LE PÔLE EXPRESS (Critique)

Par Pierre Chamb le décembre 27, 2024 • ( Poster un commentaire )

SYNOPSIS : Un jeune garçon qui se met à douter de l’existence du père Noël monte dans un train mystérieux en partance pour le pôle Nord. A mesure que le Pôle Express s’enfonce dans des contrées enchantées, l’aventure est au rendez-vous et les jeunes passagers prennent conscience de l’étendue de leurs dons.

Inspiré du roman à succès de Chris Van Allsburg sur la foi déclinante d’un garçon envers le Père Noël et son voyage revigorant vers le pôle Nord, Le pôle express est le premier film généré par ordinateur basé sur des performances humaines. Le rendu visuel du film est à mi-chemin entre l’action réelle et les dessins de Van Allsburg. Robert Zemeckis, le réalisateur de Qui veut la peau de Roger Rabbit ? juxtaposait déjà l’action réelle et l’animation dans son film de 1988. Cette fois-ci il les fusionnent en utilisant un procédé appelé « capture motion », dans lequel des acteurs exécutent les mouvements qui sont traduits en animation réaliste. Les personnages du film n’ont pas l’air réels, mais ils ne semblent pas non plus irréels. La plupart des performances corporelles et vocales sont l’œuvre de Tom Hanks, qui est également le producteur exécutif alors qu’il retrouve Robert Zemeckis, dix ans après le cultissime Forrest Gump (1994).

Comme évoqué plus haut, l’histoire raconte celle d’un jeune héros, à qui on ne donne jamais de nom. Il est à l’âge où l’existence du Père Noël est remise en question. Alors qu’il est allongé dans son lit, éveillé, un grondement retentit dans la rue et un train de voyageurs apparaît. Le garçon court dehors, en pantoufles et en peignoir, le conducteur lui conseille de monter à bord. Ayant laissé sa petite sœur préparer le lait et les biscuits du Père Noël et depuis qu’il a refusé de lui rendre visite dans un grand magasin, le jeune héros devient de plus en plus agnostique sur la question du Père Noël, et le Polar Express transporte apparemment ces enfants jusqu’au pôle Nord, où il faut voir pour y croire. Il va alors se lancer dans un voyage sur la découverte de soi qui lui montrera que les merveilles de la vie ne s’estompent jamais pour ceux qui y croient.

Combinant une narration classique avec une réalisation cinématographique de pointe, le film présente une version avancée de la technologie de capture de mouvement, développée et adaptée pour répondre à la vision sans compromis de Zemeckis. Certains effets visuels sont des coups de maître comme un angle de caméra qui regarde directement à travers une page imprimée, avec les lettres flottantes entre nous et le lecteur. Visuellement, ce voyage en train est à la fois majestueux et palpitant. Les directeurs de la photographie Don Burgess et Robert Presley nourrissent leurs compositions de faisceaux de lumière et d’ombres. Les dessins de l’auteur Van Allsburg sont parfaitement intégrés à l’aspect du film. La musique d’Alan Silvestri est somptueuse et enveloppante, le tout est renforcée par les chansons émouvantes de Glen Ballard. On retrouve également quelques classiques intemporels de Frank Sinatra, qui donnent à l’ensemble une atmosphère de Noël.

La chose principale que l’on peut reprocher au film, ce sont les détails et la finition des personnages qui sont complétements absents. Le film fonctionne mieux à distance, lorsque la caméra est éloignée de l’action et que l’on ne voit pas les détails sur leurs visages. Le fait qu’ils soient censés ressembler à de vraies personnes tout en ayant des yeux creux et souvent vides donne au film une sorte d’ambiance cinématique de jeu vidéo. Les décors et l’ambiance générale du train apporte les frissons nécessaires à ce genre de film, comme lorsque le train dévale des montagnes russes à travers des pics caverneux et file à toute allure sur des lacs gelés. Du côté des comédiens, il est intéressant de noter que tous les enfants ont été interprétés par des adultes (en motion capture), mais que les voix sont celles d’enfants. En revanche Robert Zemeckis et son équipe auraient pu diversifier les voix des adultes, car l’utilisation de Tom Hanks dans quatre rôles clés, bien qu’il soit remarquable, cela fait un peu trop quand même. Malgré ses lacunes, Le Pôle Express a le mérite d’être le premier à tenter cette performance sur grand écran. Il nous offre un film plein de charme et un réel plaisir pour les yeux. Avec quelques ajustements techniques et des personnages encore plus réalistes le film pourrait être beaucoup plus fort.