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SYNOPSIS : En plein cœur de l’été, Joseph, l’un des derniers bergers du littoral corse, voit son terrain convoité par le milieu pour un projet immobilier. Il refuse de céder. Cela signerait la fin d’un monde. Quand il tue accidentellement l’homme venu l’intimider, il est forcé de prendre la fuite et devient la proie d’une traque sans répit du sud au nord de l’île. Portée par sa nièce Vannina, la légende de Joseph, incarnant une résistance réputée impossible, grandit au fil des jours et se propage dans toute la Corse…
Deuxième long-métrage après le très réussi La nuit venue (2019), Frédéric Farrucci change de registre et revient sur sa Corse natale, pour une histoire âpre, réaliste, très prenante et qui juxtapose avec beaucoup de maîtrise un certain nombre de genres, entre western, film de traque, thriller, au service d’un message politique jamais asséné, mais qui vient convoquer l’intelligence instinctive du spectateur. A ce sujet, le cinéaste nous dit : « J’estime que ce n’est pas en enjolivant ce que je pense de la Corse que ça serait une bonne façon de l’aimer« . Et puis Le Mohican, c’est une histoire terriblement humaine : « Le territoire ça évoque une terre mais aussi ceux qui l’habitent« . Voilà qui résume parfaitement l’atmosphère qui prédomine dans cette très prenante histoire qu’est Le Mohican. Et ceux qui y habitent vont être incarnés notamment par la force de Joseph et Vannina. Une force qui va s’exprimer sur deux chemins finalement opposés mais avec un objectif commun très puissant qui laisse à penser que la résistance est possible. Car l’histoire du Mohican, c’est aussi montrer cet homme qui dit non, et sa nièce qui va politiser le débat en faisant de son oncle une légende. Et face à une organisation si cruelle comme le milieu corse, c’est une véritable ode à la lutte contre la fatalité.

D’autant que si l’on pressent la venue de grands drames, avec cette part d’inexorable dans la combat de Samuel, dont il fait peu de mots, les tenants du « milieu » sont bien plus gênés par Vannina qui va utiliser les outils de sa génération pour communiquer et potentiellement faire du collectif, réveiller les consciences et pourquoi pas soulever les foules. C’est en tous les cas comme un espoir majeur qui va naître ici, avec une jeunesse qui comme le dit le réalisateur a cette « capacité à se réinventer, à recréer une société, un système« . Une force majeure du film est également ce mélange des genres assez constant, mais où l’impression de trop n’est jamais là. Au contraire, c’est une forme d’humilité qui s’impose comme geste cinématographique dans Le Mohican. Peut-être aussi, car à l’origine prévu comme un court-métrage, le film s’inspire d’un documentaire de 2017 que le réalisateur a tourné dans l’extrême sud de la corse où était filmé un berger du littoral, Joseph Terrazzoni. Avec cette envie de montrer des personnages, doublée d’une inquiétude de la perte des grands espaces au profit très capitalistiques d’une triste uniformisation. Le combat permanent du pot de fer contre le pot de terre.

Il émane par ailleurs du Mohican une véritable poésie, notamment dans cette sorte d’amour contrarié entre le cinéaste et sa terre de Corse, et finalement entre tous les pacifistes majoritaires qui y résident et leur île adorée. Toute la mise en scène déploie ce sentiment avec une image sobre mais sublime, car jamais carte postale et qui juste montre la splendeur naturelle d’un territoire qui est ancré au cœur de la caméra. La musique de Rone, dont la première collaboration avec Frédéric Farrucci avait été couronnée d’un César pour La nuit venue, se fait ici plus discrète et sobre, mais tout en contrastes. Avec notamment des mélodies très lyriques à des moments clés du film. Le casting est mené par le duo formé entre Mara Taquin et Alexis Manenti. Bien que le scénario du film exige en fait très peu de scènes entre eux, avec cependant un évident point commun dans l’intensité et l’engagement de leurs interprétations respectives.

Lui est tout en intériorité, taiseux à souhait, avec cette « lenteur paysanne » appelée de ses vœux par le réalisateur. Alexis Manenti, peut-être en lien avec ses propres racines corses, apporte complexité et sensibilité dans un rôle où dès l’affiche il impose une vraie gueule de cinéma ! Une gueule de héros ordinaire, mais une sacrée gueule quand même !!Mara Taquin est aussi engagée à l’écran qu’elle peut l’être à la ville et sa prestation est ici tout en émotions et en rage tout juste contenue. Elle défend son personnage et tout le message du film avec autant de talent que de convictions. Au final, Le Mohican dans la construction du thriller qu’il est, fait passer beaucoup de messages sans jamais donner la leçon ou plaquer une quelconque morale. C’est intelligent, subtil et émouvant à la fois. Un plaisir de cinéma à vivre en salle !

Titre Original: LE MOHICAN
Réalisé par: Frédéric Farrucci
Casting : Alexis Manenti, Mara Taquin, Théo Frimigacci …
Genre: Drame, Thriller
Sortie le: 12 février 2025
Distribué par: Ad Vitam
EXCELLENT
Catégories :Critiques Cinéma, Les années 2020








































































































































