sans oublier Jack Archer, un frère du roi que l’on va également aimer haïr sans réserve. Au final, cette saison 2 de Marie-Antoinette si elle est très inégale, demeure passionnante, autant du fait de ce moment de notre histoire, qui est une régalade de sadisme ordinaire, que de sa mise en scène, colorée, flamboyante et au final bien addictive !

Crédits : Canal+

1 réponse »

  1. Daube innommable, qui devrait s’intituler « Les coucheries de M.A ».

    Ces prétendues amours n’ont sans doute jamais existées, imagine t’on la reine de France, femme la plus surveillée de la Cour, en train de batifoler au vu et au su de tout le monde. D’ailleurs, rien n’a jamais été prouvé.

    En fait, on ne voit presque rien de l’escroquerie, ni les prétendues rencontres entre M.A et le cardinal de Rohan, ni du vol du collier par la même comtesse.

    Je pense qu’un minimum de vérité historique aurait été la bienvenue.

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