SYNOPSIS : Jack, jeune comédien au chomage souffrant de claustrophobie, occupe pendant quelque temps l’appartement d’un ami. Profitant de la vue panoramique, il observe sa charmante voisine, Gloria, dont il ne tarde pas à devenir fou amoureux. A force de l’épier, il assiste un jour à l’assassinat de la jeune femme…

Body Double est un thriller dans la pure tradition hitchcockienne, qui met l’accent sur la narration visuelle plutôt que sur le dialogue. Le film est intelligemment construit et met en vedette un héros imparfait et plutôt stupide nommé Jake. Acteur en difficulté et au chômage, il se voit proposer un travail par autre acteur prénommé Sam (Gregg Henry). Il s’agit d’un travail plutôt simple car il doit « juste » garder une luxueuse maison sur les collines de Los Angeles. Avant de partir, Sam informe Jake qu’une femme d’une maison voisine exécute chaque soir une danse séduisante seins nus dans sa chambre. Jake va devenir obsédé par cette femme et devient un adepte de ses strip-teases nocturne. Dans les séquences inspirées de Fenêtre sur cour, il utilisera même un télescope pour observer la jeune femme (Deborah Shelton), et ira jusqu’à la prendre en filature dans les rues de la Los Angeles. Il n’est pas intelligent mais il n’est pas non plus mauvais et il va se trouver être le choix idéal pour servir de témoin à un meurtre. Ce qui le conduira dans le monde du cinéma pornographique avec la superstar Holly Body (Melanie Griffith) qu’il veut embaucher pour l’aider à résoudre le mystère. Cette incursion dans ce monde où l’on découvre quelques scènes pornographiques assez douces (tournées par De Palma lui-même) fait partie du véritable style dans ce film. Comme évoqué plus tôt, bien que Body Double soit résolument un film des années 1980, il rappelle ouvertement les œuvres d’Alfred Hitchcock, en particulier Sueurs froides et Fenêtre sur cour. Même si ce dernier explorait l’idée de femme pragmatique insufflant le désir, le travail de Brian De Palma est effectué avec une évidence plus frappante, voire aliénante. La cinématographie est également proche des années 1940 avec des plans soigneusement construits et un éclairage plutôt dramatique. On sent que le réalisateur est à l’aise avec ce genre. Habitué à des films aux suspense palpitant comme Carrie, Obsession ou encore des films au caractère social plus sérieux, comme Scarface, Body Double lui possède une intrigue plus étanche et semble plus décousu. Le film s’intéresse tellement aux frontières entre le réel et l’irréel qu’il en devient difficile de les différencier.

On a le sentiment que Jake suit ce mystère dans le terrier du lapin jusqu’à l’obsession et qu’il se trouve dans une autre réalité centrée autour de lui, cachant sa vraie nature derrière des façades. Craig Wasson joue un personnage très sympathique dans un rôle historiquement ingrat tandis que Melanie Griffith lui vole la vedette dans toutes les scènes où elle apparaît dans son rôle de star du porno punk aux airs de petite amie de gangster.

Tentant de faire une sombre parodie d’Hollywood avec son humour noir et obscène, la caméra est dirigée dans un autre espace oppressant et ultra-moderne. En jouant avec l’absurdité de l’intrigue, le film fait un pied de nez à l’industrie cinématographique en montrant des réalisateurs ringards et des acteurs minables lors des fêtes huppées de Los Angeles. Brian De palma veut nous faire comprendre à quel point l’industrie peut être un endroit vraiment dégradant et décevant.

Avec son courage presque unique de dépasser les bornes et de pousser les scènes vers une exagération joyeusement exacerbée et passionnée, Body Double est représentatif à la fois de la maîtrise technique éblouissante de son travail et de son immaturité morale. Même s’il n’atteint pas les sommets cinématographiques, c’est la lettre d’amour de son réalisateur à un genre de film qu’il affectionne particulièrement, attrayant et divertissant d’une manière qui le distingue des thrillers érotiques de l’époque.

Titre Original: BODY DOUBLE

Réalisé par: Brian De Palma

Casting : Craig Wasson, Melanie Griffith, Gregg Henry .…