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SYNOPSIS : WICKED suit le parcours des sorcières légendaires du monde d’Oz. Elphaba, une jeune femme incomprise à cause de la couleur inhabituelle de sa peau verte ne soupçonne même pas l’étendue de ses pouvoirs. À ses côtés, Glinda qui, aussi populaire que privilégiée, ne connaît pas encore la vraie nature de son cœur. Leur rencontre à l’Université de Shiz, dans le fantastique monde d’Oz, marque le début d’une amitié improbable mais profonde. Cependant, leur rapport avec Le Magicien d’Oz va mettre à mal cette amitié et voir leurs chemins s’éloigner. Tandis que Glinda, assoiffée de popularité, se laisse séduire par le pouvoir, la détermination d’Elphaba à rester fidèle à elle-même et à son entourage aura des conséquences aussi malheureuses qu’inattendues. Leurs aventures extraordinaires au pays d’Oz les mèneront finalement à accomplir leur destinée en devenant respectivement la Bonne et la Méchante Sorcière de l’Ouest.
De par sa promotion menée tambour battant qui a assaillie Internet de sessions questions/réponses avec ses deux comédiennes principales et de par les échos dithyrambiques des premiers retours américains, Wicked est indubitablement devenu l’évènement cinéma de cette fin d’année. Cynthia Erivo et Ariana Grande-Butera, en tandem dans l’adaptation grand écran d’un blockbuster générationnel de Broadway revisitant l’un des films les plus mythique de la belle époque du Technicolor : Wicked joue à remettre le pied au Pays d’Oz en retournant les règles primaires établies par le film originel de Victor Fleming. A l’image d’une tranche toute entière des revisites modernes de sagas cultes, ici aussi les méchants d’antan deviennent des personnages tragiques incompris, et la Méchante Sorcière de l’Ouest – cette vilaine, détestable et flippante magicienne à la peau verte nourrie pendant des décennies par le jeu passionnant de Margaret Hamilton – est aujourd’hui la protagoniste de sa propre origin story. Inspiré par le musical de Stephen Schwartz et Winnie Holzman, lui-même inspiré de la série de roman Wicked : la véritable histoire de la méchante sorcière de l’Ouest de Gregory Maguire, elle-même inspirée – vous avez saisi – ce Wicked version 2024 reprend le récit d’Oz à la racine de sa Méchante, alors qu’elle s’appelle Elphaba (hommage phonétique de Maguire à L. Frank Baum, créateur du Pays d’Oz et de son Magicien éponyme).

Wicked s’ouvre sur une vision du « futur » que l’on reconnait en un clin d’œil. Le chapeau de la Méchante Sorcière de l’Ouest gît sur le sol, des singes ailés traversent la vitre et volent vers la cité d’Emeraude alors qu’une jeune fille habillée de bleu et ses compagnons de fortune reprennent la route de briques jaunes… Au même moment, Glinda – la Gentille Sorcière de l’Est – vient apporter aux Oziens la nouvelle : la Méchante Sorcière de l’Ouest est bien morte ! Une chanson diablement enthousiaste est entonnée, jusqu’à ce qu’on pose LA question à Glinda. La rumeur veut que la Méchante Sorcière et elle… furent amies à un moment de leur jeunesse ! Glinda s’en va alors raconter le récit de leur rencontre sur les bancs de la Shiz University ! Quelques années plus tôt, Glinda (à l’époque nommée Galinda), fille superficielle et narcissique de la richissime famille Upland, se voit imposer une colocataire improbable : Elphaba, une jeune apprentie magicienne à la peau verte peu populaire et moquée par ses pairs. Voyant d’abord d’un œil jaloux l’intérêt que la responsable Madame Morrible porte à Elphaba, Glinda décide d’abord de la détester. Mais les évènements vont irrémédiablement rapprocher les deux femmes et les mener jusqu’aux émeraudes verdoyantes de la Cité du Magicien d’Oz… !

Le film s’est étrangement montré extrêmement discret sur le sujet – l’effaçant étonnamment de son titre – mais Wicked s’impose par son écran titre comme « Wicked Partie Une », révélant alors son adaptation découpée en deux. Ce premier épisode s’adonne alors à faire prendre vie au premier acte du spectacle, se coupant après la chanson phare du show Defying Gravity alors que l’histoire d’Oz prend le fameux tournant qu’on lui connaît. En faisant le pari d’un diptyque se refermant sur un « A suivre » qu’on commence à avoir l’habitude de voir récemment, le réalisateur Jon Chu (à qui l’on doit les volets 2 et 3 de Sexy Dance, le populaire Crazy Rich Asians et l’adaptation du In The Heights de Lin-Manuel Miranda) voit en grand – idée confirmée par la durée de ce premier épisode qui touche du doigt… les 2h40 ! Bien qu’on avouera volontiers y être allé sans être initialement convaincu par la promesse et par les premiers visuels partagés par les diverses bandes-annonces, nous sommes forcés d’admettre qu’en terme d’ambition formelle, de gestion du rythme, de trouvailles de casting et de grand spectacle populaire, Wicked fait carton plein. L’on pourra commencer par en délier les défauts inhérents qui pèsent sur ce premier Wicked – notamment son manque d’envergure scénaristique héritée par la structure du Musical (qui fonctionne donc sur une scène unique au décor minimaliste, mais pas vraiment sur un grand écran qui multiplie les plans et les décors et qui demande plus qu’un récit simpliste), son écriture de personnage assez lacunaire qui ouvre simplement la voie à leur exploration dans le second volet et des maladresses esthétiques qui empêchent le film de véritablement nous décoller la rétine (la photographie semble parfois effrayée par les couleurs vives – l’époque du Technicolor est définitivement loin, et au risque de passer pour des vieux schnocks, c’est bien dommage). Mais au-delà de son amplitude émotionnelle un brin limitée, qui touchera sans nulle doute les amateurs originaux de la Comédie Musicale mais qui décontenance un tant soit peu les néophytes, Wicked joue gros et propose un très grand spectacle qui assure le show avec les chorégraphies stupéfiantes de Christopher Scott composant avec les extraordinaires décors de Nathan Crowley (qui repousse les limites du cinéma « fond vert » moderne en épousant à nouveau les massifs décors réels qui rendent pleinement honneur au Monde d’Oz) pour livrer un show son et lumière détonnant auquel on prend un grand plaisir à assister (la séquence de « Dancing Through Life » et sa bibliothèque tournante est une prouesse scénique, ou la plus comique « Popular » joue avec un espace réduit et l’énergie de ses deux comédiennes pour assurer la promesse de son titre en offrant un hit populaire déjà confirmé).

Mais Wicked profite surtout d’un casting géant qui fonctionne de la première à la dernière image, à commencer par une spectaculaire Cynthia Erivo en grande pompe dans une performance épique et passionnée, et suivie de près par une impeccable Ariana Grande-Butera dans un registre frontalement camp qui rend son insupportable peste Glinda passionnante de maîtrise. Les deux comédiennes l’ont prouvé pendant toute la loooooongue tournée de promotion du film : elles possèdent une alchimie stupéfiante, se portant l’une l’autre constamment dans un jeu d’amour-haine qui soutient à lui seul la dynamique narrative du film. Autour d’elles, on soulignera le génial Jonathan Bailey dans la peau du tombeur prétentieux Fiyero (pétillant de charisme) et les seconds rôles notables des grands Michelle Yeoh et Jeff Goldblum qui posent la cerise sur un grand gâteau. Car à terme, Wicked parvient à accomplir beaucoup malgré ses nombreux défauts structurels – notamment la faute à une écriture théâtrale qui manque de profondeur pour un passage tel quel au grand écran – et assure un spectacle épique et coloré au potentiel exponentiellement populaire. Cela fera probablement mauvaise langue, mais malgré nos réticences originales, on a certes apprécié le retour à Oz, mais l’on y trouvera comme principale qualité d’être une parfaite manière de construire notre intérêt pour le futur second volet. Wicked premier du nom reste une introduction pour le moment incomplète, ce qui frustre à certains égards, mais qui promet à sa singulière façon d’honorer la grande époque des comédies musicales ambitieuses où ça gesticule, ça chante, ça valdingue, ça vole et ça hurle ses sentiments secrets à plein poumons. Et franchement, ça nous avait bien manqué.

Titre Original: WICKED
Réalisé par: Jon M. Chu
Casting : Cynthia Erivo, Ariana Grande, Jonathan Bailey…
Genre: Fantastique, Comédie musicale
Sortie le: 4 décembre 2024
Distribué par : Universal Pictures International France
TRÈS BIEN
Catégories :Critiques Cinéma, Les années 2020








































































































































