FLOW, LE CHAT QUI N’AVAIT PLUS PEUR DE L’EAU (Critique)

Par Vincent Thoreton le janvier 24, 2025 • ( Poster un commentaire )

Un chat se réveille dans un univers envahi par l’eau où toute vie humaine semble avoir disparu. Il trouve refuge sur un bateau avec un groupe d’autres animaux. Mais s’entendre avec eux s’avère un défi encore plus grand que de surmonter sa peur de l’eau ! Tous devront désormais apprendre à surmonter leurs différences et à s’adapter au nouveau monde qui s’impose à eux.

Quel étonnant film d’animation qui laisse une impression particulière et singulière, due pour une grande part au fait que la totalité du film est sans parole. Mais aussi que l’environnement qui nous est dépeint n’est pas clairement identifiable.. A quelle époque sommes nous ? Sommes nous sur Terre ? Que sont devenus les humains ? C’est un extraordinaire voyage au-delà des repères habituels et balisés que peuvent nous offrir certaines suites à rallonge. Fort heureusement, dans le domaine de l’animation, le balisage nous offre tout de même très souvent la petite dose de divertissement qui nous fait du bien. Mais là, dès les premiers instants, on sent qu’on est devant quelque chose de différent, que le voyage va être unique. On est ravi qu’un tel film d’animation puisse trouver le chemin des salles, rencontrer son public, et satisfaire les critiques. Il vient tout juste de remporter le Golden Globe du meilleur film d’animation, face aux mastodontes de Disney, Dreamworks et Netflix pour Vice versa 2, Vaiana 2, Le robot sauvage et Wallace et Gromit. A tout juste 30 ans le réalisateur lettonien Gints Zibalodis signe son deuxième film d’animation après Ailleurs en 2019. Cette histoire de chat qui tente de survivre dans un univers hostile, il l’a en tête depuis le lycée. Il fait le pari d’un film muet, avec des animaux plus vrais que nature. La narration du film prend appui et s’ancre dans chaque image. Chaque scène est une découverte totale, une surprise, un émerveillement, une tension, un sourire… Il n’y a pas de temps mort, de scènes déjà vues, de dialogues inutiles, de gags répétitifs. Ce film ne joue à aucun moment dans la facilité pour sécuriser le retour sur investissement. C’est un film qui ose et qui prend des risques.

Nos sens sont sollicités, notre relation et notre proximité naturelle à la nature et aux animaux nous est rappelée. Dès les premiers instants on est embarqué dans une course poursuite entre Flow et une bande de chiens. Les mouvements de caméra sont dynamiques, fluides et inventifs. Les sons et la musique finissent de nous emporter totalement pour nous tenir en haleine. Chaque étape du voyage de notre félin héros est l’occasion de découvrir un paysage plus intimidant encore que le précédent. La fragilité de l’animal face à l’immensité de la nature, face à un environnement changeant et incontrôlable.

S’y adapter passera obligatoirement par le collectif, par la nécessité d’aller au-delà des différences. Le sous texte est clairement d’actualité face aux enjeux climatiques de notre temps. Vous n’allez pas voir une grosse comédie potache, vous êtes prévenu. Le jeune enfant manquera peut-être de bruit et d’agitation que les grosses productions apportent en général pour que son attention reste soutenue, l’adulte pourra se sentir désarçonné face à ce mélange de style, mais passé ce premier niveau de réaction, ce qui reste en tête est encore une fois unique en son genre.

Et pour ça, le pari est remporté haut la main. Flow est une œuvre originale, stimulante et revigorante, qui pourra se redécouvrir à des âges différents car elle sera à coup sûr une aventure différente à chaque fois. Flow a été présenté à Cannes dans la sélection Un certain regard et est ressorti multi-primé au festival d’animation d’Annecy. Désormais, ce sont les Oscars qui se dressent sur sa route avec deux nominations…