Critiques

SQUID GAME (Critique Saison 2) Tout aussi brutal et sans doute encore plus cruel !

SYNOPSIS : Tentés par un prix alléchant en cas de victoire, des centaines de joueurs désargentés acceptent de s’affronter lors de jeux pour enfants aux enjeux mortels.

C’est peu dire qu’elle était sacrément attendue cette saison 2 ! Après 3 ans de patience et au regard des passions qui ont enflammé les réseaux à l’issue de la première salve, qui fera couler autant d’encre sur la toile que de sang sur les plateaux de jeu de Squid Game, qu’allait faire le créateur de la série, Hwang Dong-hyeok face à la critique d’une certaine violence gratuite érigée en jubilation cathodique ? Dès les premières minutes de la deuxième saison, la réponse est sans ambiguïté, c’est tout aussi brutal et sans doute encore plus cruel ! C’est aussi ça la réussite d’une suite, conserver les ingrédients du succès, sans tomber dans son propre plagiat ou une forme d’auto-caricature, en y ajoutant suffisamment de nouveauté pour provoquer un nouvel intérêt. Objectivement de ce point de vue-là, le pari de ce deuxième opus de Squid Game est largement tenu.

Un excès de cruauté, notamment car cette fois-ci, les joueurs ont le choix après chaque partie, de quitter collectivement à l’issue d’un vote démocratique, le jeu. Sauf que plus y a de jeux, plus IL y a de morts, et plus il y a de morts, plus il y a d’argent à amasser. Ainsi, face à l’appât du gain, la mort d’autrui pourrait bien sembler hautement dérisoire. C’est ainsi la convocation des plus vils instincts des joueurs désargentés pour le plaisir des anonymes spectateurs présumés hyper riches. Le cynisme de classe est à une forme d’apogée. C’est sans doute en cet endroit que l’on peut ne pas estimer que la violence, certes récurrente de Squid Game, soit totalement gratuite. Elle n’est qu’un outil extrême d’une démonstration autre, qui se voudrait une critique anticapitaliste (le tout sortant sur Netflix par ailleurs !), voir selon certains une attaque en règle du système politique et sociétal de la Corée du Sud.

 

Le sadisme est un peu partout et c’est aussi ce qu’attend il faut bien l’admettre le téléspectateur, et si ce fantasme enterré n’est pas non plus nouveau, il est pleinement assouvi dans cette deuxième partie avec des nouveaux jeux toujours aussi immoraux et destructeurs. Pour exemple, dans un jeu, l’idée pour ne pas se faire dégommer est de faire collectif, de trouver des alliés, avec qui on va littéralement vivre ou mourir ensemble. Dans le jeu qui suivra, la seule solution pour s’en sortir sera de trahir le pacte précédemment conclu. C’est bien crade, et on en redemande, c’est tout ça Squid Game !! Dans cette saison 2, c’est une métaphore de la polarisation actuelle de nos sociétés qui émerge et qui ne peut laisser complètement indifférent. Le tout servi par une mise en scène toujours aussi millimétrée et son irréprochable direction artistique, avec un nuancier de couleurs, de costumes, de codes et de rythmes qui entrent bien dans nos têtes. L’effet de contrastes, autant dans les décors que les comptines enfantines face à l’objet macabre et l’amoncellement de corps qui tombent sous les balles, est toujours aussi glaçant, y compris car il nous fait assez jubiler !!

Après, le programme reste un divertissement très certainement contestable, mais finalement très en phase avec son époque et qui a le mérite sans révolution de salon non plus, d’une forme d’irrévérence clairement pas déplaisante. Même si on pensera aussi à Alice In Borderland (2020) qui dans le même genre défonçait encore plus les codes. On retrouvera au casting avec beaucoup de plaisir Jung-Jae Lee, qui après avoir miraculeusement survécu aux mortels jeux de la première saison, revient avec une envie de vengeance qu’il porte constamment sur lui, et qu’il nous communique sur un mode assez captivant. Il est comme la caution morale de l’histoire, c’est peu dire qu’il sera fatalement mis à mal.

Les autres prestations sont globalement égales et assez délicieuses, sans trop en faire dans le surjeu au regard des constants effets dramatiques vécus par les joueurs. A ce petit numéro là, on retiendra notamment le flegme presque inquiétant de Lee Byung-Hun dans le rôle du joueur 001, qui porte en lui bien des mystères. Au final, cette saison 2 de Squid Game, si elle n’apporte rien de révolutionnaire à son propos initial, continue de nous embarquer grâce à un mix somme toute assez réjouissant de nouveautés qui nous font binge-watcher sans retenue, tout en maintenant un niveau de morbide fascination, promesse d’un très bon moment de divertissement !!

Crédits : Netflix France

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