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SYNOPSIS : Pays de Galles. Bethan mène une double vie en essayant de garder secret la maladie mentale de sa mère et l’alcoolisme de son père.
Les deux saisons de 5 épisodes chacun (30 minutes par épisode) ont été diffusées sur la chaîne publique BBC3, entre 2018 et 2021. Ce n’est que maintenant que la série de Kayleigh Llewellyn galloise d’origine, débarque sur nos écrans tricolores, mais l’attente en valait largement la peine. In My Skin, c’est plus encore qu’un récit d’initiation ou qu’une chronique sociale douce-amère. Les curseurs sont poussés à fond, avec pour autant un terrible réalisme social. Bethan doit tous les jours et à chaque fois en 24h, gérer ses transformations corporelles à un âge de tous les impossibles, essayer de sauver sa mère d’un trouble bipolaire, de fuir son père alcoolique et dangereux, et assumer ses préférences sexuelles naissantes, tout en faisant face à la meute sanguinaire de certains camarades décérébrés. Bethan fera tout pour préserver les secrets familiaux. Sauf qu’avec ce culte du secret, cette peur de la honte, du jugement aveugle et cruel, si sa mère est bipolaire, c’est comme si Bethan devenait schizophrène, en sus du vertige permanent des tourments de l’adolescence féminine.
Et pour autant, avec un tel tableau, dans In My Skin, rien n’est jamais plombant ou pathos, car tout est toujours bouillant. C’est une explosion de vie car In My Skin en se glissant dans la peu de Bethan, prend le parti de la jeunesse, coincée entre ses légitimes aspirations d’insouciance et une réalité familiale glaçante. Tout fait sens dans cette pépite galloise grâce à une mise en scène qui prend le temps de ses démonstrations, avec pour autant jamais de lenteur et un rythme addictif total. A l’image des scènes de crises de bipolarité de sa mère, qui sont filmées sans complaisance mais sans impudeur. C’est d’une justesse inouïe, notamment dans ce que ça peut convoquer comme bouleversements pour la jeune ado quand elle voit sa mère en plein délire. Une justesse qui ne quittera aucune scène de In My Skin dans tous les thèmes qui seront abordés. Quand Bethan commence à assumer ses choix sentimentaux, sa sexualité, les scènes sont non pas longues, mais minutieuses et prennent le temps de nous montrer ce qui traverse l’adolescente. Elle est filmée avec beaucoup d’amour et elle le rend sans arrêt à la caméra. On est spectateurs à tout point de vue.
Au-delà de l’ambiance toute britannique, l’on pensera au tout récent Bird (2025) de Andréa Arnold, chef-d’œuvre d’une furieuse beauté, avec en commun ici un dispositif scénaristique qui donne espoir en la jeunesse, exposant ses innombrables drames et impossibles d’être une fille de 16 ans aujourd’hui. Y compris dans une crasse précarité, et avec des parents non pas simplement dysfonctionnels mais aux confins de la folie ordinaire, qu’elle soit classifiée ou non. Le lien entre Bethan et sa mère est un cri d’amour, dans une inébranlable sororité.
Bethan est comme l’aidante de sa mère, alors qu’elle-même se cherche dans ses amitiés, ses amours, et la difficulté de réfréner les envies instantanées. C’est toute cette complexité qui est dépliée, mais paradoxalement, et c’est aussi une grande puissance de la série, avec un vent assez constant d’optimisme. On craint le drame venir à chaque instant, tant tout ce qui entoure Bethan semble tenir sur un fil. Pour autant, l’énergie folle de la jeunesse se pose comme une urgence à l’espoir. Ainsi, on est avec Bethan tout le temps, et c’est nous même qui rajeunissons !!
Au casting, Jo Hartley notamment, est saisissante d’émotions car elle donne un visage à la bipolarité et sa transformation physique est d’une formidable force. Elle est dans nos têtes. Mais clairement, il est parfois de ces révélations, et ici Gabrielle Creevy dans le rôle de Bethan, tellement mise à rude épreuve nous magnétise avec une grâce folle. C’est tout son corps, son âme, con cœur qui sont ici disséqués, et un peu quand même au marteau piqueur. Son engagement est total, et elle est pour beaucoup dans la réussite pleine et entière de cette pure pépite sérielle. Au final, In My Skin, si elle épouse des codes que l’on connaît, le fait en dépoussiérant considérablement ses pairs, par son rythme, sa modernité, son humanité débordante et une mise en scène diablement mordante. Binge Watching assuré !!
Crédits : Arte








































































































































