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SYNOPSIS : Comme tout le monde, Iris a une tête. Seulement sa tête… n’est pas exactement comme celle de tout le monde. Et sa bouche non plus, qui dit des choses que les autres bouches ne disent pas. Son petit-ami, sa cousine, un caviste, un gardien de musée… La liste de ceux qu’elle pousse à bout s’allonge chaque jour. Mais finalement, la première à en pâtir, c’est Iris. Et l’amour ? Quand on ne fait rien comme les autres, on le trouve loin des clichés…
Iris est une série écrite et réalisé avec le même talent par la flamboyante Doria Tillier. Sa créatrice qui, dans sa peur d’une forme d’américanisation de la société ou tout deviendrait trop lisse nous dit : « Je pense que le personnage est né d’une frustration au quotidien. Je m’exprime pas mal, mais j’ai quand même beaucoup de choses que je garde pour moi parce qu’il faut bien que la société tourne ». Iris, c’est tellement celle que l’on a tous rêvé d’être un jour. Le courage, les codes, conventions et autres normes nous entravent sans doute dans cette aspiration. Elle, elle s’en fout, sans aucun filtre, elle va refuser de participer à la cagnotte leetchi de la collègue qu’elle n’aime pas trop, et dire ce qu’elle pense à son hôte, d’un tableau au mur très… contemporain. Il y chez Iris ce petit quelque chose de Dupontel dans Deux jours à tuer (2008). Sauf qu’elle, elle est comme ça tous les jours sans raison particulière. En plus, tout l’intéresse, y compris dans les micro détails. La stratégie du pourquoi permanent et continu. Elle est épuisante et fatalement, la loufoquerie de moult situations devient alors inépuisable. Et si la réponse de l’autre ne la satisfait pas, ce qui est à peu près tout le temps le cas, elle ne feint pas de ne pas comprendre, ou de mollement s’en satisfaire, elle continue et peu importe si mort s’en suit pour l’interlocuteur. Combien de fois nous avons acquiescé sans comprendre, sans être sûr, avec encore un doute, mais emporté par la peur de froisser. Pas elle.

Avoir le sens de l’autre certes, mais sans son propre oubli. Au risque de passer pour l’emmerdeuse absolue de service et de drôlement s’isoler. Sauf qu’au final, et si Iris avait raison de ne pas s’embarrasser des oripeaux d’une forme de bienséance étouffante. Iris, c’est un peu l’autre nom de la liberté. Iris, c’est la définition même de l’attachiante. Hors de question de se mettre à la place de l’autre car : « j’ai pas envie« . La plupart du temps, je ne suis pas d’accord avec eux donc je ne veux pas me retrouver avec leur vision du monde dans la tête. Iris, c’est assez inclassable, et ce n’est pas bien grave. Sorte de thriller social. Simplement, c’est frais, très drôle, dans l’air du temps et d’une justesse permanente. Y compris quand la série nous amène sur l’ambiguïté de la chimie ou de la prédisposition, on ne sait pas bien, des méandres amoureux. Le seul qui va la comprendre saura-t-il l’aimer. C’est mordant, fun et diablement bien écrit. Et au-delà de la thématique principale de Iris, la drolatique insupportable, c’est aussi une petite série de pépites humaines qui se logent un peu partout. On pensera à l’éditrice qui garde son calme en toute circonstance, à la copine qui se nymphomanise après des années si prudes, et à la rencontre de l’arrêt de bus avec cet homme si lucide et qui réussit tellement ses débuts de phrases. C’est tout ça Iris, des scène inoubliables par leur férocité burlesque mais aussi beaucoup de suggestions, et de bonnes petites réflexions contemplatives. On ne s’ennuie jamais avec Iris, c’est romanesque à souhait.

Au casting, Doria Tillier est vibrionnante et écrase tout sur son passage. Une folie douce-amère complètement jouissive. Sa présence quasi constante est jubilatoire. Elle nous amène partout avec elle et on en redemande. L’actrice réalisatrice défend son personnage. Elle s’éclate et se lâche car clairement c’est celle que l’actrice voudrait être parfois. Parallèlement, elle n’est jamais dans l’outrancière démonstration. On se prend pleinement d’empathie bien qu’elle ne lâche jamais, mais alors jamais rien !! Tout le reste du casting est assez fou, Jeanne Balibar, jouant l’éditrice est à se tordre de rire en ne faisant justement quasiment rien dans un calme délicieux et une intelligence toute en douceur. Denis Podalydès est fidèle à son infini talent habituel, ici dans un rôle tout en égocentrisme, il est insupportable à souhait. Pascale Arbillot porte cette forme de désespoir de l’hésitation permanente avec autant de tendresse que de franche rigolade.

Et la mention à François Morel dans le rôle de Tom. Dora Tillier le rend sensuel avec sa caméra !! Son corps, ses mouvements, sa féroce pondération. Le rôle est du sur mesure pour cet immense acteur. Leur duo est magnétique, on aime quand ils se retrouvent. Leur dernière scène est comme touchée par la grâce. Au final, Iris, œuvre profondément poétique est une alternance de folie et de douceur dont il est impossible de se lasser et à laquelle l’addiction est immédiate. Sans doute car elle est notre fantasme le plus enfoui, celui de l’ode à la liberté absolue.
Crédits : Canal+








































































































































