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SYNOPSIS : Dans un futur où l’humanité a voyagé à travers la galaxie des milles planètes, une mystérieuse sororité appelée Bene Gesserit navigue entre les batailles politiques et les imbroglios de l’Imperium, poursuivant un but bien précis et bien à lui qui va amener ses membres jusqu’à l’énigmatique planète de Dune…
Fort du succès du diptyque de Denis Villeneuve, il n’était qu’une question de temps avant que la Warner ne commence à capitaliser sur la saga Dune de Frank Herbert – et ce même avant l’arrivée du troisième volet Messiah déjà prévu pour 2026. D’abord baptisée The Sisterhood, Dune Prophecy adapte le roman La Communauté des Sœurs écrit en 2012 par Kevin J. Anderson et Brian Herbert, permettant à Dune de décrocher Paul Atréides du tableau pour s’aventurer dans les origines de sa franchise. Prenant place plus de 10.000 ans avant les évènements des films, Dune Prophecy suit la naissance et les premières machinations en quête de pouvoir du Bene Gesserit par le prisme des deux Sœurs Valya et Tula Harkonnen. Avec un premier épisode très (très) riche en exposition et en révélation, la série menée par la showrunneuse Diane Ademu-John (scénariste sur The Haunting of Bly Manor et Empire) entreprend alors de faire de son prequel une fable politique lorgnant copieusement sur les ambitions de Game of Thrones – rien que ça.

Pour ce faire, HBO emploie les grands moyens, dégainant une photographie qui s’émancipe volontairement du brutalisme grandiloquent capté par Greig Fraser dans les films de Villeneuve tout en lui rendant grâce avec un très grand soin esthétique. Dune Prophecy, par ce pilote logiquement dense, complexe, un brin maniéré et parfois mécanique, se retrouve coincé dans un entre-deux qui est – après seulement un épisode de visionné – impossible à définir sur l’entièreté d’une saison. Mais, malgré tout, et en toute honnêteté avec une grande surprise, la découverte de ce démarrage nous a tout particulièrement séduit par son atmosphère brumeuse, sa violente douceur, sa galerie de personnages, son esthétique profondément léchée et la sécheresse de la composition musicale de Volker Bertelmann.

Dune Prophecy joue alors à retourner les attentes de son public, offrant une exploration unique de l’univers Dune par le biais de la naissance du Bene Gesserit et de la relation entre les sœurs Valya et Tula (belles performances d’Emily Watson et d’Olivia Williams). A travers une peinture d’un jeu de manipulation et de complots tapis dans l’ombre, HBO propose une série assurément complexe et pour l’instant un brin emmêlée mais pourtant fascinante sur plein d’aspects. En basant le rythme de sa narration et les timings des révélations sur les visions apocalyptiques des Sœurs, Dune Prophecy joue avec un climat onirique à double tranchant, tapant dans le contemplatif et la lenteur assumée d’une atmosphère brumeuse étonnamment unique bâtie autour de gigantesques décors très impressionnants et d’une vague de costumes brillamment dessinés. La série est également habitée par de nombreux personnages secondaires délicieux, à commencer par l’excellent Mark Strong qui interprète l’Empereur Javicco Corrino obnubilé par la prise de contrôle totale d’Arrakis, Travis Fimmel dans la peau du mystérieux soldat Desmond Hart, seul survivant d’une attaque ciblée sur Dune, ou encore Sarah-Sofie Boussnina donnant corps à la Princesse Ynez, future recrue de la Sororité d’abord assujettie à un mariage royal imposé par son père dans ce premier épisode.

Si l’on aurait pu craindre que Dune Prophecy tente de copier l’empreinte Villeneuve sans parvenir à en capter l’essence, c’est avec une belle surprise que ce pilote nous confirme une direction assumée qui séduit globalement tout en faisant subsister quelques doutes sur son chemin tortueux. Incarnée par son atmosphère embuée et son contexte temporel qui raccroche les récits de Paul Atréides avec les prémisses de son histoire (il est question de la guerre de l’Humanité contre les machines et de leur migration à travers l’Espace), la série de Diane Ademu-John parvient à trouver sa place dans son modèle, apparaissant comme le début admirable d’une série politique volontairement tortueuse dans laquelle on risque à 100% de s’y perdre. En bien ou en mal, seul le temps nous le dira – car nous n’avons pas encore le pouvoir de prophétie.
Crédits : HBO / Max








































































































































