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SYNOPSIS : Willy et Jojo, deux ados inséparables, passent leur temps à chasser l’ennui dans un petit village au cœur de la France. Ils se sont fait une promesse : ils partiront bientôt pour la ville. Mais Jojo cache un secret. Et quand tout le village le découvre, les rêves et les familles des deux amis volent en éclat.
Pour son premier long métrage, Antoine Chevrollier, qui a déjà fait ses armes sur des séries comme Le Bureau des Légendes, Baron Noir et Oussekine (dont il est aussi le créateur), frappe un grand coup. Il nous immerge dans la vie de Jojo (Amaury Foucher, dont il s’agit à priori du premier rôle) et Willy (Sayyid El Alami qui jouait déjà pour le réalisateur dans Oussekine et plus récemment dans l’excellent Leurs Enfants après eux, injustement éclipsé pas un Amour ouf pas si ouf que cela) deux amis prisonniers de leur petit village natal. Leur quotidien est rythmé par des courses de motos, les petites fêtes locales où tout le monde se connaît, des légendes urbaines et beaucoup d’ennui. Ceux qui se sont fait la promesse de partir dès qu’ils le pourraient voient leurs projets d’avenir éclater en morceaux le jour où un secret aux répercussions chaotiques éclate au grand jour. Et ce qu’on peut dire c’est que La Pampa traite de tout cela avec la plus grande intensité. Dès les premières minutes le film a cette odeur de sincérité et de justesse assez caractéristique d’une recette réussie, celle qui nous fait directement entrer dans la vie de ce petit village où les jeunes traînent, où tout est plus ou moins chaque jour la même chose, ces endroits où le monde est trop petit mais qui permet difficilement d’écarter les contours. On y retrouve les gimmicks de ce genre d’endroits, les ragots, la vision du monde de ceux qui sont restés par rapport à ceux qui sont partis, cette espèce de prisme déformant teinté de jalousie et de mépris vis-à-vis des anciennes connaissances qui ont réussi à s’en sortir et qui reviennent passer quelques jours au village. Jojo lui passe son temps à s’entraîner pour gagner des courses de motos, poussé (mais paradoxalement peu encouragé) par son père David (Damien Bonnard) et épaulé par son meilleur ami Willy qui a quelques talents de mécano. Au sein de ce petit groupe on retrouve aussi Teddy, joué par un Artus totalement métamorphosé. Cette transformation n’est certes pas nouvelle dans la mesure où depuis le succès d’Un p’tit truc en plus nous avons beaucoup eu l’occasion de voir Artus dans les médias, il paraît néanmoins utile de rappeler, sans verser dans quelconque affirmation sulfureuse de journaliste people, que les kilos perdus l’ont été pour ce rôle qui lui tenait à cœur, comme il l’a récemment révélé en interview. Un investissement qui paie car au-delà de sa performance, il y a de quoi être fier de jouer dans un film aussi réussi. Nous évoquions juste au-dessus la pertinence qu’avait le film lorsqu’il brossait le quotidien de ses autochtones, il a le même talent pour le faire imploser. C’est d’ailleurs à cette occasion que le film montre tout ce qu’il a sous le capot.

Il est délicat de s’attarder sur tout le monde au cours d’un seul papier car nous pourrions citer l’entièreté du casting, chacun ayant à sa mesure une partition très bien écrite qui lui permet le plus clair du temps de montrer plusieurs facettes de son jeu et ce y compris pour les rôles les plus secondaires. Nous, nous y aurons par exemple découvert Léonie Dahan-Lamort, dans le rôle de Marina, cette jeune fille fascinée par la tapisserie de l’Apocalypse d’Angers, quand bien même son rôle s’avère perdre peu à peu de temps d’écran au fil de l’histoire. On se focalisera donc pour commencer sur le duo de tête et notamment sur Amaury Foucher, car il s’agit tout de même de son premier rôle : quel charisme, quelle présence, quelle stature ! Tout aussi crédible sur une moto que lors de scènes plus délicates, cette révélation mérite à l’avenir d’autres rôles intéressants pour dévoiler tout son potentiel, ici juste effleuré.

Quant à Sayyid El Alami il est une fois de plus impeccable mais ce n’est pas une surprise, il avait déjà été parfait dans Leurs Enfants après eux, qui narrait d’ailleurs lui aussi le quotidien de personnages prisonniers d’un univers étriqué. Damien Bonnard tire aussi fortement son épingle du jeu. Avec l’air apathique qui le caractérise habituellement, il arrive brillamment au gré des événements à communiquer la colère et le malaise palpables dont son personnage est vecteur (dans le film, il joue le père de Jojo) jusqu’à le voir se décomposer petit à petit d’une façon aussi triste que réaliste. On finit par ressentir de la pitié pour lui tout en se disant qu’il a finalement bien mérité ce qui lui arrivait, un sentiment versatile face à une situation qui ressemble bien à ce qu’on pourrait ressentir face à des tels événements.

La Pampa est ainsi une réussite absolue. Qu’il s’agisse de l’intensité procurée par ses interprètes ou par celle de quelques scènes de motos bien senties, des interactions amusantes, dérangeantes, voire carrément violentes des habitants de ce village prêts à tout du jour au lendemain pour crucifier l’un des leurs sur la place publique, Antoine Chevrollier a fait un premier film sous le signe de la bravoure. On ne saura donc que trop vous encourager à vous déplacer en salles pour le voir tout en espérant qu’il aura au cours des prochains moins la reconnaissance qu’il mérite.

Titre Original: LA PAMPA
Réalisé par: Antoine Chevrollier
Casting : Sayyid El Alami, Amaury Foucher, Damien Bonnard …Genre: Drame
Sortie le: 05 février 2025
Disponible en DVD & Blu-Ray le 11 juin 2025 chez Blaq Out
Distribué par: Tandem
EXCELLENT
Catégories :Critiques Cinéma, Les années 2020








































































































































