Critiques Cinéma

PAR AMOUR (Critique)

SYNOPSIS : Sarah et Antoine sont au bord de la rupture, fragilisés par un quotidien surchargé, entre le travail et leurs deux enfants. Un jour, Simon, l’aîné, confie à sa mère entendre des voix. Si Antoine peine à prendre la mesure du problème, Sarah décide de soutenir son fils. Jusqu’où sera-t-elle prête à aller par amour ?

Ce mercredi, Cécile de France est de retour dans un nouveau film, Par amour, une proposition au synopsis et à la bande annonce accrocheurs. Cécile y incarne Sarah, mère de deux enfants, dont la vie de couple est extrêmement tendue mais qui s’accroche tant bien que mal pour éviter que son couple ne vole en éclats, tout en étant malgré tout très active au sein des disputes à répétition. Jusqu’au jour où le quotidien va progressivement s’aggraver. Après une balade à la plage, Simon (Darius Zarrabian), l’un de ses fils, commence à avoir des comportements étranges. Il prend plusieurs bains par jour, parfois en cachette, et passe des heures dans la baignoire y compris la nuit. Il finit même par remplir des récipients d’eau auprès desquels il reste immobile. Sarah, consciente que quelque chose de potentiellement grave est en train de se produire, finit par le confronter. Lorsqu’il est dans l’eau, Simon entend des voix qui lui parlent. Des voix d’extraterrestres.

 


Par amour nous a presque immédiatement fait penser à Take Shelter. Pas spécialement par ses qualités, la comparaison étant surtout faite à titre illustratif (Take Shelter est un mastodonte, un bijou du genre) mais par sa structure et son postulat de départ. Nulle tornade ici bien évidemment, mais le doute. A l’instar du personnage de Curtis (Michael Shannon) dans Take Shelter, ici le spectateur ne sait pas si les propos proférés par Simon sont des affabulations ou des prémonitions, Par amour ayant bien sûr vocation à explorer les deux pistes et faire douter tout le monde. Là où les choses sont différentes c’est dans les rapports de force. Dans Take Shelter Curtis croit en ses visions jusqu’à vaciller et surfer avec le doute et la folie, ses proches assistant à des facéties de plus en plus envahissantes et destructrices. Dans Par amour on se concentre principalement sur Sarah puisque c’est de son point de vue qu’est racontée l’histoire, pas du point de vue de Simon. Et puis ce dernier est un enfant. On voit donc Sarah s’immerger peu à peu dans le supposé délire de Simon et s’y mettre à y croire presque plus que lui au même titre que les spectateurs, même si on reste plus mesurés car on n’a pas oublié que nous étions dans un film français (et accessoirement que nous n’étions pas la mère de Simon).


Notre affirmation précédente n’avait rien d’une pique gratuite, nous qui adorons le cinéma français, mais il faut avouer que les films qui flirtent avec le fantastique ou l’apocalyptique ont une fâcheuse tendance à faire deux choses qui peuvent irriter : soit à nous emmerder en y fourrant des aspects sociaux hors sujets dont on se serait bien passé (coucou Acide), soit à nous balancer du fantastique sans en faire grand-chose d’intéressant et encore moins à se donner la peine d’en expliquer les tenants et aboutissants (coucou Animalia et Les Tempêtes). Puis il y a ceux qui décident de jouer en semant le doute, pour nous faire croire qu’il y aura du fantastique, avant de trancher d’un côté ou de l’autre. A ce petit jeu, Salem avait été plutôt bon et apprécié l’année dernière. A contrario Holly (qui n’est certes pas un film français mais qui est un bon exemple) s’était bien payé notre tête. Nous ce qui nous intéressait dans Par amour, vous l’aurez peut-être deviné, c’était bien sûr les extraterrestres et donc l’aspect fantastique. Quatre possibilités s’ouvraient alors, soit Simon était fou ou menteur, soit nous finirions par apprendre que Simon disait vrai et le film développerait une histoire au-delà du postulat de départ, soit le film déciderait de rester sur une ambiguïté, soit Simon disait vrai et nous nous arrêterions là, fin de chantier. Nous ne vous dévoilerons bien évidemment pas quelle option a acté Par amour mais nous pouvons vous dire que nous sommes restés sur notre faim. Parce qu’en 2025 on ne peut plus se contenter de ça. Oui c’est un joli film qui arrive à nous balader, où le fantastique présumé est davantage un prétexte qu’autre chose pour développer l’amour de Sarah à l’encontre de ses enfants et crever l’abcès avec son mari, mais nous on est venus voir un film sur un enfant qui dit entendre des extraterrestres donc on en veut davantage. Déjà parce que n’est pas Take Shelter qui veut (qui soit dit en passant savait quand même nous aguicher avec les cauchemars de Curtis), mais aussi parce qu’on en a marre des propositions fantastiques qui ne s’assument pas. On l’aura bien compris ici, le film voulait surfer sur l’ambiguïté et il n’y a pas de souci là-dessus, mais qu’est-ce qu’il est avare dans sa proposition finale…Manque de budget ou d’imagination on ne saura pas, mais on n’aura été ni spécialement surpris ou emballés par le dénouement dans la mesure où encore une fois il n’y a rien d’extraordinaire à voir. Pire le degré de revisionnage d’un tel film est proche de zéro.



Par amour est comme son titre l’indique, davantage un film sur l’amour d’une mère vis-à-vis de son fils, prête à tout pour l’aider y compris à le suivre dans des propos en apparence hautement farfelue. A l’instar de Sarah le spectateur finit par se prendre au jeu et espère que tout cela soit vrai. Le film, au-delà de l’amour, est aussi une question de foi, cette façon instinctive que nous pouvons avoir à croire ou non en l’extraordinaire. Dommage que le dénouement, plutôt fade, n’ait pas le même impact sur nous que sur Sarah et sa famille car on sentait vraiment la mayonnaise prendre et se diriger vers une apogée qui nous marquerait. Malheureusement, quand on fait une telle proposition, il n’est plus possible de nos jours de seulement décider d’agiter du fantastique puis de trancher à la fin si oui ou non ça en est. On en attend plus, on attend d’être récompensés car on y mise notre temps et surtout, comme nous le disions, notre foi, tout comme les personnages. Le film n’en reste pas moins sympathique avec quelques séquences assez efficaces et un casting aux petits oignons où comme d’habitude, Cécile de France crève l’écran. Mais on le redit, ce n’est pas assez, c’est donc une occasion manquée. Par amour exploite bien l’amour, certes, mais il délaisse trop la foi du spectateur au profit de celle des personnages.

Titre Original: PAR AMOUR

Réalisé par: Elise Otzenberger

Casting : Cécile de France, Arthur Igual, Darius Zarrabian

Genre: Drame

Sortie le: 15 Janvier 2025

Distribué par: Tandem

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