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SYNOPSIS : À Carthage, petite bourgade du Texas, dans les années 1990, Bernie Tiede, assistant croque-mort est aimé de tous les habitants. Véritable maître de l’embaumement et des animations d’enterrements, chanteur hors pair, Bernie va se lier d’amitié avec Marjorie Nugent, une riche veuve, à l’inverse, détestée car désagréable. Très vite, ils deviennent inséparables, voyagent à travers le monde et ne peuvent plus se passer l’un de l’autre. Mais la vieille femme possessive maintient Bernie sous son emprise jusqu’à ce qu’il l’assassine pour s’en libérer…
Curiosité parmi les curiosités du cinéma bien curieux de l’étonnant Richard Linklater, Bernie est l’occasion pour le scénariste et réalisateur américain de retrouver Jack Black à la tête de son casting, presque 10 ans après l’avoir dirigé dans le désormais culte Rock Academy. Nous sommes en 2011, et Linklater – avec le concours de son co-scénariste Skip Hollandsworth – s’empare d’un inhabituel fait-divers : dans la petite ville de Carthage au Texas, en 1996, un certain Bernie Tiede, assistant funéraire humble, charismatique et extrêmement populaire de sa communauté, noue une relation privilégiée avec Marjorie Nujent, une riche acariâtre toute fraîchement veuve détestée de tous. Alors que Marjorie transforme ce lien en une emprise sur Bernie, la petite ville connaît un évènement qu’absolument personne n’avait vu venir et que tous se refusent encore à croire. Tourné comme un mockumentary (un faux-documentaire) raconté par une série d’interviews des habitants de Carthage (certains sont des comédiens avec texte, d’autres sont de réels locaux) et entrecoupés par une reconstitution des évènements autour du protagoniste interprété par Jack Black, Bernie glisse entre les genres, évoquant à la fois la comédie noire décomplexée, le drame judiciaire nuancé et les variations de tons du film documentaire. Linklater adapte le fait-divers en s’accaparant l’image populaire de Bernie Tiede, un homme profondément gentil, toujours à l’écoute des autres, ouvert et généreux, un bon samaritain simple et sans prétention apparente – un personnage nous dit même que » s’il y avait eu une élection de la personne la plus appréciée de la ville, cela aurait sans nul doute été Bernie « . Jack Black campe avec brio ce grand nounours empathique et élégant, trouvant dans ce registre une place démente pour ses pics de comédie subtile et un équilibre malin pour y insérer des purs moments d’émotions et de drames qui fonctionnent à plein régime. De son introduction dans ce cours de thanatopraxie détaillé – hilarant par l’aspect jovial contagieux de son personnage en pleine opération sur un cadavre – à la conclusion inévitable du film sur les bancs du tribunal, Bernie est un objet frontalement curieux plongeant dans une Amérique coupée du monde, centrée sur une ville où tout le monde sait tout de tout le monde et où les apparences sont souvent là où on s’arrête.

Ce Bernie, adorable accompagnateur qui fait craquer toutes les vieilles dames venant pleurer aux enterrements de feu-leurs conjoints, est un personnage présenté comme génialement simple (il est vraiment gentil, il est vraiment populaire, il est vraiment empathique, il est vraiment généreux, il est vraiment génial !!!), mais est-ce vraiment le cas ? Dans un jeu malin de montage entre les interviews et les scènes de fiction du film, Linklater raconte une ironie palpable où tout semble pourtant si limpide à comprendre, cachant la vérité sans jamais la dire au cœur d’une comédie noire qui emprunte plus à Fargo que l’on penserait.

Bernie est un objet atypique, pas formaté comme la comédie ordinaire ni comme le drame juridique habituel, dans un habile mais pas toujours très parlant mélange de genres donnant à son casting un très bon matériau (derrière l’excellent Jack Black, on retrouve Matthew McConaughey en procureur cowboy à charge et Shirley MacLaine en veuve toxique et possessive prête à tout pour priver les autres de quoi que ce soit qui ne lui paraît pas mérité) pour exprimer leurs talents dans une tension comique contagieuse.

Le film laisse cependant un arrière-goût bien plus cynique qu’il ne semble vouloir le faire, donnant à sa comédie sombre un air parfois maladroit de » cautionary tale » qui ne le dit pas, cachant son propos au fond de son dispositif scénique plutôt limité par son style, ayant tendance à cannibaliser les identités colorées de ses personnages. S’il n’est pas vraiment le meilleur Linklater, Bernie reste une comédie simple et caustique à (re)découvrir pour sa jovialité, sa nuance et son envie de pirater le genre pour raconter la déconnexion d’une Amérique persuadée de sa vérité.

Titre Original: BERNIE
Réalisé par: Richard Linklater
Casting : Jack Black, Shirley MacLaine, Matthew McConaughey.…
Genre: Comédie, Drame
Sortie le : 05 novembre 2014 en VOD et le 8 janvier 2025 en salles
Distribué par: ExtraLucid Films
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BIEN
Catégories :Critiques Cinéma, Les années 2010








































































































































