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SYNOPSIS : Début des années 50, sur les bords de Marne, François, un jeune garçon de 11 ans, découvre avec intérêt que ses parents entament, dans le petit jardin familial, la construction d’un bateau, réplique du voilier du célèbre marin Joshua Slocum. Au long des années, dans une France d’après-guerre, le jeune François va voguer de l’adolescence à l’âge adulte. Au fil de la construction du bateau, tout en portant un regard tendre et poétique sur sa mère et son père, le jeune garçon entamera sa propre aventure, celle qui le mènera sur le chemin de ses passions, la mer et le dessin.
Avec Slocum et moi, à 84 ans, et pour son septième long métrage, Jean-Françoic Laguionie, héros discret du film d’animation, délivre son premier film autobiographique. Il a souhaité associer le destin du navigateur Joshua Slocum à sa propre histoire, celle d’un « voyage immobile », comme il le raconte : « Il ne s’agissait pas seulement de donner au film de grands espaces maritimes face au huis clos du jardin, mais de bien donner sa place au bateau en construction. De révéler son véritable rôle. Il ne navigue pas, donc il doit avoir d’autres choses à nous dire…« . Joshua Slocum a réellement existé. C’est un navigateur du XIXe siècle qui a parcouru 46.000 milles à bord de son bateau. Les dessins du film s’inspirent directement de ses photos. Avec Slocum et moi, qui a enchanté le dernier festival d’Annecy, d’emblée on se situe dans une mélancolie tellement poétique qui est celle de la nostalgie, où chaque détail devient un alexandrin. Ces moments chéris dont on ne mesure pas à l’instant T l’impact éternel sur nos futures vies d’adulte.

Le trait de crayon est simple et épuré, pleinement en phase avec cette ambiance lancinante du film, fait de Guinguette et de guitare Jazz. C’est toute cette légèreté d’une époque d’après-guerre, où chaque minute est appréciée, où l’on est heureux d’être en vie, d’être libre. C’est tout le film qui s’embarque dans une chaleureuse douceur, entre ce délicat tableau familial, cette époque douce-amère, et une mise en images qui nous transporte comme sereinement, sans cynisme, et avec une forme de croyance en demain, un espoir jamais vraiment vain. C’est tout ça en peu de temps Slocum et moi, et c’est déjà tellement.

C’est aussi beaucoup de tendresse sur ce trio familial. Un trio aux deux équipes. La mère et le père. La mère et le fils. La troisième équipe manquante est une quête perpétuelle. Avec comme trop souvent la pudeur mal placée masculine, faussement bourrue car justement si particulièrement sensible et émotive. C’est le bateau familial qui va faire d’autant plus lien. Ce bateau familial qui se construit dans le jardin est un ketch de 8m50, réplique d’un bateau mythique : le Spray. Un modèle qui s’inspire directement du journal de bord de Slocum.

Du réel à l’idéal, tant Slocum et moi nous plonge aussi avec délice dans la puissance fertile et en vérité infinie de l’imaginaire du monde de l’enfance. C’est aussi une grande force du film. Garder ce vent de fraîcheur et comme un latent optimisme car ce sont des yeux lucides, mais profondément poétique d’un enfant qui nous conte cette histoire et la façon dont il regarde ses parents. Le couple est d’ailleurs impressionnant dans sa solidité. Si Louise en Hiver (2016) du même auteur, s’inspire de la mère, Slocum et moi, lui, s’inspire du père. L’ensemble est composée par Pascal Le Pennec, avec qui le cinéaste avait déjà collaboré pour les musiques du Tableau (2011) et de Louise en Hiver (2016). La musique a été enregistrée par l’orchestre symphonique de Bretagne. Elle entretient une place singulière dans Slocum et moi car très présente, mais tout en alternance et là aussi tout en douceur. A noter qu’au casting vocal, pour le rôle de François le narrateur, c’est bien une voix d’adulte, celle de Elias Hauter, qui nous amène à penser au passé, car voix d’adulte pour corps d’enfant. L’acteur joue sur une forme de neutralité contemplative, qui vient comme rendre l’émotion factuelle. Toujours juste et jamais surjoué. Les parents sont assez taiseux mais on reconnaîtra entre 1000 la chaleur généreuse de Grégory Gadebois, acteur, conteur et véritable poète d’une forme d’humanité bienveillante. Au final, Slocum et moi c’est doux, subtil et délicat. Remarquablement mis en en scène, il émane de l’œuvre une grâce et surtout cette salutaire légèreté qui dans ces temps au bas mot de constantes fourberies nous ramène ici un vrai morceau d’universalité. Alors, on prend !!

Titre Original: SLOCUM ET MOI
Réalisé par: Jean-François Laguionie
Casting : Elias Hauter, Grégory Gadebois, Coraly Zahonero…
Genre: Animation, Famille
Sortie le: 29 janvier 2025
Distribué par: Gebeka Films
TRÈS BIEN
Catégories :Critiques Cinéma, Les années 2020








































































































































